Parlons sexe
Let’s talk about sex; let’s talk about you and me (Parlons de sexe ; parlons de toi et de moi).
- Aperçu
Cette activité repose sur la technique du « groupe-miroir » permettant d’analyser les attitudes en matière de sexualité – y compris l’homophobie
- Droits corrélés
• Droit à l’égalité
• Droit à ne pas subir de discrimination
• Liberté d’expression et d’association- Objectifs
• Renforcer la compréhension des questions et des droits relatifs à la sexualité et à l’identité sexuelle
• Acquérir une certaine confiance en soi pour exprimer son avis personnel sur la diversité en matière de préférences sexuelles
• Promouvoir la tolérance et l’empathie à l’égard des personnes différentes- Matériels
• 3 chaises
• 2 animateurs (de préférence)
• Un espace de circulation pour les participants
• Un tableau ou un tableau-papier, et des stylos feutre
• Des petits carnets et des stylos individuels
• Un chapeau- Préparation
• Soyez conscient du fait que, pour beaucoup de gens – les jeunes en particulier ! –, la sexualité est un sujet très personnel et sensible. Préparez-vous à adapter votre méthodologie ou votre thématique – ou les deux à la fois !
• Identifiez quelques célébrités qui se sont exprimées de manière très ouverte au sujet de leur sexualité – aussi bien des hétérosexuels que des homosexuels, des bisexuels que des transsexuels (hommes et femmes).
Date clé
- 17 maiJournée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie
Instructions
1. Mettez le problème en scène. Expliquez que, si, pour la plupart des gens, la sexualité relève de la vie privée, il n’en reste pas moins que le droit à ne faire l’objet d’aucune discrimination fondée sur les choix sexuels est un droit de l’homme fondamental, protégé par la loi dans la plupart des pays européens. L’activité en question est l’occasion d’explorer les attitudes au sujet de la sexualité – et notamment l’homosexualité et l’hétérosexisme. Vous pourrez ensuite détendre l’atmosphère, en évoquant – avec la participation des membres du groupe – des gens célèbres ayant parlé ouvertement de leur sexualité.
2. Distribuez les petites feuilles de papier et les stylos, et demandez aux participants de formuler par écrit toutes les questions qu’ils se posent au sujet de l’homosexualité et de la sexualité en général, puis de placer leur petite fiche dans le chapeau. Les auteurs des questions doivent en principe rester anonymes.
3. Expliquez aux participants que cette activité vise à explorer les points de vue et attitudes concernant la sexualité – et en particulier l’homosexualité. Chacun doit se sentir libre d’exprimer son point de vue – que celui-ci soit traditionnel ou non, polémique ou iconoclaste. Chacun doit pouvoir exprimer un point de vue qu’il approuve – ou désapprouve -, sans aucune crainte du ridicule ou du mépris des autres.
4. Disposez les trois chaises en demi-cercle, face au groupe. Elles sont destinées aux « intervenants » qui vont être placés en position de « miroir ». Les autres participants sont en position d’observateurs.
5. Expliquez la règle du jeu: vous commencez par inviter deux volontaires à se joindre à vous sur la scène du débat (ce « miroir » dont nous parlions plus haut). Si, à tel ou tel moment, quelqu’un souhaite rejoindre ce clan des «animateurs», il pourra librement le faire – mais, étant donné qu’il n’y a que trois places à ce niveau, quelqu’un devra lui céder sa place. La personne désirant se joindre à la conversation-animation pourra, par exemple, venir taper sur l’épaule de l’un des « débatteurs ». Les deux personnes en question changeront donc de position – l’animateur ou débatteur redevenant simple observateur.
6. Tous les participants sont invités à exprimer leur point de vue personnel, mais aussi d’autres points de vue – qu’ils ne partagent pas forcément. On pourra ainsi donner une chance à des opinions plus polémiques, « politiquement incorrectes », voire inconcevables, et aborder sous différents angles le thème en question. Insistez en revanche sur le fait que les commentaires blessants ou agressifs dirigés contre une personne ou un groupe ne sont pas autorisés.
7. Demandez à un volontaire de tirer une question du chapeau, et de donner son avis sur le thème ainsi choisi. Débattez la question jusqu’à épuisement du thème.
8. Demandez ensuite à trois volontaires d’entamer un débat sur un autre thème, selon les règles observées précédemment.
9. Abordez autant de questions que vous le pourrez dans le temps imparti. Avant de passer à la phase d’analyse et d’évaluation, faites une courte pause, afin de permettre aux différents « débatteurs » de sortir de leur rôle – d’autant plus en cas de débat particulièrement passionné et polémique.
Compte rendu et évaluation
Commencez par analyser brièvement le sentiment des participants – aussi bien celui des débatteurs face au public que celui des observateurs. Puis abordez les différents points de vue qui se sont exprimés, et les enseignements que les participants ont tirés de cette activité :
• Quelqu’un a-t-il été choqué ou surpris par certains points de vue ? Si oui, lesquels, et pourquoi ?
• Dans votre entourage, quel est le degré d’ouverture d’esprit dans le domaine de la sexualité ?
• Attend-on des jeunes femmes et des jeunes hommes qu’ils se conforment à des orientations et rôles sexuels spécifiques ? Lesquels ?
• Comment sont perçus et traités les (jeunes) personnes qui ne répondent pas à ces attentes ?
• Certains groupes sont-ils plus « ouverts » que d’autres ? Si oui, pour quelles raisons ?
• Quels sont les facteurs qui déterminent le développement de notre sexualité ?
• Quels facteurs conditionnent l’évolution de notre sexualité dans tel ou tel sens ?
• Le point de vue des participants sur la sexualité diffère-t-il de celui de leurs parents et de leurs grands-parents ? Si oui, dans quel sens ? Et pourquoi ?
• Existe-t-il dans votre pays des lois qui interdisent les relations sexuelles entre adultes consentants ? Le cas échéant, qu’interdisent ces lois ? Pourquoi existent-elles ? Pensez-vous qu’elles soient acceptables ?
• L’article 16 de la DUDH dispose: « A partir de l’âge nubile, l’homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. » Pourquoi l’orientation sexuelle ne figure-t-elle pas aux côtés de « la race, la nationalité ou la religion » ? Le devrait-elle ?
• Dans certains pays, la législation et les pressions sociales semblent entraver le droit de tout être humain au respect et à la dignité, à s’éprendre de la personne de son choix, à se marier en toute liberté, etc. Comment résoudre ce type de conflit ?
Conseils pour l’animateur
Tenez particulièrement compte du contexte social dans lequel vous opérez et adaptez l’activité en conséquence. L’activité en question vise à permettre à chacun de réfléchir à sa propre sexualité et aux normes de la société dans laquelle il vit, et à faire en sorte que tous les participants aient suffisamment d’assurance pour exprimer leur point de vue intime, tout en restant tolérants vis-à-vis de points de vue différents. L’objectif n’est en aucun cas d’essayer de convaincre les uns ou les autres, ni de parvenir à un consensus.
Avant de procéder à cette activité, il est recommandé de s’y préparer en s’informant de manière basique sur les questions liées à chaque sexe. A cet égard, voici quelques-unes des questions les plus fréquemment posées:
• Qu’est-ce que l’homosexualité ?
• Quelle est la différence entre un hétérosexuel, un homosexuel, une lesbienne, un bisexuel et un transsexuel ?
• L’homosexualité est-elle une maladie ?
• Comment devient-on homosexuel ou lesbienne ?
• Quel est le risque d’attraper le Sida ?
• Dans certains pays, l’homosexualité est acceptée et les homosexuels peuvent se marier, alors que, dans d’autres pays, l’homosexualité est passible de la peine de mort.
Il importe également qu’en tant qu’animateurs, vous réfléchissiez à vos propres valeurs et credo – autrement dit à ce que vous jugez bon pour vous-même, pour votre famille et pour les autres -, et que vous sachiez que ces valeurs vont transparaître dans tous vos actes et vos propos (et même dans vos interdits et vos silences). Il est essentiel d’identifier vos propres valeurs et préjugés, et d’en comprendre l’origine, afin qu’à leur tour, les participants puissent s’expliquer les raisons de leurs propres valeurs.
Cette activité consiste à évoquer avec les participants les personnalités ayant parlé ouvertement de leur sexualité, dans le but de les amener à être eux-mêmes ouverts sur le sujet.
En tant qu’animateur du groupe, vous avez un rôle essentiel consistant à donner le ton général du débat. Pour démarrer l’activité, vous pouvez imaginer une conversation entre les deux facilitateurs, l’un commençant par la question : « Savais-tu que Peter avait révélé son homosexualité ? » le deuxième animateur pourra rebondir, en déclarant « Non, je ne m’en serais jamais douté… Peter n’a pas l’air homosexuel ». Dès lors, il est évident que la conversation est lancée au sujet d’un ami commun aux deux animateurs – autrement dit, à un niveau « local » et non pas théorique. Cette manière d’aborder le sujet pourra également ouvrir le débat sur ce que les participants – et les gens en général - savent de l’homosexualité, et sur les attitudes et points de vue dans ce domaine. Il faut espérer ensuite que l’un des participants-observateurs viendra prendre le relais, et relancer le débat avec l’ensemble du groupe. L’animateur doit, toutefois, rester dans le groupe en tant qu’observateur, afin de pouvoir éventuellement intervenir à nouveau en tant que débatteur. Cela permet à l’animateur de continuer à gérer le débat de manière plus discrète, soit en vue d’ouvrir de nouvelles voies thématiques, soit pour remettre délicatement à sa place tout participant qui ne respecte pas la règle du jeu.
Si vous le souhaitez, vous pourrez également établir en tant que règle le fait que tout point de vue très spécifique ne pourra s’exprimer qu’une fois. Cela permet d’éviter de « tourner en rond » autour des mêmes aspects du sujet et de dissuader les participants de reproduire à l’infini les préjugés les plus tenaces.
Si vous souhaitez donner au groupe des idées de questions à examiner, voici quelques suggestions :
• L’âge du consentement (pour le mariage ou les premiers rapports sexuels): ce seuil doit-il être différent pour les homosexuels ?
• L’adoption et le mariage: les couples homosexuels doivent-ils avoir le droit de se marier et d’adopter des enfants ? Indiquez les raisons dans un sens ou dans l’autre.
• Le sida: est-il vrai que les homosexuels sont plus exposés au SIDA ?
En cas de grand groupe, le temps ne permettra pas d’examiner toutes les questions. Sachez que certains seront déçus ou frustrés que leurs questions ne soient pas abordées. Pour y remédier vous pouvez, à la fin de l’exercice, inscrire toutes les questions sur le mur. Cela incitera les participants à poursuivre la discussion quand ils en auront le temps.
Variantes
Cette méthode peut être adaptée à tout type de question, par exemple le racisme, l’éducation ou encore le changement climatique.
Suggestions de suivi
Si vous vous intéressez à la façon dont la sexualité, et notamment l’homosexualité, est représentée dans les médias, collectez des photos dans des journaux, des magazines et sur internet, et invitez les participants à rédiger des légendes ou des bulles; voir « Autres jeux d’images » à la fin de l’activité « Jeux d’images ».
L’activité « Bientôt d’un autre âge » examine l’évolution des attitudes, et notamment envers le sexe, avec le temps.
Idées d’action
Contactez une organisation de lesbiennes, gays, bisexuel(le)s ou transgenres dans votre pays. Vous pouvez inviter un représentant de ce type d’organisations à prendre la parole devant votre groupe, et découvrir ainsi les problèmes d’égalité et de droits les plus urgents qui se posent dans votre pays.
Informations complémentaires
La sexualité fait partie intégrante de la vie de tout être humain et de nos besoins fondamentaux. Elle influe sur notre personnalité et nos comportements – aux plans social, personnel, affectif et psychologique -, tels qu’ils apparaissent dans nos relations avec les autres. Notre sexualité est conditionnée par le sexe auquel nous appartenons, ainsi que par tout un ensemble d’autres facteurs très complexes; elle évolue tout au long de notre vie ».
Diversité sexuelle et droits de l’homme
A première vue, ces deux questions ne semblent pas liées. On peut dire, en effet, que le premier (les choix en matière sexuelle) relève de la sphère privée et individuelle, tandis que l’autre (les droits de l’homme) relève du domaine public (droit et sphère politique), en liaison avec la notion de citoyenneté. Toutefois, les études historiques, anthropologiques et sociologiques récentes indiquent que l’identité sexuelle et les modes d’expression du désir sexuel peuvent être considérés, selon les époques et les cultures, comme des facteurs de remise en cause de l’ordre social existant. Dans certains contextes, le désir à l’égard des personnes du même sexe ou tout sentiment ambigu dans ce domaine remettent en question ou font même complètement exploser les points de vue traditionnels ou religieux; mais, dans d’autres contextes, ce type de « désir » peut aussi être considéré comme une maladie mentale.
Il y a, peut-on penser, une sorte d’hégémonie sociale et religieuse qui contribue à marginaliser en permanence la notion d’égalité de tous en matière de droits de l’homme. Cette hypothèse solidement ancrée consiste à dire que l’hétérosexualité est « dans l’ordre naturel des choses » - qu’elle est, en d’autres termes, le mode d’expression « normal » du désir sexuel. Elle est donc moralement acceptable, alors que d’autres formes d’expression sexuelle sont « anti-nature », et de ce fait moralement inacceptables.
Source: Gay and Lesbian Human Rights Commission, www.iglhrc.org
1Adaptation d’un tube du trio américain de hip-hop Salt-n-Pepa (1991)