Retour George Alexakis : « Il n’y aura pas de transition énergétique sans démocratie énergétique »

George Alexakis : « Il n’y aura pas de transition énergétique sans démocratie énergétique »

Fortement engagées dans la transition énergétique, les régions européennes sont conscientes que le succès de ces évolutions passe par des solutions adaptées aux spécificités de chacune d’entre elles, et implique l’adhésion des populations directement concernées. Un débat sur « le rôle des régions dans la transition énergétique », tenu mercredi 25 octobre dans le cadre de la Chambre des Régions, a illustré ces principes par plusieurs exemples concrets.

Vice-président responsable des affaires européennes et internationales de la Crète (Grèce), George Alexakis est aussi chargé de l’énergie et du climat au sein de la Conférence des Régions périphériques maritimes (CPMR), dont il est vice-président. S’il rappelle que la transition énergétique doit être « juste » sur le plan territorial et comprise des habitants, il insiste sur l’importance encore plus grande de ces exigences dans les régions insulaires, aux fortes particularités.

Le soleil et la mer permettent à la Crète de diversifier ses sources d’énergies renouvelables pour s’éloigner des énergies fossiles. L’éolien, le photovoltaïque, la géothermie et l’hydrogène « verte » cohabitent désormais sur l’île, reliée de surcroît par deux câbles sous-marins avec le continent, pour répondre aux enjeux « vitaux » représentés par le stockage de l’énergie. Des interconnexions se mettent aussi en place entre la Crète et l’Egypte.

 En outre, les Crétois sont associés concrètement à la transition énergétique, comme à Minos où l’installation d’équipements photovoltaïques, décidée par la population, fournit désormais gratuitement en électricité 400 foyers et entreprises : il s’agit là, pour M. Alexakis, d’un exemple de « démocratie énergétique » qui doit accompagner toute transition énergétique.

Acceptation ou refus : l’importance du dialogue  autour de la transition énergétique 

Ministre de l’environnement du canton du Jura (Suisse), David Eray a présenté quelques réalisations innovantes menées dans le canton, par exemple en matière de biomasse, d’éolien ou de géothermie, avant de revenir à son tour sur la question de la démocratie : « Il est tout à fait normal qu’il y ait des inquiétudes, de même que des opposants à certains projets, mais les oppositions fortes à des aménagements  déjà votés démocratiquement par la collectivité posent tout de même question en terme d’état de droit », a-t-il observé.

Dans tous les cas, les projets de transition énergétique doivent correspondre aux besoins des populations, et inversement. « Nous devons être conséquents dans nos démarches, et savoir bien les expliquer à tous les citoyens », a conclu M.  Eray.

Confrontée pour sa part à la sortie progressive du lignite, un charbon particulièrement polluant, la Lusace (Lausitz), région de l’est de l’Allemagne, a défini elle aussi sa reconversion énergétique en recherchant le consensus avec ses habitants, a expliqué Heiner Klemp (R, Allemagne, SOC/V/DP). Même préoccupation chez Cecilia Dalman-Eek (R, Suède, SOC/V/DP), pour qui l’inclusion des municipalités et la prise en compte des propositions citoyennes dans les actions menées, à travers le réseau d’énergies renouvelables « Smart Energy », favorise le dialogue démocratique. Levan Zhorzholiani ( R, Georgie, SOC/V/DP), puis Aida Jalilzade ( R, Azerbaïdjan, CRE/ECR) ont souligné quant à eux que les grands projets de transits et de « corridors verts » qui traverseront leurs pays respectifs renforceront leur rôle de plateforme énergétique entre l’Europe et l’Asie.

Lutter contre la pauvreté énergétique

Délégué jeune espagnol, Andres Rodriguez Perez a souhaité pour sa part un approfondissement du dialogue entre les jeunes et les autorités autour de la transition énergétique, et notamment de son côté équitable. Les pouvoirs locaux et régionaux devraient, selon lui, veiller à une meilleure égalité entre les villes et les espaces ruraux face à cette transition. Un point de vue complété par Lia Montalti ( R, Italie, SOC/V/DP) qui s’inquiète de la « pauvreté énergétique » d’un nombre croissant de familles qui ne peuvent plus s’approvisionner en énergie, que celle-ci soit renouvelable ou non. Sa région, l’Emilie-Romagne entreprend d’ailleurs actuellement la réalisation du plus grand parc éolien de la Méditerranée, un projet « essentiel » pour la concrétisation de cette transition.

 

 Interview Mediabox avec George Alexakis

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