Instructions

Partie 1: Examen des problématiques
1. Expliquez aux participants qu’ils vont devoir examiner de plus près les vêtements qu’ils portent, ainsi que les répercussions sociales, économiques et environnementales de leurs choix.
2. Invitez-les à se pencher sur les étiquettes des Tee-shirts ou sweaters qu’ils portent pour voir où ils sont fabriqués et dans quelle matière. Combien ont-ils coûté ? Faites un graphique sur le tableau pour y reporter tous les pays d’origine et les prix.
3. Demandez-leur si l’argent est la seule considération ; puis distribuez les fiches d’informations « Enquête sur le prix réel du coton » et « Combien coûte réellement un Tee-shirt en coton ? », et donnez aux participants 5 minutes pour les lire.
4. Ensuite, proposez une réflexion sur les questions soulevées par les fiches, par exemple les droits du travail, dont le travail des enfants, l’utilisation des ressources (eau et carburant), les dommages infligés à l’environnement par les pesticides et autres produits toxiques et les conséquences de la mondialisation.
5. Demandez aux participants ce qu’ils ressentent concernant l’achat de Tee-shirts, à la lumière de ces informations. Comment pourraient-ils agir contre les violations ? Explorez leurs idées d’action, par exemple prendre davantage soin de leurs vêtements pour ne pas qu’ils s’usent trop vite, n’acheter à l’avenir que des Tee-shirts issus du commerce équitable ou lancer une campagne dans leur commune pour sensibiliser leurs pairs à la question. Discutez avec eux des idées qu’ils souhaiteraient mettre en oeuvre. Laissez-les rechercher plus d’informations et réfléchir à la faisabilité de leurs projets.

Partie 2: Décisions au sujet des actions à mener
6. Laissez les participants faire un point sur leurs recherches, affiner leurs idées et convenir de la nature des actions à mener.
7. Invitez-les à former des petits groupes en fonction de la nature de l’action qu’ils souhaitent entreprendre et à rédiger brièvement les grandes lignes de leur proposition en y incluant :
• des buts et des objectifs clairs
• la description de l’activité proposée (boycott, concert, programme radio- ou télédiffusé, théâtre de rue, distribution de prospectus, etc.), y compris les raisons de leur choix
• le calendrier de la préparation de l’activité et de sa mise en oeuvre
• les lieux où se déroulera l’activité (écoles, lieux publics, etc.)
• les coûts estimés et les ressources nécessaires.
8. Demandez à chaque groupe de faire part de sa proposition et invitez chacun à faire des observations et suggestions d’amélioration.

Partie 3: Mise en oeuvre
• Vous pouvez soit choisir une activité à laquelle participera l’ensemble du groupe, soit laisser les participants travailler en petits groupes en fonction de l’action qu’ils souhaitent mener.
• A la fin de l’activité ou de la campagne, faites un point sur son déroulement et les résultats que le groupe a obtenus.

Compte rendu et évaluation

Après la partie 1:
• L’argent est-il le coût majeur ? Si non, pourquoi ?
• Quelle est l’importance des coûts sociaux, économiques et environnementaux ? Certains sont-ils plus importants que d’autres ? Quels sont les droits de l’homme violés ?
• Combien seriez-vous prêt à payer pour un Tee-shirt?
• Qu’est-ce qui fait une bonne campagne ?
• Pensez-vous que les institutions qui oeuvrent pour la protection des droits des travailleurs, et notamment les ONG, les organisations internationales, les agences onusiennes et les organisations qui font campagne contre la mondialisation, contribuent à faire changer les choses ? Pourquoi ? Si non, pourquoi ?
Après la partie 2:
• A-t-il été facile de se mettre d’accord sur un plan d’action ? Tous les participants sont-ils satisfaits de la façon dont ont été prises les décisions au sein des groupes restreints ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?
• Pourquoi les participants ont-ils décidé d’agir ainsi ?
• Tous les participants se sont-ils sentis impliqués ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?
• A quelles violations des droits de l’homme les différents groupes ont-ils choisi de s’attaquer ?
Après la partie 3:
• Comment s’est déroulée la campagne/l’action mise en oeuvre ? S’est-elle déroulée conformément au plan (revoir l’anglais)? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?
• De quoi devrez-vous vous rappeler pour la prochaine fois ?
• Tous les participants ont-ils eu le sentiment qu’ils étaient impliqués et que leurs capacités étaient exploitées ? Si non, pourquoi, et que pourrait-on améliorer la prochaine fois ?
• Qu’avez-vous appris d’autre par le biais de cet exercice et de votre action ?

Conseils pour l’animateur

Soyez bien préparé. Consultez la section du chapitre 3 consacrée à la conception d’un plan d’action. Lisez également ce qui concerne l’échelle de la participation de Hart dans les informations de référence sur la citoyenneté et la participation.
Vous pouvez aussi vous renseigner sur les multinationales en lisant les informations de référence sur la Mondialisation, au chapitre 5. Avant de démarrer l’activité, vérifiez si l’ONG Clean Clothes Campaign, ou une organisation similaire, a des antennes dans votre pays.

Renseignez-vous sur les actions que conduit la Clean Clothes Campaign et pensez à mettre à profit ses outils prêts à l’emploi. Pour agir, il est plus facile pour les groupes de mettre sur leur site web ou leur blog la vidéo d’une campagne de cette ONG que de produire eux-mêmes du matériel de sensibilisation. Mais n’oubliez pas que l’objectif de cette activité est aussi d’encourager la participation et la créativité. Vous devez donc bien faire comprendre aux participants qu’ils sont totalement libres « d’inventer » des stratégies de campagne totalement nouvelles.

Si vous souhaitez traduire le coût de cette production en empreinte carbone, sachez qu’Ecometrica a procédé à l’évaluation de celle-ci en prenant pour exemple trois slips. Slips et Tee-shirts ont probablement des profils d’émission de carbone comparables, même si, indéniablement, les slips doivent être lavés un peu plus fréquemment ; en revanche, il n’est pas besoin de les repasser ! Le résultat est de 57 kilogrammes de CO2 d’un bout à l’autre du processus. Rendez-vous sur le site www.ecometrica.co.uk et consultez la rubrique « apparel fact sheet » (fiche de données sur les vêtements).

Variantes

Vous pouvez développer la partie 1 de l’exercice afin d’encourager les participants à réfléchir plus en profondeur aux coûts réels, et donc :
1. Commencez par interroger les participants au sujet du prix de leur Tee-shirt et demandez-leur de se mettre d’accord sur un prix moyen.
2. Demandez-leur ensuite de vérifier sur les étiquettes la provenance de leur Tee-shirt.
3. Puis invitez-les, en petits groupes, à établir une liste de l’ensemble des phases du processus de production, depuis la culture du coton jusqu’à la vente des articles en magasin.
4. En plénière, comparez les listes et dressez une liste commune qui résume les différentes phases dans les postes généraux « transport », « coût salariaux », « utilisation d’énergie ».
5. Ensuite, de nouveau en petits groupes, demandez aux participants de déterminer le coût de chacun de ces postes, par exemple « culture du coton », « coûts salariaux », « transport », etc.
6. En plénière une nouvelle fois, discutez des estimations des coûts.
7. Pour terminer, distribuez les fiches d’informations et invitez les participants à les commenter.

Suggestions de suivi

Contactez l’antenne de la Clean Clothes Campaign dans votre pays pour compléter le travail que le groupe a démarré.
Vous pouvez examiner les questions de commerce équitable dans le domaine de la production des chaussures de sport ; le site qui suit donne des statistiques sur le prix réel de ces articles: http://www.vetementspropres.be

Le groupe peut être intéressé par les questions et dilemmes liés à la responsabilité sociale des entreprises. Par exemple, quantité de bonnes causes et de manifestations sont parrainées par des entreprises par ailleurs coupables de violations des droits de l’homme. D’autres entreprises polluent l’environnement. Le groupe peut examiner quelques-unes des questions soulevées par la déclaration de Jeremy Gilley, réalisateur et fondateur de Peace One Day : « Du point de vue de Peace One Day, nous ne pourrions exister ou fonctionner sans le soutien financier des entreprises. Ma position est extrêmement claire. J’ai le sentiment très fort que, pour pouvoir influer sur la chaîne de production, nous devons être ‘dans la place’. Il est très difficile, voire impossible de trouver une société dont la chaîne de production de bout en bout respecte à 100% le droit du commerce/des droits de l’homme même si cela, bien évidemment, est très souhaitable. »
Pour des informations sur cet exemple, voir les sites www.peaceoneday.org et http://www.clearingthehurdles.org.

Si le groupe souhaite explorer le droit de choisir librement son travail et de s’affilier à des syndicats, il peut opter pour l’activité « L’histoire d’Ashique »  sur le travail des enfants, ou « La réunion syndicale ». Si la question des vêtements de sport a été évoquée et que les participants veulent examiner d’autres aspects des droits de l’homme en relation avec le sport, poursuivez avec l’activité « Juste une minute ».

Idées d'action

Poursuivez le travail que vous avez commencé en vous réunissant avec d’autres groupes d’intérêt locaux et célébrez la Journée mondiale du commerce équitable. Vous trouverez une mine d’idées sur le site http://www.wftday.org/.

Vous pouvez aussi utiliser les connaissances et les expériences accumulées à l’occasion d’une campagne que vous avez organisée sur un autre sujet qui intéresse le groupe. Nombreuses sont les opportunités durant l’année de se joindre à d’autres pour sensibiliser aux droits de l’homme en général, et par exemple aux droits de la femme lors de la Journée mondiale de la femme, le 8 mars ; il y a aussi la Journée mondiale des réfugiés le 20 juin et celle des droits de l’homme le 10 décembre. En vous associant à d’autres militants, vous ferez la preuve de votre solidarité avec tous ceux qui se battent pour les droits de l’homme. Vous vous ferez de nouveaux amis, vous vous amuserez et vous apprendrez quantité de choses.

Informations complémentaires

De nombreuses organisations oeuvrent pour une production et un commerce équitables. Utilisez votre moteur de recherche pour trouver les organisations concernées dans votre commune. Les organisations ci-après ont des antennes dans beaucoup de pays européens :
• www.cleanclothes.org possède quantité d’informations et organise des campagnes auxquelles vous pouvez participer.
• Clothes for a Change Campaign propose cet article : “Did child labour make your shirt?” (Votre Tee-shirt a-t-il été fabriqué grâce au travail des enfants ?) http://www.organicconsumers.org
• People Tree est l’organisation pionnière concernant le commerce équitable de la mode à l’échelle internationale: http://www.peopletreefoundation.org/
• Le rapport sur le travail des enfants dans la production de coton de la Environmental Justice Foundation, intitulé “Children behind our cotton”, expose en détail les conditions choquantes endurées par un million d’enfants, selon les estimations – dont certains n’ont pas plus de 5 ans –, qui travaillent 12 heures par jour sous des climats extrêmement chauds ou froids et qui, souvent, sont victimes de violences verbales ou physiques et parfois même sexuelles: http://www.ejfoundation.org
• La mission de la Fair Wear Foundation est d’améliorer les conditions de travail dans l’industrie du vêtement: http://fairwear.org
• Le réseau Fair Trade Resource Network est un centre d’information destiné à encourager le commerce équitable et à développer un marché respectueux des personnes qui produisent la nourriture que nous consommons et les biens que nous utilisons: www.ftrn.org
• La Play Fair campaign est une fédération de groupes de droits de l’homme qui s’efforce d’inciter les marques de sportswear qui habillent les sportifs pour les Jeux olympiques à changer les conditions de travail déplorables sur leurs chaines de production et à respecter les droits du travail: www.clearingthehurdles.org

Documents

PDFà télécharger

Enquête sur le coût du coton
Les Tee-shirts en coton sont produits par plusieurs industries mondiales ; quasiment tous les pays du monde interviennent dans leur processus de production. En voici un exemple :

Au Burkina Faso, traditionnellement, les exploitations de coton sont la propriété de familles qui cultivent six à huit hectares de terre. Un kilo de coton brut produit au Burkina Faso vaut 0,23€. La vente du coton est l’unique source de revenu annuelle de beaucoup de producteurs.

Depuis l’exploitation, le coton est transporté vers l’usine d’égrenage pour y être transformé en ouate, un processus qui coûte 0,56€/kilo. Les ouvriers sont payés 73,40€ pour deux semaines de travail.

Le coton est ensuite acheminé pour être exporté vers le port de Lomé au Togo, où il est vendu à des marchands 0,88 €/kilo. Plus de la moitié est vendu à la Chine ; le coton est chargé sur des cargos qui se rendent à Shanghai, notamment, où il est vendu à des filatures locales 0,97€/kilo. La plupart des ouvriers sur la chaîne viennent de régions pauvres, souvent des vastes terres intérieures rurales de la Chine. Ils vivent dans des dortoirs dans les usines et travaillent de très longues heures pour un maigre salaire.

Les vêtements eux-mêmes – fabriqués pour une grande majorité des marques occidentales les plus connues, souvent dans la même énorme usine où est filé le coton – sont ensuite acheminés vers le port et chargés pour être exportés. Le prix moyen d’un Tee-shirt importé aux USA est de 1,10€ ; un grand magasin dans le centre de Manhattan en vendra deux pour 14,70€.

Le coton, qui coûtait au départ en Afrique 0,56€/kilo, vaut à présent 18,40€/kilo.

Cette information provient d’internet: BBC news channel programme, “Tracking the true cost of cotton”, 2 mai 2007.

Combien coûte réellement un Tee-shirt en coton ?
• Consommation d’eau : 2,157 litres (dont 45% pour l’irrigation)
• Consommation énergétique: 8 kilowatts/heure (28 800 000 Joules) d’électricité pour les machines à filer et à coudre ; 41,6 – 110 litres de carburant pour le transport par terre et mer
• Distances parcourues: 8 851 – 15 128+ km
• Emissions de gaz: NOx, CO, CO2, (gaz à effet de serre) SO2, N2O, composés volatiles
• Toxines: 1-3g de pesticides, échappement diesel, métaux lourds (colorants)
• Coût de l’importation : 0,44 – 0,77€
• Travail des enfants: dans 17 pays, coût moyen, 0,37€ par jour
• Divers: 53-91g d’engrais

Source: Earth Intelligence Network,
http://true-cost.re-configure.org/
http://forum.re-configure.org