À l’approche de la Journée des droits de l’homme, Dunja Mijatović, Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, appelle les États membres à mettre un terme aux attaques contre les défenseurs des droits de l’homme et à améliorer leur sécurité et leur environnement de travail.
« Malgré une déclaration internationale et des normes claires protégeant le travail des défenseurs des droits de l’homme, il existe toujours un énorme écart entre les principes et la réalité » indique la Commissaire.
« J’observe un recul inquiétant en ce qui concerne la protection des défenseurs des droits de l’homme et leur capacité d’exercer leur travail dans un nombre croissant de pays européens. Ils font l’objet de représailles qui prennent différentes formes : harcèlement judiciaire, poursuites, privation de liberté, contrôles et surveillance abusifs, campagnes de dénigrement, menaces et intimidations. Certains ont été victimes d’agressions physiques, de mauvais traitements, ont été enlevés voire tués. Des militants qui défendent les droits des migrants, des personnes LGBTI ou des femmes, ou qui travaillent sur des questions sensibles, comme la responsabilité en matière de violations graves des droits de l’homme ou les problèmes environnementaux, sont de plus en plus souvent la cible d’acteurs étatiques ou non étatiques. Des législations restrictives et des propos agressifs dans le discours politique rendent le travail des ONG qui œuvrent pour le respect des droits de l’homme de plus en plus difficile et dangereux.
Des États démocratiques ne sauraient accepter une telle situation. Le rôle des défenseurs des droits de l’homme est capital pour amener les détenteurs du pouvoir à répondre de leurs actes et pour aider les victimes de violations des droits de l’homme à avoir accès à des voies de recours et à obtenir réparation.
Les gouvernements doivent valoriser l’engagement des défenseurs des droits de l’homme et leur contribution au fonctionnement juste et pacifique de la société. Au lieu d’entraver et de dénigrer l’action de ces défenseurs, les autorités devraient reconnaître qu’ils permettent tout simplement d’améliorer concrètement la vie de chacun.
J’appelle par conséquent tous les États membres du Conseil de l’Europe à renouveler leur engagement en faveur du respect des normes qu’ils ont adoptées et à garantir un environnement politique, juridique et culturel dans lequel les défenseurs des droits de l’homme peuvent exercer leur travail librement et en toute sécurité. Les autorités nationales doivent de toute urgence amender les législations qui sanctionnent les ONG recevant des fonds de l’étranger, cesser de dénigrer les défenseurs des droits de l’homme dans les discours politiques et mettre un terme aux infractions commises à l’encontre des défenseurs des droits, en condamnant toute attaque contre ces derniers et en diligentant des enquêtes.
A l’heure où le monde célèbre le 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, les Etats membres du Conseil de l’Europe devraient ne jamais oublier leur devoir de veiller à ce que les défenseurs des droits de l’homme puissent travailler librement et en toute sécurité ».