À l'occasion de la journée du brassard blanc (White Armband Day - Dan Bijelih Traka) à Prijedor, la Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatović, rappelle l'importance de garantir le droit des familles des milliers de victimes de crimes de guerre et de graves violations des droits humains commis dans cette ville entre 1992 et 1995, dont 102 enfants, à se souvenir et à commémorer leurs proches.
Depuis 2014, les autorités locales n'ont pas répondu aux demandes répétées des familles, rejointes par les militants de la Journée du brassard blanc, de construire un mémorial pour les enfants tués de Prijedor, tandis que les événements de commémoration de la Journée du brassard blanc ont fait l'objet d'obstructions systématiques au fil des ans. La Commissaire a déjà condamné l'interdiction par les autorités locales d'une marche pacifique en l'honneur des victimes et leur refus constant d'autoriser des discussions au sein du Conseil municipal sur la construction d’un mémorial en l’honneur des enfants tués pendant la guerre.
« Je demande instamment aux autorités de Prijedor de lever enfin tous les obstacles juridiques et politiques qui s'opposent à la construction d'un mémorial en l'honneur des enfants tués de Prijedor. J'exprime ma solidarité avec les familles et je rends hommage à leur courage et à leur persévérance pour que leurs enfants ne soient pas des victimes oubliées de la guerre. J'exprime ma volonté de travailler avec les autorités locales, les familles et les organisations de la société civile, afin que cette importante initiative devienne réalité le plus rapidement possible.
Les autorités devraient faciliter les initiatives de commémoration qui préservent la mémoire des victimes des atrocités commises pendant la guerre. Celles qui rendent hommage aux enfants sont particulièrement importantes, car les enfants sont souvent oubliés dans les initiatives de commémoration. Sans la mémoire du passé, et en particulier des atrocités commises à l'encontre des membres les plus vulnérables de la société, il ne peut y avoir de perspective d'un avenir meilleur. Nous devons nous souvenir de ce qui s'est passé et reconnaître et réparer les souffrances des victimes et des survivants de la guerre par le biais d'une commémoration appropriée et digne.
L'absence de prise en compte de l'expérience douloureuse des atrocités passées a également des conséquences profondes sur la société dans son ensemble. Les jeunes générations méritent d'apprendre le passé à partir de perspectives multiples, afin de ne pas perpétuer les préjugés, la haine et les hostilités du passé. Les organisations et les militants de la société civile devraient bénéficier d'un espace et d'un soutien dans leur travail sur les initiatives commémoratives, y compris les rassemblements publics reconnaissant les souffrances des victimes, notamment des enfants, en temps de guerre ».