À l’approche de la Journée internationale des Roms, mes pensées vont aux Roms ukrainiens, qui non seulement souffrent des conséquences de l’horrible guerre en Ukraine, mais sont également souvent confrontés à la discrimination et aux préjugés en Europe lorsqu’ils fuient l’Ukraine. En ces temps difficiles, il est encore plus important de protéger les Roms et les Gens du voyage contre la discrimination et l’exclusion.
Durant les missions de suivi que mon équipe et moi-même avons effectuées en mars dans les pays voisins de l’Ukraine, nous avons reçu des informations selon lesquelles des familles roms – composées presque exclusivement de femmes et d’enfants – auraient fait l’objet de discrimination dans la fourniture d’aide humanitaire ou de transport. Dans certains cas, des Roms auraient été expulsés de lieux de transit, comme des gares routières ou ferroviaires, ou de foyers d’hébergement. En outre, la disponibilité d'hébergements adéquats pour certaines familles roms suscite de vives inquiétudes.
Ainsi que je l’ai déjà indiqué le 8 avril 2021, dans le contexte d’une autre crise, à savoir la pandémie de covid-19, la manière dont sont traités les Roms et les Gens du voyage, notamment lors de périodes critiques, est un bon indicateur de l’état de la démocratie. La crise humanitaire actuelle, provoquée par la guerre en Ukraine, ne fait que mettre en évidence, en les exacerbant, les préjugés et les stéréotypes profondément ancrés auxquels les Roms et les Gens du voyage sont confrontés au quotidien en Europe.
Tous les États membres du Conseil de l'Europe devraient accroître la sensibilisation aux vulnérabilités et aux difficultés rencontrées par les Roms qui fuient la guerre, en Ukraine et hors du pays, et devraient redoubler d’efforts pour y remédier. Il faut veiller en particulier à ce que l’aide humanitaire, y compris l’hébergement d’urgence ou permanent et les moyens de transport adéquats, soit fournie à tous, sans aucune discrimination. Dans les domaines du logement, de l’éducation, de l’emploi et de la santé, les Roms doivent bénéficier des mêmes possibilités que les autres personnes qui fuient la guerre en Ukraine. De plus, selon les données disponibles, 10 à 20 % des quelque 400 000 Roms vivant en Ukraine sont apatrides ou risquent de le devenir. Les gouvernements devraient faire en sorte que les personnes d’origine rom, les personnes apatrides et les personnes exposées au risque d’apatridie ne soient pas privées de la protection internationale, ni d’autres formes de protection prévues par la législation nationale, faute de pouvoir produire des documents d’identité ou d’autres papiers. L’apatridie étant un facteur de vulnérabilité bien connu, les autorités doivent protéger efficacement les femmes et les enfants roms venant d’Ukraine contre les risques de traite et d’exploitation, ainsi que de violence fondée sur le genre.
Je salue l’immense travail réalisé par les réseaux et les ONG roms, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Ukraine, pour atténuer les souffrances des Roms ukrainiens. J’appelle une fois encore tous les États membres du Conseil de l'Europe à renforcer la protection humanitaire et à coordonner leurs efforts, en concertation avec ces réseaux qui agissent sur le terrain. Plus généralement, les États membres devraient combattre plus énergiquement la discrimination dont les Roms et les Gens du voyage font l’objet dans tous les domaines de la vie à travers l’Europe.