Retour Maisons de répit

Les maisons de crise ou de répit proposent généralement une solution d’hébergement de petite taille aux personnes en crise, en ciblant parfois certains groupes spécifiques, notamment les femmes, les groupes ethniques minoritaires et les sans-abri (see Gooding et al., 2018, pp.67-77). Ces solutions de substitution à l’hospitalisation peuvent employer en majorité ou en totalité du personnel qui a eu recours aux services ou a été confronté à des mesures psychiatriques involontaires, ou bien des professionnels en santé mentale habituels (psychiatres, psychologues, travailleurs sociaux, etc.) ou bien les deux. Un seul exemple de « maison de répit » a été communiqué aux fins de ce recueil.


Chambres de crise à Bochum - Bochum, Allemagne

Les chambres de crise de Bochum proposent une assistance aux personnes qui traversent « des crises psychosociales et des troubles mentaux et psychiatriques aigus » (contribution n° 27). En 2001, la Landesverbandes Psychiatrie-Erfahrener (LPE NRW), une organisation cadre régionale regroupant des personnes ayant une expérience des services de santé mentale, a créé un point de contact pour les personnes en crise. En 2013, des « chambres de crise » y ont été aménagées, et ont ensuite accepté l’accueil de nuit. Un hébergement de nuit improvisé a toujours été possible dans les chambres du centre d’accueil — une solution qui semble rare au sein des organisations de personnes qui défendent leurs propres droits et des services de santé mentale formels (contribution n° 27). Le centre d’accueil et les chambres de crise de Bochum sont situés dans trois appartements répartis à plusieurs étages d’un immeuble élevé : le plus grand appartement du deuxième étage contient une chambre de crise pour une personne en plus du centre d’accueil ; le deuxième appartement offre des capacités d’hébergement de crise supplémentaires et le troisième est réservé aux tâches administratives et aux groupes. 

Les personnes qui traversent des crises aiguës peuvent opter pour ces solutions d’hébergement pendant une durée de trois mois au maximum et recevoir le soutien de professionnels de la santé mentale, notamment des psychiatres (contribution n° 27). Tout soutien en cas de crise est individualisé et adapté à l’intéressé ; il n’y a pas de plan précis. En principe, toutes les personnes qui sont accueillies ou hébergées dans le centre d’accueil participent aux travaux de Bochum sur l’accueil de crise. Le personnel change de rôle automatiquement et il existe plusieurs types de rémunération et de travail bénévole. Les chambres de crise ont été financées par diverses compagnies d’assurance-santé entre 2013 et 2017 et, depuis la mi-2017, la Fondation de prévoyance de Rhénanie du Nord - Westphalie a pris le relais du financement.


Soteria House – International

Le modèle Soteria est un type de maison de répit, parfois décrit comme une « résidence thérapeutique communautaire » dont l’un des objectifs est de prévenir l’hospitalisation (contribution n° 27). Les installations Soteria sont généralement des établissements résidentiels de petite taille permettant de répondre aux besoins des personnes atteintes de psychoses et sont, selon les sources, présentes en Suisse, en Allemagne, en Suède, à Budapest et au Danemark (Calton et al., 2008). La démarche est celle d’un environnement de traitement résidentiel communautaire à dimension humaine, fortement axé sur le recours aux pairs et aux professionnels paramédicaux plutôt qu’au personnel médical. Selon les sources, les maisons Soteria sont axées sur le pouvoir de décider, le soutien par les pairs, le lien social et la responsabilité mutuelle (contribution n° 27). Elles préconisent généralement une administration minime de médicaments psychotropes en respectant le choix personnel de chaque résident. Aux États-Unis, le Département de la santé mentale du Vermont a déclaré « qu’une analyse plus approfondie pourrait être nécessaire pour évaluer de quelle manière le soutien et la mise en œuvre du modèle Soteria dans le Vermont pourrait limiter à l’avenir le recours à la médication involontaire des personnes en crise psychiatrique » (Vermont Department of Mental Health Services, 2017, p.5).


Weglaufhaus, « Villa Stöckle »– Berlin, Allemagne 

L’association « Weglaufhaus » est une maison de répit à but non lucratif pour les personnes sans abri en crise. Elle est ouverte à Berlin (Allemagne) depuis 1989 (contribution n° 21). La moitié des membres du personnel sont des individus qui ont eux-mêmes eu recours à des services psychiatriques ou ont été exposés à des mesures psychiatriques involontaires. La Weglaufhaus a pour fonction principale d’apporter un soutien, une sécurité et un abri aux personnes qui ont besoin d'une assistance psychosociale, en les aidant à construire de solides fondations pour un avenir qu’elles ont elles-mêmes choisi (contribution n° 21). Les résidents doivent être âgés de 18 ans au minimum, être sans abri, avoir besoin d’une assistance 24 h/24 et 7 j/7 et être en droit de percevoir une aide sociale de l'État allemand.
L’association Weglaufhaus fait partie du Réseau mondial des usagers et survivants de la psychiatrie. Les résidents cherchent généralement à éviter une hospitalisation involontaire ou, plus largement, à trouver une solution de remplacement qui n’utilise pas la coercition. Selon la contribution n° 21, cette maison de répit présente diverses caractéristiques :

  • Aucun diagnostic n’est posé. Il n'y a pas de coercition. Les psychiatres ne sont pas autorisés à entrer dans la maison.
  • Les médicaments psychotropes peuvent être interrompus, mais ce n’est pas obligatoire. 
  • Le travail effectué par l'équipe est aussi transparent que possible pour les résidents. Les résidents peuvent consulter leur dossier. Ils peuvent également assister aux réunions du personnel.
  • Le travail est fondé sur une « démarche antipsychiatrique », est orienté vers les résidents.
  • Il met l’accent sur le soutien apporté à l’autodétermination des résidents.
  • Un étage est réservé aux personnes transsexuelles, non binaires et intersexes.
  • Mission sociale « traditionnelle » consistant notamment à aider les personnes à récupérer leurs droits à l'aide sociale, l'assurance maladie et à bénéficier d’un statut juridique et de consultations.

Une fois par semaine, la maison ouvre ses portes aux anciens résidents et l’association organise une réunion mensuelle. Le site Weglaufhaus contient des références bibliographiques en allemand.

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