Lors de la cérémonie marquant le 70ème anniversaire du Conseil de l’Europe, le 31 octobre 2019, les présidents du Congrès et de ses chambres, ainsi que des groupes politiques ont rappelé les valeurs fondamentales et les acquis du Conseil de l’Europe. Face à la crise de confiance dans les institutions démocratiques, ils ont souligné le rôle du Congrès dans leur mise en œuvre en tant que garant de la démocratie territoriale au sein du Conseil de l’Europe.
Le président du Congrès Anders Knape a évoqué l’allocution du Président français Emmanuel Macron, à Strasbourg le 1er octobre, qui avait comparé le chemin parcouru grâce au Conseil de l’Europe depuis 70 ans à un « miracle de paix ». « La prise en compte de la dimension locale et régionale de la démocratie participe à ce miracle et remonte aux origines de l’organisation, » a déclaré Anders Knape. Dès 1952, le Conseil de l’Europe décide de constituer une Commission spéciale des Affaires communales et régionales. Mais ce n’est qu’en 1994 que le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux voit enfin le jour. L’année 2019 marque ainsi un double anniversaire : les 70 ans du Conseil de l’Europe et les 25 ans du Congrès qui travaille depuis un quart de siècle « en faveur d’un meilleur équilibre entre les gouvernements locaux et régionaux et les gouvernements centraux au sein de nos sociétés ».
« Une véritable success story », selon Karl Heinz Lambertz, Vice-président de la Chambre des régions, qui a mis l’accent sur l’importance de la Charte européenne de l’autonomie locale, pierre angulaire du modèle démocratique européen. Il a appelé à renforcer la coopération du Congrès avec d’autres organisations et associations, en particulier avec le Comité européen des régions (UE), afin d’assurer la mise en œuvre des principes de la Charte au plus près des élus locaux et des citoyens.
Rappelant le rôle de l’Assemblée parlementaire dans l’institutionnalisation du Congrès - et notamment la tenue de la première session de la Conférence européenne des pouvoirs locaux en 1957- Xavier Cadoret, Président de la Chambre des pouvoirs locaux, a appelé à une coopération plus étroite entre l’Assemblée parlementaire et le Congrès. Il a aussi insisté sur la valeur ajoutée de la coopération du Congrès avec les pays de la Méditerranée, notamment le Maroc et la Tunisie dans le cadre du Partenariat Sud-Méditerranée.
Par ailleurs, le 70ème anniversaire a été l’occasion, pour les présidents des groupes politiques du Congrès, d’évoquer les défis qui menacent les valeurs fondamentales du Conseil de l’Europe. « La paix et la liberté ne vont pas de soi ! », a rappelé le président du groupe PPE Bernd Voehringer. Il a, en particulier, insisté sur le besoin de faire appliquer dans la pratique la Charte de l’autonomie locale et les recommandations du Congrès avec une attention particulière à la participation de la jeunesse.
« Mais comment y parvenir, si le Congrès ne dispose pas des moyens financiers nécessaires au sein du Conseil de l’Europe ? », se sont interrogés Piero Fassino, Président du groupe socialiste, et Marc Cools, Président du groupe indépendant et libéral démocratique en appelant le Comité des ministres à donner au Congrès les moyens d’assumer ses missions.
La question des ressources financières suffisantes est tout aussi fondamentale pour les collectivités territoriales. Promouvoir la participation des citoyens, assurer l’accès aux services pour tous, garantir les droits des minorités, intégrer les migrants, accueillir les réfugiés, veiller à la qualité environnementale et culturelle des villes : autant de responsabilités que les maires doivent assumer en première ligne, en dialogue constant avec les citoyens.
Pour Piero Fassino, ce sont autant de raisons pour lesquelles le Congrès doit continuer de se mobiliser en faveur de l’arrêt des politiques d’austérité et pour une augmentation des moyens des municipalités. Car, si ces politiques de restriction perdurent, a rappelé Marc Cools, elles risquent d’aggraver la crise de confiance des citoyens et d’affecter le bon fonctionnement de la démocratie. « Les chiffres des sondages sonnent déjà l’alarme : 33% des Allemands, 48 % des Français et 50% des Britanniques, pour ne citer que ces trois pays, se déclarent, selon un sondage réalisé en 2017, partisans d’un régime autoritaire, » a-t-il expliqué.
Svetlana Bohatyrchuk Kryvko, Présidente du groupe des conservateurs et réformistes européens, a, pour sa part, proposé que le concept de « sécurité démocratique » devienne un principe fondateur de l’action du Conseil de l’Europe et du Congrès qui doit non seulement adresser les défis d’aujourd’hui, mais aussi anticiper ceux de demain afin de garantir la liberté et la démocratie dans nos sociétés.
*** 37e Session du Congrès ***
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