Alors que nous célébrerons la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai prochain, les journalistes sont de plus en plus souvent pris pour cible en Europe. Il y a seulement quelques semaines, nous avons encore pleuré l’assassinat d’un autre journaliste en Ukraine. C’était le 14e journaliste à être tué en Europe au cours des 16 derniers mois. L’augmentation du nombre d’assassinats est la manifestation la plus extrême des difficultés croissantes que les journalistes rencontrent dans leur travail : agressions physiques, actes d’intimidation, harcèlement judiciaire, emprisonnement, législation destinée à museler la presse, campagnes de dénigrement et mesures de dissuasion financières.
Les enquêtes sur les infractions dirigées contre des journalistes durent souvent des années. Au mieux, elles permettent de déférer à la justice les auteurs, mais rarement les instigateurs. La liberté des médias figure aussi parmi les victimes des tensions politiques et des conflits armés, dans la mesure où les organes de presse sont parfois contraints à se mettre au service de la propagande ou doivent simplement cesser toute activité.
De plus, les nouvelles lois contre le terrorisme qui sont à l’examen dans plusieurs pays européens risquent de rendre les médias plus vulnérables à un contrôle gouvernemental excessif et de soumettre les journalistes à des pressions pour qu’ils révèlent leurs sources.
Si nous continuons dans cette voie, nous ne ferons qu’affaiblir nos démocraties.
Je demande instamment aux dirigeants européens d’inverser la tendance et de s’engager sincèrement à améliorer les conditions de travail de la presse. Il leur incombe de lever tous les obstacles législatifs qui portent atteinte aux droits de la presse, de libérer les journalistes emprisonnés pour avoir fait leur travail et de changer d’attitude à l’égard des professionnels des médias, en se gardant de réagir par la violence ou l’intimidation et en acceptant d'être soumis à un contrôle public plus attentif et à une critique plus vigoureuse.