Retour Andrew Boff : « Les collectivités locales doivent se préparer à subir des crises multiples et simultanées »

Andrew Boff : « Les collectivités locales doivent se préparer à subir des crises multiples et simultanées »

Pandémie, réchauffement climatique, crise économique, guerre en Ukraine : l’Europe a rarement connu autant de crises multiples et simultanées que ces dernières années, et  les collectivités locales se retrouvent souvent en première ligne. « A défaut de pouvoir prévoir les crises, sommes-nous suffisamment préparés à les affronter ? » s’est demandé Andrew Boff (Royaume-Uni, R, ECR) en introduisant, jeudi 23 mars, un débat sur « la résilience des villes et des régions face à des crises multiples ».

En 2021, lors de la pandémie de Covid-19, le Congrès s’était déjà inquiété d’un risque de « recentralisation », prônée par certains pays au motif de mieux appréhender la crise sanitaire. C’est, au contraire, en  renforçant leurs compétences et en garantissant les principes de l’autonomie locale, même en temps de crise, que l’on pourra rendre les collectivités territoriales plus résilientes,  a rappelé M. Boff, y compris face aux menaces que fait planer le réchauffement climatique sur la survie de l’humanité. Le Congrès doit aider les collectivités territoriales à améliorer leurs réponses face aux crises et aux catastrophes, et approfondira ses travaux sur ces thèmes.

Le Congrès salue la réactivité des autorités locales lors des tremblements de terre en Türkiye

L’évidence du rôle primordial des collectivités locales face aux crises majeures a été tragiquement rappelée lors des tremblements de terre de février 2023, qui ont ravagé le sud- est de la Turquie en faisant au moins 50 000 victimes. Le maire de Konya, Ugur Ibrahim Altay, est allé à Hatay, la ville la plus touchée de Türkiye, et a salué l’immédiateté des secours lancés par tous les services locaux des zones concernées. Il a également salué l’immense solidarité des villes jumelées avec celles des régions dévastées. Si les secours, l’alimentation et la santé des habitants ont constitué les premières priorités, l’aménagement d’abris pour la population et la reconstruction ont commencé, y compris celle de ses principaux monuments historiques, a souligné M. Altay, rappelant que les liens et les amitiés nouées par les villes turques avec le reste du monde ont favorisé la solidarité internationale, partie là aussi du niveau local.

Lors du débat, de nombreux membres turcs du Congrès ont mis en avant la réactivité et la solidarité de l’ensemble des collectivités locales turques pour venir en aide aux régions détruites, alors que l’Etat central a été souvent critiqué pour la lenteur de ses réactions. Il faudra reconstruire ces régions de manière plus « durable » que par le passé, notamment en matière de normes antisismiques, tout en veillant à recréer le tissu local qui les fait vivre, a expliqué Cemal Bas (Türkiye, L, PPE/CCE). La catastrophe de février rappelle aussi qu’une grande partie de la Türkiye est menacée par des drames comparables, s’est inquiété Hasan Akgun ( Türkiye, L, SOC/V/DP) en appelant la ville d’Istanbul à mieux se préparer face à un séisme qui pourrait détruire en un instant plus de 400 000 bâtiments et faire des centaines de milliers de victimes. « Ce ne sont pas les tremblements de terre qui tuent, mais les écroulements qui en découlent », ont rappelé plusieurs autres membres.

« L’entraide des autorités locales nous fait chaud au cœur », a ajouté Andrew Boff, rappelant au passage que les jumelages entre les villes, loin de n’être qu’une occasion de faire des beaux discours, se révèlent particulièrement utiles dans les situations de crise.

Mieux prendre en compte les préoccupations des jeunes face aux crises majeures

Dans un autre cadre, le maire de Bristol (Royaume-Uni), Marvin Rees, a présenté quelques dispositifs de réponse aux crises mis en place dans sa ville, en particulier le programme « One City Approach » qui réunit de nombreux partenaires publics et privés pour rendre la ville plus saine, plus agréable à vivre et plus durable. Pour lui, toutes les villes doivent intégrer la résilience dans leurs programmes d’actions, face aux incertitudes croissantes de l’avenir, et coopérer autour de ces questions dans le cadre de réseaux internationaux.

Au-delà de leurs effets directs, les désastres et les guerres entraînent pour les jeunes générations de véritables traumatismes, même quand elles n’y sont pas directement confrontées : « Il y a une crise mentale dans la jeunesse et une forte augmentation des dépressions », s’inquiète la déléguée jeune suisse Darleen Pfister. Reprenant un avis du « Parlement des jeunes » de Berne, elle souhaiterait que les jeunes les plus affectés par ces souffrances psychologiques puissent être accompagnés par des « mentors » capables de les épauler dans  cette situation.

Selon la déléguée jeune néerlandaise Dema Elya, toute gestion des crises au niveau local doit tenir compte de l’avis et des perspectives de la jeunesse. S’il est utile de renforcer le volontariat et le bénévolat pour mieux préparer les populations aux crises, il faudrait aussi que les élus locaux communiquent mieux et de manière plus transparente avec les jeunes et leurs représentants. Le délégué jeune italien Giulio Bernasconi estime, lui, qu’en écoutant mieux les jeunes, on renforcerait leur confiance en la société et la politique. Les délégués jeunes du Congrès préparent d’ailleurs actuellement des recommandations sur ce thème à l’intention des élus.

 

 Vidéo des débats

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