« La guerre en Ukraine a été dévastatrice pour les enfants. Les États membres du Conseil de l'Europe doivent redoubler d'efforts pour protéger et soutenir les enfants qui souffrent à la suite de la guerre brutale menée par la Russie en Ukraine », a déclaré la Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatović, en amont de la Journée mondiale de l'enfance 2022.
« Depuis le 24 février, nous recevons des informations incessantes en Europe faisant état d'enfants tués, blessés, rendus orphelins et traumatisés par des attaques indiscriminées ou ciblées contre des civils en Ukraine. Les bombardements par la Russie continuent de forcer les enfants et leurs familles à se réfugier dans des sous-sols froids, laissant nombre d'entre eux sans accès à leurs besoins les plus fondamentaux, notamment la nourriture, l'eau, l'électricité, les soins de santé et l'éducation. Des millions d'enfants ont été déplacés, et beaucoup ont été séparés de leurs proches. J'appelle tous les États membres du Conseil de l'Europe à faire de la prise en charge du sort de tous les enfants victimes de cette guerre leur priorité absolue. Cela passe par une augmentation de l'aide humanitaire pour la population ukrainienne avant et tout au long de cet hiver. Cela signifie également la fourniture à plus long terme et de façon durable d'un logement digne, de soins de santé, d'une éducation et d'autres besoins fondamentaux des enfants et de leurs familles pour lesquels il est peut-être encore trop tôt pour rentrer chez eux en toute sécurité. Les enfants qui fuient la guerre doivent également être protégés de la traite des êtres humains, de l'exploitation et de la violence sexuelle, où qu'ils se trouvent.
Cette année, nous sommes également témoins en Europe d'un nouvel effet particulièrement effroyable de la guerre sur les enfants: les transferts forcés d'enfants ukrainiens vers la Russie, loin de leurs familles et des personnes qui s'occupent d'eux, comme le rapportent et le documentent de multiples sources. Suite à un changement législatif visant à faciliter l'octroi de la citoyenneté russe aux enfants ukrainiens, certains d'entre eux ont été adoptés en Russie dans ce qui apparaît comme une exploitation délibérée de la vulnérabilité de ces enfants. Je rappelle les directives de l'UNICEF selon lesquelles les enfants séparés de leurs parents lors d'une urgence humanitaire ne peuvent être présumés orphelins et ne sont pas disponibles pour l'adoption. Pour cette raison, l'adoption ne devrait pas avoir lieu pendant ou immédiatement après les urgences.
Le transfert forcé de personnes protégées d'un territoire occupé vers le territoire de la puissance occupante est interdit par l'article 49 de la Quatrième Convention de Genève. J'ai déjà souligné que l'article 50 de cette même Convention interdit également le changement du statut personnel des enfants, y compris la nationalité, par une force d'occupation.
Les violations généralisées et systématiques des droits humains des enfants dans le contexte de la guerre en Ukraine, y compris par des actions délibérées qui pourraient être qualifiées de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, doivent cesser et les responsables doivent être tenus pleinement responsables. Les États membres du Conseil de l'Europe doivent soutenir tous les efforts visant à localiser et à réunir tous les enfants ukrainiens qui ont été séparés de leur famille ou des personnes qui en ont la charge, en tenant pleinement compte de l'intérêt supérieur de l'enfant. »