Les DNR regroupent, sous forme d’inventaires structurés, les mots et les « règles » d’une langue qui sont réputés nécessaires pour produire les textes (oraux et écrits) correspondant aux échelles de descripteurs du CECR. Ceux-ci sont étagés sur six niveaux de complexité de A1 à C2. Pour chaque niveau, les DNR comportent des inventaires de formes à maîtriser : genres de textes, fonctions (par ex. : proposer, définir…) et leurs réalisations verbales, éléments de grammaire du sens (par ex., expression de l’espace, de la quantité), de morphologie, de syntaxe, de lexique… Outre ces éléments communs, elles peuvent aussi proposer des inventaires relatifs à la graphie, à la prononciation, aux dimensions culturelles et interculturelles des apprentissages…

Elles ont été élaborées selon des méthodologies diverses, en particulier du fait des financements rendus disponibles pour leur réalisation. Elles s’appuient toutes sur les recherches en acquisition de la langue concernée, sur ses descriptions linguistiques et sur les analyses des genres de textes, sur l’expertise des évaluateurs et des enseignants.
 

Les antécédents des DNR : les Niveaux seuils

Très tôt en didactique des langues, des travaux ont porté sur les critères ou les enquêtes à mener pour sélectionner les éléments des langues à enseigner et pour les répartir graduellement dans le temps de l’apprentissage. Vers le milieu des années 1970, la Section des langues vivantes (aujourd’hui Programme des Politiques linguistiques) du Conseil de l’Europe a promu le développement d’une nouvelle génération d’instruments de référence : les Niveaux seuils (par ex., Threshold Level, Un niveau seuil, Livello Soglia,...)

Ceux-ci proposent, pour chaque langue, des inventaires des formes de ce que certains groupes d’apprenants (touristes, hommes d’affaires, migrants...) doivent maîtriser pour parvenir à un certain « seuil » de communication, c’est-à-dire en fait pour communiquer de manière indépendante dans un pays étranger. Ces instruments présentent de grandes différences de l’un à l’autre, mais ils sont cependant structurés sur le même modèle avec, en particulier, des inventaires de fonctions communicatives, qui vont en constituer la section la plus populaire. Ils ont souvent servi de base à l’élaboration des DNR.

La première spécification de ce « niveau seuil » a été élaborée pour l'anglais en 1975 (Threshold Level, Cambridge University Press) puis pour le français en 1976 (Un Niveau Seuil, Editions Didier). Ces deux instruments ont servi de facto de modèle aux suivants réalisés pour d’autres langues. D’autres niveaux seuils ont été créés pour un très grand nombre de langues, jusqu’en 2004 pour le dernier. Ces instruments de référence ont joué un grand rôle dans l'enseignement des langues, où ils ont rendu crédible l’approche communicative de l’enseignement. Une compilation des Introductions et Préfaces de la série des niveaux seuil réalisés sur une trentaine d’années (entre 1975 et 2004) donne un aperçu de l’évolution de cet outil et son adaptation à des langues spécifiques.