À la veille de la Journée mondiale de la lutte contre la traite des êtres humains, la Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatović, a publié la déclaration suivante :
« Nous devrions tous nous rappeler que l'Europe n'est pas à l'abri de la traite des êtres humains et que certains groupes, notamment les femmes, les enfants et les personnes en situation de déplacement en raison de guerres ou de difficultés économiques, sont particulièrement vulnérables à ce phénomène.
Dans mon Mémorandum sur les conséquences de la guerre en Ukraine en matière de droits humains, je mets en garde contre les risques accrus de traite des êtres humains résultant du déplacement massif, interne et externe, de personnes fuyant le conflit, principalement des femmes et des enfants. Les Etats membres du Conseil de l'Europe doivent être particulièrement vigilants et prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir et combattre la traite des êtres humains dans ce contexte, conformément aux récentes recommandations du Groupe d'experts du Conseil de l'Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains (GRETA).
La pandémie de COVID-19 et ses conséquences délétères sur tous ceux qui vivent ou risquent de vivre dans la pauvreté est une autre raison de s'inquiéter du fait que davantage de personnes seront victimes de la traite des êtres humains et de l'exploitation si aucune mesure préventive n'est prise pour sauvegarder et renforcer les droits sociaux, notamment dans les domaines de l'éducation et du travail. Comme l'a récemment souligné le GRETA, la pandémie de COVID-19 a rendu les enfants encore plus vulnérables à la traite, y compris à l'exploitation en ligne.
J'ai également souligné le lien évident entre la gestion des frontières et des migrations et le risque de traite des êtres humains. L'absence actuelle de voies sûres et légales rend les migrants plus vulnérables au risque de devenir des victimes de la traite. Ce risque est particulièrement aigu pour ceux qui empruntent des routes terrestres ou maritimes dangereuses vers l'Europe dans l'espoir d'y trouver une protection contre les persécutions et de meilleures conditions de vie. Dans ce contexte, il est crucial que les États membres développent des voies de migration sûres et légales afin de réduire les risques de traite des êtres humains.
La Journée mondiale de la lutte contre la traite des êtres humains est l'occasion de rendre hommage à toutes les victimes qui ont souffert de cette grave violation des droits humains, parfois au prix de leur vie. C'est important mais pas suffisant. La traite des êtres humains peut prendre de nombreuses formes, mais les Etats membres du Conseil de l'Europe ont à leur disposition une série d'outils complets, applicables à toutes les formes d'exploitation, pour les guider dans la lutte contre la traite. Les 46 États membres sont liés par la Convention du Conseil de l'Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains et par l'article 4 de la Convention européenne des droits de l'homme, tel qu’interprété par la Cour européenne des droits de l'homme. Il est temps de faire pleinement usage de ces instruments pour prévenir la traite des êtres humains, protéger les victimes et poursuivre les auteurs. »