« La pandémie de covid-19 a accéléré l’érosion du socle démocratique de nos sociétés, sur lequel repose en définitive la protection des droits de l'homme », a déclaré la Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatović, en présentant l’édition 2020 de son rapport d’activité annuel devant l’Assemblée parlementaire de l’Organisation.
Son rapport passe en revue toute une série de difficultés qui entravent actuellement la protection des droits de l'homme en Europe et il analyse l’érosion inquiétante de l’état de droit dans nombre d’États membres. La Commissaire souligne aussi que des problèmes longtemps négligés ont été aggravés par la crise sanitaire et ses conséquences. « La pandémie a mis en lumière les nombreuses inégalités qui se creusent dans nos pays », constate-t-elle, en soulignant que les groupes défavorisés sont durement touchés.
Afin de donner de l’espoir malgré une pandémie qui continue de sévir, la Commissaire appelle une nouvelle fois à mettre en place sans tarder des systèmes de santé plus inclusifs et plus résilients, et souligne la nécessité de rendre les vaccins, ainsi que les tests et les traitements, accessibles à tous. « C’est une condition indispensable pour vaincre la pandémie et c’est l’occasion, pour les responsables politiques, de montrer leur volonté de réduire les faiblesses et les inégalités structurelles des systèmes de santé publique en Europe. »
En outre, la Commissaire fait remarquer que la pandémie a révélé l’urgence de réformer les soins de santé mentale et invite les États membres à accélérer le processus de transition visant à abandonner le modèle biomédical de santé mentale, fondé sur le placement en institution et sur la contrainte, pour passer à des services de proximité, axés sur le rétablissement et fondés sur le consentement.
S’agissant des droits des femmes, la pandémie a mis en évidence la persistance de la violence à l’égard des femmes, les inégalités de genre et les obstacles qui entravent l’accès des femmes aux soins de santé sexuelle et reproductive. « L’engagement des États membres en faveur des droits humains se mesure aussi à la manière dont ils protègent les droits des femmes et font progresser l’égalité entre les femmes et les hommes. Il nous incombe collectivement de veiller à ce qu’aucun État membre du Conseil de l'Europe ne manque à ses devoirs envers les femmes et les filles », estime la Commissaire. Elle souligne la nécessité de ratifier et de mettre en œuvre la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique ; elle met en garde contre les tentatives destinées à discréditer ce traité en diffusant à son sujet des idées fausses et en utilisant des arguments fallacieux.
La Commissaire se déclare également préoccupée par les pressions de plus en plus fortes exercées sur les défenseurs des droits de l'homme, notamment sur ceux qui luttent contre l’afrophobie, qui œuvrent pour l’environnement et qui protègent les droits des personnes LGBTI. « Au lieu d’ignorer les défenseurs des droits de l'homme, voire de les soumettre à des mesures répressives, les autorités nationales feraient mieux de soutenir leur travail et de coopérer avec eux. C’est à la fois une obligation juridique et un devoir moral », affirme Dunja Mijatović.
De plus, elle appelle à reconnaître les formes de racisme et de discrimination raciale particulièrement graves auxquelles les personnes d’ascendance africaine continuent d’être exposées, et à lutter efficacement contre l’afrophobie.
Elle lance une nouvelle fois un appel de détresse pour les droits de l'homme en Méditerranée. « Le recul dans la protection des vies et des droits des réfugiés et des migrants en mer s’aggrave et cause chaque année des milliers de morts qui pourraient être évitées », regrette la Commissaire.
Elle conclut en encourageant les États membres à se montrer unis et solidaires et à trouver « un nouvel élan pour réduire l’écart entre les normes des droits de l'homme et la réalité ».