C'est avec une vive inquiétude que je suis l'évolution de la situation en Turquie, où l'usage extrêmement disproportionné de la force par la police contre les manifestants du parc Gezi a déclenché des mouvements de contestation dans de nombreuses provinces turques.
Le recours à la force contre des manifestants pacifiques doit cesser immédiatement et les autorités turques doivent veiller à gérer la situation d'une manière pleinement compatible avec les normes des droits de l'homme.
Les déclarations récentes du Président turc, Abdullah Gül, et du Vice-Premier ministre, Bülent Arinç, qui ont reconnu la responsabilité de la police dans l'escalade de la violence, représentent une première initiative constructive propre à apaiser les tensions. Pour rétablir la confiance, il est maintenant nécessaire que les autorités turques mènent des enquêtes effectives sur toutes les allégations de violations des droits de l'homme, afin de connaître la vérité et de punir les membres des forces de l'ordre responsables de ces violations.
En outre, il est indispensable de diffuser des chiffres officiels fiables sur les manifestants qui ont été blessés ou arrêtés, afin de couper court aux rumeurs et à la désinformation. Le traitement des manifestants placés en garde à vue sera également déterminant ; ces personnes doivent bénéficier de toutes les garanties requises, notamment de l'accès à un avocat, d'un examen médical pratiqué dans les meilleurs délais et de l'enregistrement vidéo des interrogatoires.
Je reconnais les difficultés liées au maintien de l'ordre dans une situation aussi tendue, mais, vu les circonstances, la police turque doit faire preuve d'une extrême retenue pour désamorcer la violence. J'appelle aussi les manifestants à veiller à ce que les rassemblements restent pacifiques.
Parallèlement à ce processus, les autorités turques doivent établir de véritables voies de dialogue avec la société civile. Je salue et soutiens pleinement l'annonce faite par le Vice-Premier ministre, M. Arınç, qui a déclaré vouloir entamer un dialogue avec les organisations qui ont saisi la justice pour contester le projet de transformation du parc Gezi.
Les événements de ces derniers jours ont aussi montré qu'il est urgent d'éliminer les causes profondes de la violence policière en Turquie. C'est en effet un problème persistant, mis en évidence dans de nombreux arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme. Je suis prêt à apporter mon aide aux autorités turques dans ce domaine.