Les formes de racisme et la discrimination raciale
Le fait que la « race » soit un mythe ne signifie pas que le racisme et la « racialisation » des personnes et des communautés ne sont pas des réalités. Des manifestations de racisme sont présentes dans toutes les sociétés et tous les peuples.
Dans nos sociétés européennes contemporaines, certaines formes de racisme sont plus présentes ou plus spécifiques. Au cours de la dernière décennie, les défenseurs des droits humains et les organisations internationales ont déployé des efforts considérables pour s’assurer d’une définition appropriée de ces formes afin de déterminer les politiques et actions les plus adaptées aux niveaux local, national et international dans l’objectif de garantir l’égalité.
L’antitsiganisme (ou racisme anti-Roms)
L’antitsiganisme est une forme spécifique de racisme envers les Roms et les Sinti, et tous ceux qui sont perçus comme appartenant à ce groupe minoritaire, qui constituent aussi la plus grande minorité ethnique d’Europe. Il s’agit de l’une des formes de racisme les plus répandues en Europe aujourd’hui. Le mot « gitan » est utilisé de manière péjorative par des personnes qui ne sont pas elles-mêmes « gitanes », tandis que les personnes qui sont étiquetées comme telles s’identifient en tant que Roms, Sinti, Kalé, ou encore Travellers ; et quelques-uns, dans certains pays, s’identifient comme Tsiganes.
Le terme « antitsiganisme » est utilisé pour qualifier une forme de racisme coutumier qui se caractérise par l’expression de partis pris, de préjugés et de stéréotypes qui motivent le comportement quotidien de nombreux membres des groupes majoritaires à l’égard des communautés de Roms et de Gens du voyage. L’holocauste des Roms et des Sinti pendant la seconde guerre mondiale par l’Allemagne nazie et ses alliés est la manifestation la plus horrible de cette forme particulière de racisme. La négation de ce génocide dans les sociétés d’aujourd’hui est une persistance de cette violation flagrante des droits fondamentaux.
Pour approfondir la question de l’antitsiganisme, nous vous invitons à consulter les références suivantes :
La combinaison du pouvoir, des préjugés, de la xénophobie et de l’intolérance à l’égard des juifs est connue sous le nom d’antisémitisme. L’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA)définit l’antisémitisme en ces termes : « L’antisémitisme est une certaine perception des juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte. » La plus horrible manifestation de l’antisémitisme a vu le jour avec la montée d’Hitler au pouvoir et l’idéologie nazie de pureté raciale. Six millions de juifs sont morts dans des camps de concentration pendant l’Holocauste ou la Shoah. L’antisémitisme reste très répandu en Europe, même si ces actes sont parfois difficiles à identifier ou si la réalité peut être difficile à admettre. Ces dernières années, des cimetières juifs ont été profanés ; les juifs sont régulièrement la cible de discours de haine et parfois de violences physiques. Dans les sociétés européennes traditionnelles, les études mettent en évidence des niveaux élevés d’antisémitisme en continu, accompagnés de hausses sporadiques.
Pour plus d’informations sur l’antisémitisme, veuillez consulter :
La discrimination envers les musulmans (ou islamophobie)
L’islamophobie, également appelée discrimination à l’égard des musulmans, est une forme de racisme et de discrimination particulièrement répandue dans beaucoup de sociétés européennes. Outre un impact significatif sur les musulmans, elle a des conséquences négatives sur l’ensemble de la société. Le Réseau européen contre le racisme (ENAR) définit l’islamophobie en ces termes :
"L’islamophobie est une forme spécifique de racisme qui se manifeste par des actes de violence et de discrimination et par des discours racistes qui trouvent leur origine dans des injustices et des stéréotypes historiques, et qui se traduisent par l’exclusion et la déshumanisation des musulmans et de tous ceux perçus comme musulmans. L’islamophobie peut aussi être le résultat d’une discrimination structurelle. C’est une forme de racisme en ce qu’elle est le résultat de la construction sociale d’un groupe en tant que race, auquel sont associés des spécificités et des stéréotypes, l’appartenance religieuse réelle ou perçue étant dans ce cas utilisée comme un « substitut » de la race. Par conséquent, même les personnes qui choisissent de ne pas pratiquer l’islam, mais qui sont perçues comme musulmanes – en raison de leur appartenance ethnique, de leur parcours migratoire ou du port d’autres symboles religieux – sont victimes de discrimination."1
L’islamophobie n’a rien à voir avec la critique (ou encore la peur) de l’islam. L’islam, en tant que religion et idéologie, est sujet à la critique comme toute autre religion ou idéologie.
Les questions transversales : discrimination fondée sur l’âge, discrimination fondée sur le handicap, sexisme, homophobie et transphobie…
L’ « intolérance » que le Kit pédagogique cherche à combattre, et qui était au cœur de la campagne « Tous différents - Tous égaux », englobe d’autres formes de discrimination telles celles fondées sur l’âge, sur le sexe, sur le handicap, sur l’orientation sexuelle et sur l’identité de genre. Ces questions transversales ne sont pas spécifiquement abordées dans ce manuel, mais les concepts clés et la logique des activités leur sont parfaitement applicables. Les activités peuvent également être aisément adaptées à ces problématiques, notamment lors de la phase de débriefing. Combattre le racisme en Europe complète la réflexion sur certaines de ces questions et ajoute l’intersectionnalité en tant qu’approche à prendre en compte, car aucune identité ou réalité personnelle ne saurait se réduire à une unique dimension. Vous trouverez des informations et des ressources supplémentaires dans Repères, le manuel pour la pratique de l’éducation aux droits de l’homme avec les jeunes.