Lundi seront organisées dans de nombreux pays des cérémonies destinées à rappeler le souvenir de l’Holocauste. Il nous incombe collectivement d’honorer la mémoire des millions de Juifs qui ont été tués, avec de nombreuses autres victimes, pendant l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire européenne. Il nous incombe aussi de réfléchir à la signification de cette tragédie pour notre époque et pour l’avenir.
Cette année, la journée internationale de commémoration marque aussi le 75e anniversaire de la libération du plus grand camp de concentration et centre d’extermination, Auschwitz-Birkenau, où plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants ont péri. Seules 7 000 personnes détenues dans ce camp nazi étaient encore en vie à sa libération.
Les pays européens se sont dotés d’institutions pour combattre les fléaux qui avaient conduit à ces atrocités. Ils se sont aussi engagés à lutter contre le discours de haine, contre les infractions motivées par la haine et contre les discriminations, et à prévenir les génocides. Or, ces efforts n’ont pas donné les résultats attendus. Nous constatons en effet une recrudescence de l’antisémitisme et des paroles et des actes inspirés par la haine sur l’ensemble du continent.
Aujourd’hui plus que jamais, nous devons nous rappeler que, si nous n’y prenons pas garde, toutes les formes de haine et de déshumanisation de « l’Autre » fragilisent les valeurs démocratiques et les droits de l'homme et alimentent l’extrémisme violent.
Nous ne pouvons pas accepter de vivre dans des sociétés où des personnes se sentent menacées, subissent des discriminations et sont privées de leurs droits au quotidien, uniquement en raison de leur identité et de leurs convictions. Les autorités nationales, les personnalités publiques, les médias et nous tous devons regarder la réalité en face et condamner les actes antisémites et xénophobes et les autres tentatives visant à dénigrer « l’Autre ». Les autorités nationales doivent poursuivre et sanctionner ceux qui tiennent des propos haineux ou qui commettent des infractions motivées par la haine.
Les responsables politiques ont le devoir d’éviter que l’intolérance et le discours de haine viennent contaminer le débat politique. En conséquence, j’appelle les autorités de tous les États membres à intensifier leurs efforts de lutte contre l’antisémitisme et contre toutes les formes de racisme, de xénophobie et d’intolérance. Je les appelle à investir davantage dans l’éducation pour aider les générations actuelles et futures à comprendre ce qui se passe lorsqu’on laisse libre cours aux préjugés et à la haine. Je les appelle à dénoncer plus ouvertement et à combattre plus efficacement les initiatives destinées à répandre la haine.
Les journées du souvenir nous donnent l’occasion de prendre le temps de réfléchir. Cependant, le combat contre la haine doit être mené chaque jour, et pas uniquement une fois par an. Alors que le nombre des survivants de l’Holocauste ne cesse de diminuer, nous devons reprendre le flambeau et veiller à ce que leur mémoire reste vivante. Le souvenir de leur destin tragique doit nous inciter à bâtir une société plus juste et plus inclusive, enfin libérée de la haine.