L’antisémitisme en point de mire
On peut voir actuellement au Conseil de l'Europe une exposition audiovisuelle retraçant l’action de
diplomates espagnols qui ont aidé des Juifs menacés par l’Allemagne nazie.
L’exposition ''Visas pour la liberté'', présentée du 21 janvier au 20 février,
illustre un aspect peu connu de l’histoire de la dernière guerre mondiale. Elle montre comment des fonctionnaires espagnols
ont procuré à des Juifs menacés d’extermination des certificats de naturalisation et des lettres de protection.
Sanz Briz, diplomate espagnol en poste à Budapest en 1944, a ainsi sauvé plus de 5 000 personnes à
qui il a permis d’échapper à la ''solution finale''.
Comme l’a expliqué un porte-parole du Conseil de l'Europe, ''l’Holocauste était un crime hors
de toutes proportions, qui a provoqué de nombreux examens de conscience et débats sur la responsabilité et la
culpabilité – tant individuelles que collectives.
''Il y a la culpabilité des individus, mais aussi le courage de ceux qui se dressent face aux criminels et
qui risquent leur vie pour aider les autres.
''Cette exposition raconte l’histoire de certains d’entre eux, diplomates espagnols sous le régime
de Franco, qui ont refusé d’obéir aux ordres, préférant se laisser guider par leur sens de la
dignité humaine, leur conception de ce qu’était pour eux le bien et – manifestement - le mal''.
Or cette exposition qui célèbre le courage individuel et les valeurs fondamentales manifestés
pendant la période la plus noire de l’histoire des Juifs d’Europe survient précisément au moment
d’une recrudescence de l’antisémitisme en Europe, déclenchée par la reprise des violences
au Proche-Orient.
Au Royaume-Uni, le quotidien the Guardian signale que les patrouilles de police ont été
renforcées dans les quartiers juifs suite à la plus forte période de manifestations antisémites
qu’ait connue la Grande-Bretagne au cours des dernières décennies.
Selon le numéro du 8 février, ''avec des incidents se produisant au rythme d’environ
sept par jour, les craintes pour la sécurité sont si fortes qu’il semblerait que des membres de la
communauté juive fuient le pays''.
Environ 270 départs ont été déclarés en 2009, selon des chiffres
rassemblés par le Community Security Trust (CST), organe d’observation des manifestations antisémites.
Le président Nicolas Sarkozy a également été amené à dénoncer
les actes de violence antisémites en France. En janvier 2009, neuf cocktails Molotov ont été lancés
contre la synagogue de Saint-Denis. Un lieu de culte de la communauté israélite à Schiltigheim, une banlieue
de Strasbourg, a également été attaqué avec des cocktails Molotov, étayant la crainte
évoquée par la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme d’une ''multiplication des actes
antisémites en France'' provoquée par le conflit de Gaza.
Des groupes juifs font état de la montée de l’antisémitisme au Danemark et en
Grèce et dénoncent deux attaques incendiaires contre un centre juif à Helsingborg, en Suède. En
Italie, il y a même eu des appels à boycotter les magasins romains tenus par des Juifs.
A l’approche du 70e anniversaire du déclenchement de la seconde guerre mondiale, la campagne
du Conseil de l'Europe contre la discrimination se propose de dénoncer l’antisémitisme.
''Il serait totalement faux de penser que le monde n’a pas évolué depuis 1933'',
déclarait le Secrétaire Général Terry Davis en novembre 2008. ''Il n’y aura pas de
nouvelle '' nuit de cristal'' ni de nouvel holocauste. Non pas parce que la « nuit de cristal » et l’Holocauste
ne pourraient pas se reproduire, mais parce que nous ne pouvons pas et ne devons pas les laisser se reproduire, et que nous y veillerons.
''Il est extrêmement important de se souvenir de ce qui s’est passé, mais il faut aussi
garder à l’esprit l’idée que la terreur ne survient jamais d’un seul coup.
''Derrière la terreur de la ''nuit de cristal'', les brutalités et les violences des soldats
dans les rues, il y avait une terreur encore plus grande qui paralysait la population, empêchait les voisins de réagir,
les amis de ressentir et encore moins d’exprimer la moindre sympathie. Une terreur qui condamnait les Juifs à la solitude.
On a commencé par les isoler. Puis il y a eu les mesures de discrimination – et en dernier lieu la violence''.
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