Retour Alberto Nunez Feijoo : « Les « diasporas » sont un atout culturel, économique et démographique pour leurs régions d’origine »

Alberto Nunez Feijoo : « Les « diasporas » sont un atout culturel, économique et démographique pour leurs régions d’origine »

Formées au fil de l’histoire, les « diasporas » de citoyens originaires d’une même région partis vivre dans un autre pays constituent un atout culturel, économique et démographique pour leurs régions d’origine. Pour cette raison, certaines régions ont choisi de renforcer les liens avec leurs anciens habitants installés ailleurs, voire même de les inciter à revenir sur leur sol. Alberto Nunez Feijoo, président du gouvernement régional de Galice (Espagne) a présenté à la Chambre des régions la politique menée par sa région dans ce domaine.

Sur 2,6 millions d’Espagnols vivant à l’étranger, plus de 500 000 sont originaires de Galice, elle- même terre de routes et de rencontres, à l’image des chemins de Saint Jacques menant à sa capitale Compostelle. « Il y a 200 communautés galiciennes dans 50 pays du monde, avec parmi elles 225 000 Galiciens qui ne sont pas nés en Galice, mais qui en sont issus par leur famille », a-t-il expliqué : cette diaspora est établie principalement en Amérique du Sud et dans d’autres pays européens. « Nous sommes une petite région géographiquement parlant, mais avec une très forte identité culturelle », souligne M. Nunez Feijoo, « et nous avons toujours gardé des liens avec nos concitoyens partis vivre loin de chez nous ». Il s’agit d’ailleurs d’une obligation légale pour la région, qui a mis en place dans ce cadre un « Conseil représentatif des communautés galiciennes à l’étranger ».

La région peut proposer des aides aux Galiciens vivant à l’étranger : actuellement, ce sont les Galiciens vivant à Cuba et au Venezuela qui en bénéficient le plus, mais elles concernent aussi l’Argentine, l’Uruguay et le Brésil, et permettent notamment d’aider des personnes âgées qui y résident. Mais au-delà des liens affectifs, culturels et historiques, la Galice a aussi tout intérêt à voir revenir certains de ses habitants ou de leurs descendants, qu’ils aient ou non la nationalité espagnole. « Nous versons des bourses aux jeunes qui viennent étudier chez nous, ou aidons les familles à trouver un emploi et un logement, tout en leur assurant gratuitement des soins de santé », poursuit le président du gouvernement galicien. Actuellement, 3000 familles retournées vivre en Galice bénéficient de telles aides ; celles qui n’ont pas encore la nationalité espagnole peuvent obtenir un titre de séjour leur permettant de travailler immédiatement sur place. Alors que le pays traverse une crise démographique, le retour des Galiciens de l’étranger permet de faire progresser la population régionale de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

L’exemple de la Galice illustre combien le maintien du lien entre la région d’origine et la diaspora peut être un important facteur de développement, a rappelé le président de la Chambre des Régions, Harald Sonderegger (Autriche, PPE/CCE) en ouvrant cette rencontre. 73 % des Etats du monde disposent d’ailleurs d’institutions et d’organismes qui se consacrent aux relations avec leur diaspora. De nombreux pays européens sont à la fois terre d’accueil des diasporas, et terre de départ pour leurs citoyens, à l’image de la Turquie, comme le rappelait Gunes Pehlivan (Turquie, SOC/V/DP). Elle a souligné à ce sujet que « vivre dans une diaspora reste plus facile pour les hommes que pour les femmes ». Hanna Zamazeeva (Ukraine, GILD) voit dans les membres des diasporas des « ambassadeurs », tant de leur pays d’accueil que de leur pays d’origine, lesquels coopèrent aussi à travers eux : ainsi par exemple, la Turquie construit en Ukraine des logements pour ses ressortissants.

« Les diasporas sont des passerelles entre le pays d’accueil et le pays d’origine », a relevé la déléguée jeune albanaise Ilda Methasani, pour qui le maintien du lien est une opportunité pour les deux pays, même si trop de départs peuvent appauvrir selon elle le pays d’origine. Enfin, Reinhardt Rohr (Autriche, SOC/V/DP) a présenté une initiative lancée par le Land de Carinthie, dont il est le président, et qui a permis de créer une association mondiale des Carinthiens, « Weltkärtner », destinée à renforcer les liens et les échanges entre cette diaspora et sa région d’origine.

 Vidéo du débat

41eSession Strasbourg, France 29 octobre 2021
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