« Les témoignages choquants rapportés par Novaïa Gazeta concernant des exécutions extrajudiciaires et d’autres graves violations des droits de l’homme commises en Tchétchénie ces dernières années nécessitent que les services d’enquête fédéraux russes engagent immédiatement une enquête impartiale et indépendante à leur sujet. Tous les individus dont l’implication dans ces crimes odieux est établie devraient être traduits en justice, quel que soit leur statut officiel », a déclaré aujourd’hui la Commissaire.
« Novaïa Gazeta est un journal russe réputé qui a toujours rendu compte des atteintes aux droits de l’homme. Ses journalistes ont payé cher leur engagement professionnel, parfois même au prix de leur vie. Ils font une nouvelle fois l’objet d’attaques, de campagnes de dénigrement, d’intimidations et d’autres formes de représailles qui ont pour but de les réduire au silence. Cette situation ne saurait être tolérée et doit cesser immédiatement. Au lieu de harceler les journalistes indépendants et les défenseurs des droits de l’homme parce qu’ils exercent leurs activités légitimes dans un but d(’intérêt public, les autorités russes devraient coopérer avec eux et veiller à ce qu’ils puissent travailler librement et en toute sécurité.
Ce principe s’applique également aux témoins oculaires qui signalent de graves violations des droits de l’homme et à leurs proches. Il incombe aux autorités russes de les protéger. Le journal a publié le témoignage de M. Gezmakhmayev, un ancien policier tchétchène avec qui je me suis entretenue, qui concorde avec des allégations qui m’ont été transmises par plusieurs ONG. Ces éléments doivent tous être pris très au sérieux par les autorités, qui devraient poursuivre leur enquête pour établir la vérité. Il est regrettable que, peu de temps après la publication du témoignage de M. Gezmakhmayev, il ait été signalé que certains de ses proches en Tchétchénie ont fait l’objet d’intimidations de la part des autorités tchétchènes afin de le contraindre à revenir sur ses déclarations.
Les autorités russes ont bien conscience des lacunes en matière de protection des droits de l’homme en Tchétchénie. Comme je l’ai déjà indiqué, l’impunité en cas de violation grave des droits de l’homme est caractéristique de la situation dans la région, et des informations alarmantes concernant des enlèvements, des cas de détention illégale, des actes de torture et d’autres atteintes aux droits de l’homme qui s’y produisent continuent de nous parvenir régulièrement. Les autorités russes se sont engagées à respecter l’esprit et la lettre des normes internationales en matière de droits de l’homme. Il est temps qu’elles comblent l’écart entre cette promesse et la sombre réalité en Tchétchénie. »