L'enseignement de questions controversées soulève des défis tant pour les enseignants que pour les directeurs d'école.


Cependant, être capable de discuter de questions délicates et controversées d'une manière respectueuse est une compétence vitale dans une culture démocratique.

Les écoles doivent être des lieux où les élèves se sentent en sécurité pour participer à des débats avec des gens qui ont des opinions différentes. Grâce à une gestion attentive des discussions sur des questions controversées, les écoles peuvent promouvoir la liberté d'expression, ainsi que l'inclusion, la tolérance et les droits de l'homme, et prévenir ou contrer l'utilisation de discours haineux par les élèves.

Pour y parvenir, un plan d'action scolaire sur la gestion des questions controversées - qui prévoit la formation du personnel - devrait être adopté en priorité.


Faits & chiffres

71 % des enseignants et des chefs d’établissement interrogés ont reconnu qu’il était très important que tous les élèves scolarisés dans leur établissement puissent exprimer leurs opinions librement, même celles qui risquent de susciter des controverses.[1]

En réponse à la question « Quel intérêt présente l’enseignement de la Shoah pour les élèves du primaire ? », 88% des enseignants ont jugé cet enseignement soit « utile » soit « très utile » pour les élèves du primaire, bien qu’ils n’aient été en réalité que 48 % à l’avoir enseigné.[2]


Qu’entend-on par question controversée ?

Une question controversée est une question qui suscite des sentiments intenses et qui divise l’opinion dans les communautés.

Ces questions peuvent se poser en tout lieu et à tout moment. Il peut s’agir de questions dont les enjeux sont locaux ou mondiaux, de la construction de minarets au changement climatique. Elles ne posent en outre pas avec la même acuité partout : ainsi la question du mariage homosexuel peut être relativement consensuelle dans certains pays et susciter une vive controverse dans d’autres. Certaines existent de longue date, à l’instar des « Troubles » en Irlande du Nord, du conflit israélo-palestinien et de la « question kurde » en Turquie, tandis que d’autres sont plus récentes, comme la question des réfugiés, de l’extrémisme violent et des personnes transgenres.

Les questions controversées ont ceci de commun qu’elles sont complexes, qu’il ne suffit pas de s’appuyer sur des faits pour y répondre et qu’elles suscitent de vives réactions, si bien qu’il est parfois difficile d’en débattre de manière rationnelle.


Traiter les questions controversées a l’école : pourquoi est-ce important ?

Les écoles pourraient être tentées de chercher à éviter d’aborder les questions de ce genre. Or cela n’est ni bénéfique ni possible.

Le fait d’échanger sur des sujets controversés aide les élèves aux origines et aux modes de vie différents à apprendre à vivre et à travailler ensemble dans la sérénité et le respect. Cela les encourage à s’écouter mutuellement et à parler de leurs différences avec tact et les incite également à porter un regard critique sur leurs propres convictions et valeurs en leur apportant la confiance et les aptitudes nécessaires pour les exprimer publiquement.

Aborder ensemble des sujets difficiles permet d’acquérir un certain nombre de compétences démocratiques essentielles, comme l’ouverture à d’autres cultures et croyances, des capacités d’analyse et de réflexion critique, de la souplesse et de l’adaptabilité, et une largeur d’esprit – compétences qui sont toutes au cœur du Cadre de référence des compétences pour une culture de la démocratie du Conseil de l’Europe.

Correctement menée, la discussion sur ces sujets permet de faire tomber les barrières et de désamorcer les tensions sociales entre des groupes antagonistes, aussi bien à l’école qu’au sein de la société au sens large.

L’étude des questions controversées présente des avantages sur le plan aussi bien pédagogique que personnel et social. Ces questions permettent d’identifier certains des grands clivages sociaux, politiques, économiques et moraux de notre époque et servent de base à l’apprentissage scolaire dans de nombreuses matières.

En réalité, ces questions ne peuvent tout simplement pas être évitées. Et c’est là le meilleur argument qui soit pour les traiter de manière explicite. Si ce ne sont pas les enseignants qui soulèvent ces questions, ce sont leurs élèves qui le feront.

 

Une formation à l’enseignement des questions controversées m’a donné le courage de débattre ouvertement avec mes élèves de sujets que je ne pensais pas pouvoir aborder un jour, comme les abus sexuels et l’industrie de la pornographie”  Enseignant, Islande


Quelles sont les difficultés qui se posent ?

La plus grande difficulté est de créer une culture scolaire où les élèves se sentent véritablement libres de parler de leurs préoccupations sans craindre d’être stigmatisés ou de se ridiculiser.

Pour ce faire, une approche globale de l’école est nécessaire. À ce titre, il importe notamment :

  • que les enseignants fassent preuve de l’assurance et des compétences nécessaires pour conduire la discussion sur des sujets délicats en classe, par exemple, qu’ils sachent surmonter leurs propres préjugés et partis pris, protéger les élèves vulnérables et les groupes marginalisés, présenter les sujets de manière impartiale, pallier leur manque de connaissances spécialisées et réagir de manière constructive aux questions spontanées ou inattendues ;
  • que les chefs d’établissement encouragent leur personnel à aborder les questions controversées et suivent une approche cohérente au sein de l’école, par exemple en montrant la voie à suivre, en offrant des possibilités de développement professionnel, d’enseignement en équipe, en fournissant conseils et soutien et en assurant la gestion des risques ;
  • que les parents et les communautés locales aient l’assurance que l’école est de leur côté, par exemple en étant sûrs que l’école ne déformera pas ou n’essaiera pas de porter atteinte à leurs opinions ou à leur culture.

Que peuvent faire les écoles ?

Un bon début pour les écoles est :

  • de recenser les sujets controversés qui figurent déjà dans le programme scolaire et discuter du traitement actuel qui en est fait, par exemple, en sciences, l’évolution, le changement climatique ou l’expérimentation animale ;
  • d’étudier de nouvelles possibilités d’introduire des sujets controversés dans d’autres matières scolaires et de réfléchir à la manière de les intégrer à l’enseignement, par exemple, en mathématiques, l’utilisation et l’abus de statistiques sociales;
  • d’établir des règles de base pour la discussion en classe qui garantissent à chacun la possibilité de donner son avis et favorisent le respect de ceux qui souhaitent s’exprimer ;
  • de créer un petit groupe de soutien pour aider les enseignants à mettre au point des techniques de gestion des discussions portant sur des sujets délicats, par exemple, comment « dépersonnaliser » une question en recourant à un récit ou à un parallèle historique ou aider les élèves à envisager la question sous un autre angle en se mettant à la place des autres ;
  • d’assurer la liaison avec les élèves et les parents pour veiller à ce que les thèmes particuliers soient traités de manière équitable et avec des méthodes appropriées ;
  • de prévoir davantage de possibilités de discussion dans le cadre scolaire et la prise de décision en général, par ex, réunions de parents, réunions du personnel et assemblées des élèves.
     

[1] ‘« S’exprimer en toute liberté – Apprendre en toute sécurité » Des écoles démocratiques pour tous, Enquête, Premières tendances, 2018

[2] Cowan & Maitles, ‘Feature or Footnote? Teachers’ attitudes towards the teaching of the Holocaust in primary schools in Scotland’.

Ressources pour « Traiter des questions controversées »

Multimédia

Textes officiels

Documents politiques

Projets des écoles sur ce thème

Retour Eknes ungdomsskole

Address: Gamle Riksveg 246, 3055 Krokstadelva

Country: Norway

 School website


Project: See and be seen

Working language during the project:

  • Norwegian

Themes of the Council of Europe campaign “FREE to SPEAK, SAFE to LEARN - Democratic Schools for All” covered:

  • Making children’s and students’ voices heard
  • Addressing controversial issues
  • Preventing violence and bullying
  • Tackling discrimination
  • Improving well-being at school
     

Competences from the Reference Framework of Competences for Democratic Culture (CDC) addressed and where / how they were integrated:

  • Respect
  • Responsibility
  • Analytical and critical thinking skills
  • Knowledge and critical understanding of language and communication
     

Target group age range:

  • 11 - 15

Level of education:

  • Lower secondary education

Short description of the project:

Eknes lower secondary school has for a long time been working systematically to strengthen the focus on democratic awareness and prevent hate-speech bullying and social exclusion. In order to do this, Eknes has paid attention to enhancing the relations between the students. Our slogan is “See and be seen” (C&Z).

2014, the school participated in the project “Democratic preparedness against racism and antisemitism (Dembra)”. The aim of this programme is to strengthen efforts to promote critical thinking and participation, adjusted to each participating school’s previous experiences. As the programme says, the preventive work is all about relations between the adults and the pupils and how the school systematically focuses on creating a healthy school environment.

With this in mind, the school took part in the national programme “Kompetanse for mangfold (Competence for diversity)” with the focus on enhancing relations with minority students and on being aware of eventual prejudices. Like the Dembra- project, the aim is to enhance the relations between the students, and between students and teachers.

The school is also taking part in the programme “MOT (show courage)” which is a programme that educates students to become good role models for their fellow students. The principals of this programme are to be ahead of problems, to enhance the positive aspects in a person, to see the whole human being and assigning responsibility to students who can be good role models for fellow students. The students learn how to respect each other, how to include others and how to dare to be themselves.

Recently, the school participated in the education programme for learning democracy at Utøya (the island of the 22 of July- terrorism) by The European Wergeland Centre. The student council leader (10th grade) and two students from 9th grade represented the school. As part of the programme, the students learned activities they could take back to school and teach to the other students as well as the teachers to enhance democracy.

On the 24th and the 25th of October this year, the school celebrated United Nations. Our focus this year was on all of our programmes : how to strengthen students’ democratic thinking, values and skills to prevent hate speech, discrimination and exclusion. The celebrations brought the whole school together. We were blessed to be contacted by one of the mothers who lost her 14year old daughter in the terrorist attack at Utøya. Her speech for the students was a powerful reminder and message of why addressing hate crimes and teaching on controversial issues is so important.

After the powerful launch, the grades were mixed together and divided into six different groups. Each group had to visit six different stations where they took part in activities learned at Utøya (two stations) and activities learned from Dembra – (two stations), a dance station, and a station for making a news wall promoting democracy.

As a finale, the whole school joined for the school song (the Eknes song) and then the BlimE (come join us) dance. This dance is produced by the Norwegian Broadcasting Company and its goal is to promote friendship and caring for each other. This campaign is a well-known and popular initiative at all schools in Norway.

Aims/objectives

Our aim is to enhance responsibility, tolerance and cooperation between students and between adults and students. Our focus is to see the whole human; both in a school matter, methodically and socially.

Expected results/outcomes

expect students to take responsibility for themselves, for their fellow students and for the work environment. We expect students to recognise social exclusion and address it, including hate speech in the society. We expect tolerance and students that include each other.

Changes

We will make some changes to where some of the activities took place. Some of the rooms that were used at the United Nation days were not equipped and big enough for the activities.

We will also substitute one of the activities with another one. We found that many of the students did not understand what their task was, and therefore it was hard for them to make a statement. They did not understand the meaning of the words of their task.

Challenges you faced

How to get the whole student group to see why this is relevant and important, and how to get the students to see the relation between the different exercises.

Time-frame of the project:

This is an ongoing project that is rooted in the school philosophy. We expect it to be integrated in the different courses.

Council of Europe materials on citizenship and human rights education used while preparing or implementing your practice:

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