Les brimades, la cyber intimidation et la violence à l'école sont des violations des droits de l'homme, qui portent atteinte aux droits des enfants et des jeunes à vivre une vie sans violence.


Les écoles peuvent et doivent jouer un rôle clé dans la lutte contre ces abus.

Il est nécessaire de mettre en place des programmes de lutte contre les brimades dans l'ensemble de l'école, qui encouragent les systèmes de soutien par les pairs et impliquent des enseignants et des parents actifs et bien formés, afin de favoriser un environnement d'apprentissage sûr dans lequel la violence n'est pas autorisée

 


Faits et chiffres

La moitié des élèves âgés de 13 à 15 ans dans le monde rapportent avoir été victimes d’actes de violence à l’école et aux abords de l’école [1].

Près d’un élève sur trois dans cette même tranche d’âge déclare avoir été victime de harcèlement ou avoir été mêlé à des bagarres.[2]

Plus de 700 millions d’enfants ne disposent d’aucune protection juridique contre les châtiments corporels à l’école.[3]


Qu’entend-on par violence et harcèlement ?

La violence désigne le recours ou la menace de recours à la force physique ou au pouvoir, entraînant un préjudice physique ou psychologique pour autrui.

Le harcèlement est une forme de violence. Il peut être défini comme un comportement non désiré et agressif qui découle d’un rapport de force déséquilibré, réel ou perçu comme tel. Il s’agit d’un comportement qui se répète ou qui risque de se répéter au fil du temps.

Le harcèlement peut prendre différentes formes à l’école, parmi lesquelles :

  • Le harcèlement physique : coups, coups de pied, gifles, bousculade, tirage de cheveux, etc.
  • Le harcèlement verbal : insultes, moqueries, utilisation d’expressions humiliantes, etc.
  • Le harcèlement relationnel : rejet, propagation de rumeurs, manipulation sociale, etc.
  • Le harcèlement sexuel : insultes à caractère sexuel, attouchements non sollicités, propositions de nature sexuelle, etc.

Le cyberharcèlement est une forme particulière de harcèlement. Il se distingue des autres types de harcèlement en raison du risque constant d’exposition publique, des rôles complexes que jouent les observateurs et de la taille du public que touchent les technologies numériques[4].

Le harcèlement n’est cependant pas la seule forme de violence entre élèves à l’école. Les bagarres entre élèves et la violence associée à la culture des gangs et aux armes, notamment les couteaux, sont des phénomènes de plus en plus courants dans certains pays.


Pourquoi est-ce important de lutter contre la violence et le harcèlement à l’école ?

En vertu de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, les écoles ont l’obligation formelle de protéger les enfants contre toute forme de violence, qu’elle soit physique ou psychologique.

« Les États parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l'enfant contre toute forme de violence, d'atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d'abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d'exploitation, y compris la violence sexuelle, pendant qu'il est sous la garde de ses parents ou de l'un d'eux, de son ou ses représentants légaux ou de toute autre personne à qui il est confié[5] »

L’incapacité à protéger les enfants à l’école peut avoir des effets délétères sur leur vie future, tant sur le plan éducatif que social, qu’ils soient victimes, auteurs ou spectateurs.

Les élèves victimes de harcèlement sont plus susceptibles de souffrir de dépression et d’anxiété, d’avoir des problèmes de santé, de voir leurs résultats scolaires chuter et de présenter des problèmes de comportement à l’école, notamment un taux de décrochage plus élevé. Un petit nombre d’entre eux peut également riposter de manière violente. Les élèves harceleurs sont plus enclins à présenter des problèmes comportementaux à l’école et à développer une dépendance à l’alcool et aux drogues, et, à l’âge adulte, à se livrer à des activités criminelles et à vivre dans une relation violente. Les enfants qui sont témoins de harcèlement et de violence ont eux aussi davantage tendance à être sujets à des problèmes psychologiques et à être en situation d’absentéisme ou de décrochage scolaire.

Si la violence et le harcèlement ont une incidence sur l’apprentissage scolaire, ils ont également des répercussions négatives sur le développement social des jeunes. Les jeunes qui sont victimes de violence et de harcèlement sont notamment plus susceptibles d’avoir des difficultés à acquérir des compétences démocratiques élémentaires, comme l’empathie, le respect des autres, l’ouverture à d’autres cultures et croyances, la largeur d’esprit et le sens de sa propre utilité, compétences qui sont toutes au cœur du Cadre de référence des compétences pour une culture de la démocratie du Conseil de l’Europe.

La violence et le harcèlement n’ont pas seulement des effets sur les élèves directement concernés, mais peuvent toucher tous les élèves d’une école. Si rien n’est fait, les incidents de violence et de harcèlement créent un climat d’anxiété et d’insécurité incompatible avec l’apprentissage. En outre, ces phénomènes entraînent ou exacerbent des conflits en dehors de l’école, qui ont à leur tour des répercussions sur les relations au sein de l’école.


Quelles sont les difficultés qui se posent ?

La violence et le harcèlement sont des phénomènes qu’il peut être difficile de gérer à l’école. Les comportements vécus comme du harcèlement ou de la violence par l’élève concerné sont parfois considérés comme relevant de sa perception subjective. Il peut être difficile de définir une approche commune pour éradiquer un phénomène qui pour une proportion importante du personnel de l’école n’existe pas ou n’a pas d’importance.

La culture dominante dans une école peut parfois nuire aux efforts de lutte contre les différentes formes de violence. Ainsi, les écoles qui imposent le respect des règles par la peur, recourent de manière excessive aux sanctions et donnent la priorité aux environnements d’apprentissage qui cultivent l’esprit de compétition ne favorisent en rien la prévention de la violence et du harcèlement. Il en va de même pour celles qui prônent une idéologie cautionnant la violence comme réponse à des situations de peur, de stress ou de frustration – comme en témoigne le conseil souvent donné aux victimes de harcèlement de riposter et de rendre la monnaie de leur pièce à leur agresseur.

Dans ce contexte, on en arrive facilement à penser que pour résoudre le problème de la violence et du harcèlement, il suffit de mettre fin aux bagarres, de sanctionner et de faire régner l’ordre plutôt que de remettre en question la culture de l’école au sens large, l’exemple qu’elle donne et les types de comportement qu’elle approuve.

Parmi les enseignants, beaucoup méconnaissent les mécanismes démocratiques visant à lutter contre la violence et le harcèlement, tels que :

  • la justice réparatrice
  • le règlement des conflits
  • la médiation par les pairs

Ces solutions sont sans conteste plus efficaces que les approches punitives et ont aussi l’avantage de promouvoir plus largement les valeurs et les attitudes démocratiques au sein d’un établissement.

Il faut cependant du temps pour maîtriser ces approches qui nécessitent l’acquisition de types spécifiques de compétences, de connaissances et d’attitudes. Il faut également du temps pour les mettre en pratique. Il peut être difficile pour un enseignant de trouver le temps et la motivation d’opposer une réponse démocratique et constructive à la violence et au harcèlement. Il est plus facile de simplement punir l’auteur présumé et plus facile encore de s’en remettre à la hiérarchie de l’école pour que la sanction vienne de plus haut.

Un autre problème qui se pose depuis quelques années est celui de l’essor de la culture des gangs et des armes chez les jeunes, notamment des couteaux, à l’école comme en dehors. Ce phénomène a conduit à une augmentation du nombre d’actes de violence graves entre élèves et à une intervention policière plus régulière dans les affaires de l’école, obligeant les enseignants et les chefs d’établissement à développer de nouvelles compétences professionnelles et de nouvelles méthodes de travail.


Que peuvent faire les écoles ?

Agir contre la violence et le harcèlement ne consiste pas seulement à trouver des réponses plus adaptées aux incidents après qu’ils se sont produits – bien que cela soit important – mais aussi à créer un climat scolaire qui soit d’emblée moins propice à la survenue d’incidents violents.

Un bon point de départ consiste à demander aux élèves de faire le bilan de la situation actuelle dans leur école pour savoir :

  • où ils se sentent en situation de vulnérabilité ou en danger
  • où ils se sentent en sécurité
  • les formes de violence dont ils ont été témoins ou victimes
  • ce qu’ils considèrent être la cause de ces formes de violence
  • dans quelle mesure ils estiment que l’action de l’école face à la violence est efficace
  • les autres mesures qu’ils souhaiteraient que l’école prenne.

La réalisation d’un sondage auprès des élèves permet de s’appuyer sur des données factuelles et ainsi prendre des mesures ciblées pour prévenir la violence, par exemple, en renforçant la surveillance dans les zones de l’école où les élèves ont peur d’aller, en offrant plus de possibilités de jeux créatifs pendant les récréations, etc.

Le sondage peut également être le point de départ d’une discussion sur la violence et le harcèlement associant l’ensemble de l’école. Cette discussion est importante pour permettre de définir une politique générale à l’échelle de l’école qui convienne à tous. Elle est l’occasion d’adopter une conception commune de ce que sont la violence et le harcèlement à l’école et un langage commun pour en parler ainsi que des règles collectives sur la manière de gérer ces phénomènes, concernant notamment le signalement et le suivi des incidents. C’est pourquoi il est essentiel que tous les acteurs scolaires aient voix au chapitre dans le processus d’élaboration de la stratégie à mener : chefs d’établissement, enseignants, élèves, parents et communauté locale.

La discussion devrait également permettre aux enseignants de se pencher sur les pratiques qui génèrent frustration et manque d’estime de soi chez les élèves, comme la survalorisation de la compétition, la fréquence excessive des évaluations et les attentes démesurées en matière de résultats scolaires. Il conviendrait plutôt de s’attacher à créer un climat scolaire qui soit propice à l’inclusion et à la coopération et qui valorise les différences individuelles et la diversité.

Outre entamer une réflexion sur les pratiques en vigueur, il importe que le personnel de l’école puisse acquérir de nouvelles compétences. Il est en effet essentiel que tout adulte impliqué dans la vie de l’école soit capable de reconnaître la violence sous toutes ses formes et d’y faire face de manière appropriée.

Les jeunes eux-mêmes étant souvent les acteurs les plus efficaces du changement, il importe qu’ils soient associés aux initiatives formelles de lutte contre la violence et le harcèlement, comme les dispositifs de médiation par les pairs. Ceux-ci sont d’autant plus efficaces s’ils sont pris au sérieux par le personnel et les élèves concernés, par exemple en mettant en place des procédures formelles de recrutement des élèves médiateurs et des possibilités de formation de haut niveau dispensée par un professionnel.

Les initiatives de ce type peuvent être mises en œuvre en classe en ménageant du temps dans le programme pour évoquer avec les élèves les problèmes de la violence et du harcèlement. Des discussions portant sur la psychologie du harcèlement, les effets de la pression du groupe et l’influence des réseaux sociaux sur le comportement des jeunes devraient à ce titre être organisées.

 

[1] Rapport de l’UNICEF, septembre 2018

[2] Ibid.

[3] Ibid.

[4] De Morais & Fernandes, 2017. ‘When bullying crossleakes the screen’. In J. Richardson, E. Milovidov & R. Blamire (Eds.), Bullying: Perspectives, Practices and Insights (pp. 11-16). Strasbourg, France: Conseil de l’Europe.

[5] Convention relative aux droits de l’enfant, article 19

Ressources pour prévenir la violence et le harcèlement

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Projets des écoles sur ce thème

Retour Agrupamento de Escolas de Caneças

Address: Rua da Guiné - Bairro dos CTT, 1675-468 Caneças

Country: Portugal

 School website


Project: Digital Citizenship Education for Democratic Participation

Working language during the project:

  • Portuguese
     

Themes of the Council of Europe campaign “FREE to SPEAK, SAFE to LEARN - Democratic Schools for All” covered:

  • Making children’s and students’ voices heard
  • Addressing controversial issues
  • Preventing violence and bullying
  • Dealing with propaganda, misinformation and fake news
  • Tackling discrimination
  • Improving well-being at school

     

Competences from the Reference Framework of Competences for Democratic Culture (CDC) addressed and where / how they were integrated:

  • Linguistic, communicative and plurilingual skills and Knowledge and critical understanding of language and communication
    Through the production of a school newspaper (printed since 2016, and online in 2020), and the production of TV news services (since 2018)
  • Knowledge and critical understanding of the world: politics, law, human rights, culture, cultures, religions, history, media, economies, environment, sustainability
    Apart from communication, the project is now focused on problem-based learning through STEAM activities (focused on preschool children). Developed activities aimed building multiple literacies, citizenship, analytical and critical thinking, resilience and creative thinking.
  • Co-operation skills
    Activities (planned by teachers and researchers, having in mind the children interests) involve school staff, parents, other relatives and members/entities from the local community.
     

Target group age range:

  • 5 - 11 
     

Level of education:

  • Primary education & Preschool education

Short description of the project:

The project Digital Citizenship Education for Democratic Participation (‘Educação para a Cidadania Digital e Participação Democrática’) began in 2015, and currently involves around 200 kindergarten and primary school children, their families, teachers and other members of the Caneças educational community, a neighbourhood in Odivelas, Lisbon. The project’s methodology is action research, its objective is to understand how a coordinated action by a school, families and the community contributes to enabling 3- to 9-year old children to become active digital citizens.

From 2015 to 2018, at the field level, the project was organised in five phases:

  1. Production and validation of data collection instruments (2015);
  2. In-service teacher training course in Digital Citizenship Education (Jan-Feb 2016);
  3. Longitudinal study with teachers who volunteered after the training course (Mar 2016-Feb 2018);
  4. Data collection from parents, children and out-of-school entities (Apr-Jun 2016);
  5. Share results with participants and involve them on a digital citizenship education intervention plan (Sep 2016-Feb 2018).

Between January and February 2016, the researchers conducted a training course for the teachers on using media to organise and implement social participation activities, involving pupils, families and the community.Afterwards, eight teachers in a school in Caneças, attended by about 200 kindergarten and primary school pupils, accepted to be part of a community intervention project. Researchers characterize this context so as to define an intervention strategy.

In September 2016, at a meeting between lecturers and researchers, it was decided to create a printed school newspaper with four main goals in mind: i) reinforce the link between the school, the families and the community; ii) ensure that children have the opportunity to express their opinion through the media; iii) reinforce their critical sense in relation to the media and to social issues; iv) foster democracy at school and in the community.

Aware of the contradiction of having a project on Education for Media Citizenship based on traditional printed media, the project team nevertheless decided to implement the project, as this was the only way to overcome the limitations of its context. The first step was to select the name and logo for the newspaper by means of a contest, open to all pupils. The name most voted was ‘O Cusco’ (The Busybody). The first edition was published in December 2016, and the next (8th) edition will be published in December 2020.

It had two main outcomes. On the one hand, it increased children’s participation and social intervention, thus contributing to the development of their citizenship skills. On the other, it became a sustainable project, taken on by the school, which has continued to develop digital citizenship skills, by continuing to publish the school newspaper, nowadays considered the newspaper of the school and educational community, where it is distributed for free.

Children’s social participation has increased in and outside the school, in collaboration with the teachers, the families and the community. According to the teachers’ perceptions, interaction in formal, non-formal and informal contexts has contributed to shaping the children’s practices as citizens. However, they participate mostly through traditional printed media, which has gradually changed to digital media, with the production of a video news broadcast.

This situation can be explained due to the lack of equipment and to teachers’ limited skills in digital media production. To overcome this problem, a new phase (Oct 2019 – Sept 2022), funded by Calouste Gulbenkian Foundation, is being implemented, aiming to develop STEAM activities, to implement the online newspaper edition and the production of TV News services. It involves the local government, the school grouping and a private university in Lisbon.
 

Aims/objectives

The project’s main objective was to understand how coordinated action by a school, families and the community, contributes to enabling 3 to 9-year-old children to become active digital citizens. It also aimed to contribute to identifying best practices in all contexts, to influence public policies, and to integrate digital citizenship education in the curricula. Finally, it was intended to be replicable in Portugal or abroad.

Objectives of the new phase (2019-2022) are focused on the development of competences related to communication and problem solving.
 

Expected results/outcomes

Empowering digital citizens at preschool and primary school levels and involving the local community, implementing a “whole school approach” strategy.
 

Changes

Children’s social participation has increased in and outside the school, in collaboration with the teachers, the families and the community. According to the teachers’ perceptions, interaction in formal, non-formal and informal contexts has contributed to shaping the children’s practices as citizens.
 

Challenges you faced

Therefore, although adults and children are active and frequent users of digital media, this does not mean that they are ready to produce (more complex forms of) media content. Even when producing material for traditional media, for the newspaper to become a reality, it was crucial that the intervention methodology was action research, with support given to the teachers by the researchers. This is evidence that these kinds of projects must include frequent and significant support provided to the schools or institutions they are being developed in.

The projects must also have the support of the Group’s School board (Agrupamento de Escolas), which was essential in this case. At least one teacher must coordinate the project in the school (in this case, it was the school coordinator) and, if possible, one media professional should be included, who can assist teachers and pupils in producing media content, as was the case in this project. Moreover, this project is not complete, as a second stage is necessary that will involve more researchers and media professionals who can train children to deconstruct and analyse media content, as well as produce content with consideration given to the adequacy of the techniques and ethical and deontological aspects.
 

Time-frame of the project:

2015-2022
 

Council of Europe materials on citizenship and human rights education used while preparing or implementing your practice:

  • Reference Framework of Competences for Democratic Culture
  • Compass
  • Compasito