« J'observe avec une inquiétude grandissante l'escalade de la violence en Turquie ces dernières semaines.
Je suis particulièrement préoccupé par des informations que j’ai reçues au sujet de la gravité de la situation à Cizre, une ville d’environ 100 000 habitants située dans la province de Şırnak, dans le sud-est de la Turquie », a indiqué aujourd'hui le Commissaire dans une déclaration. « Dans le cadre d’opérations antiterroristes, le couvre-feu a été décrété à Cizre le 4 septembre, apparemment pour une durée illimitée. J’ai reçu des informations selon lesquelles cette mesure aurait de graves conséquences pour la population, notamment en perturbant des services indispensables comme les soins de santé, ainsi que les moyens de communication ; il serait également interdit d’entrer et de sortir de la ville. Ce qui est encore plus troublant, c’est que j’ai aussi reçu des allégations sérieuses faisant état d’un usage disproportionné de la force par les forces de sécurité à l’encontre de civils.
Bien entendu, je ne remets pas en question le droit, pour les autorités turques, de mener des opérations antiterroristes dans un contexte particulièrement difficile et violent.Toutefois, la proportionnalité et la légalité de ces opérations doivent toujours faire l’objet d’un contrôle très attentif de la part des autorités et des juridictions, y compris sous l’angle de la conformité avec les normes internationales des droits de l'homme. A cet égard, la situation actuelle est très préoccupante, dans la mesure où des ingérences exceptionnellement graves dans l’exercice des droits de l’homme d’une population très nombreuse s’accompagnent d’une absence quasi-totale d’informations.
Les informations fournies par les autorités ne font pas disparaître toutes les inquiétudes. Je demande instamment aux autorités de donner immédiatement accès à la ville de Cizre à des observateurs indépendants, y compris à des structures nationales des droits de l'homme de Turquie, afin de dissiper les rumeurs de violations des droits de l'homme commises par les forces de sécurité. J’espère que cette situation d’urgence prendra fin rapidement. »