Etabli en 2015, l’Agenda 2030 des Nations Unies pour le développement durable comporte 17 objectifs à concrétiser d’ici 2030 : deux tiers d’entre eux impliquent directement les collectivités locales et régionales. A mi-chemin de ce parcours, la Chambre des Régions a fait un point d’étape sur les progrès au niveau régional, mais aussi les limites des actions qui permettront de les atteindre.

Modéré par le Président de la Chambre, Tunç Soyer  (SOC/V/DP), la table-ronde consacrée aux « expériences régionales et aux leçons apprises pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) » a été ouverte lors de la session de la Chambre du 25 octobre par Gunn Marit Helgesen, présidente du Conseil des Communes et Régions d’Europe (CCRE). La table-ronde a donné la parole aux membres du Congrès et à ses partenaires, tous fortement mobilisés pour la réussite de ces objectifs.

Johannes Sundelin, vice-président pour le développement durable de l’Assemblée des Régions d’Europe (ARE), a montré comment sa région de Norboten, en Suède, organise ses projets en fonction des ODD tout en les adaptant aux besoins régionaux, après avoir consulté la population. Ainsi par exemple, si les mines de charbon cèdent aujourd’hui la place à des énergies plus vertes, leur chaleur résiduelle permet désormais de chauffer les maisons des habitants. L’Eurométropole de Strasbourg (France), a placé les ODD au cœur de ses programmes, tout en en évaluant la faisabilité. « Nous avons identifié 88 domaines d’actions en relation avec les ODD et nous avons pu progresser sur les trois quarts d’entre eux », a expliqué Christian Brassac, adjoint au maire et vice-président de l’Eurométropole, le quart restant se révélant trop complexe à atteindre. Il poursuit, « Souvent une action permet de répondre simultanément à plusieurs ODD, à l’image du verdissent des cours d’école : supprimer le bitume au profit de l’herbe permet non seulement de lutter contre les îlots de chaleur en ville, mais aussi de rééquilibrer l’usage de l’espace entre les filles et les garçons. »

Pour le directeur exécutif du réseau NALAS (associations de pouvoirs locaux de l’Europe du Sud-Est), Kelmend Zajazi, la réalisation des ODD passe par une forte implication des jeunes et par la promotion de la gouvernance multi-niveaux. La jeune déléguée slovène Anja Kosir soutient ces propos, mais déplore que la « coopération intergénérationnelle » ne soit pas assez encouragée pour la mise en œuvre des ODD, parfois trop abstraits.

 Les jeunes détiennent la clé du succès des ODD

Pourtant, ce sont bien les jeunes qui seront le moteur de la mise en pratique des ODD, a insisté Sigrun Myrvang, jeune déléguée observatrice norvégienne représentant le Réseau régional de la jeunesse de l’ARE, pour qui « les adultes imposent trop de choses, et voient dans les ODD des défis, alors que les jeunes y perçoivent des opportunités ». En outre, relève la jeune déléguée croate Téa Babic, l’ODD numéro 5 prône une réelle égalité des sexes, un thème qui devrait être mieux pris en compte par les collectivités locales et régionales, y compris face aux violences domestiques. Eline Thor Eliassen, la jeune déléguée danoise, souhaiterait quant à elle que les jeunes Européens travaillent plus avec les jeunes du reste du monde à la concrétisation des ODD, en collaborant avec eux par-delà les frontières. Joao Manuel Esteves, maire portugais membre du CCRE, affirme lui aussi sa volonté de mieux coopérer avec les jeunes, tout en mettant en garde contre la « ségrégation par l’âge » dans les programmes de travail.

Eirini Dourou (R, Grèce, SOC/V/DP) a regretté pour sa part l’absence de démarches inclusives dans la mise en place des ODD, alors que l’agenda 2030 a aussi pour objectif de renforcer l’inclusivité.

Les ODD doivent encore être mieux connus par des élus

Sur le terrain, de nombreux responsables régionaux intègrent déjà au quotidien les principes des ODD : « ils sont présents dans tous nos projets régionaux », assure Reinhart Rohr (R, Autriche, SOC/V/DP), président du Parlement régional de Carinthie. Toutefois, d’autres intervenants se montrent prudents quant à la généralisation de leur application : Johannes Sundelin admet qu’il faut encore « mieux faire connaitre » les ODD, et Christian Brassac regrette que « beaucoup trop d’élus, notamment en France, ne sachent toujours pas en quoi consistent les ODD ». « Il y a effectivement un travail d’information à faire, admet Kelmend Zajazi, et nous ne disposons pas toujours des ressources nécessaires à leur réalisation même si, à l’inverse, nos programmes répondent souvent à leurs objectifs sans savoir que ceux-ci font partie des ODD ».

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45e Session
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