Les menaces et les agressions vis-à-vis des représentants du pouvoir local sont de plus en plus fréquentes. Les témoignages de la maire de Gdansk, des maires d’Altena et de Haarlem en ont fait le constat lors d’un débat sur le thème des « maires sous pression » à la Chambre des pouvoirs locaux du Congrès, le 3 avril 2019.
Faire participer les citoyens à l’exercice du pouvoir constitue le moyen le plus efficace pour les former à la démocratie, c’est ce qu’a souligné Aleksandra Dulkiewicz dans un message adressé aux représentants de la Chambre des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe. Elue maire de Gdansk suite à l’assassinat du maire Paweł Adamowicz le 14 janvier 2019, elle avertit ses collègues sur les conséquences des politiques populistes qui mettent en danger la démocratie locale. Seuls des citoyens libres, responsables et conscients de leurs droits et de leurs devoirs, pourraient, d’après elle, constituer un rempart contre la propagande qui stigmatise certains groupes sociaux, ethniques ou religieux. Voilà pourquoi la mairie de Gdansk s’appuie sur la participation directe des habitants dans la gestion de la cité. Elle a ainsi mis en place : une série de panels de discussion qui invitent les citoyens à prendre part dans des débats sur les politiques de la mairie ; un budget participatif à hauteur de 3 millions d’euros qui permet aux résidents de décider des investissements qui répondent aux besoins de leurs quartiers ou de la ville ; un modèle, propre à la ville, d’intégration des immigrés.
Pourtant, la question de l’intégration des immigrés continue à susciter ailleurs des tensions au niveau des communes. Le maire d’Altena en Allemagne, Andreas Hollstein a payé cher le prix d’intégration que lui a été discerné par la chancelière Angela Merkel, puis le prix Nansen pour les réfugiés. Poignardé en 2017 en pleine rue par un opposant à la politique d’accueil des réfugiés, il a témoigné devant la Chambre des pouvoirs locaux du non-respect croissant vis-à-vis non seulement des maires, mais aussi de tous les élus locaux, voir même des pompiers des communes. “Plus de 50% des maires en Allemagne, ont fait l’objet de menaces sous une forme ou une autre, affirme-t-il, et ce sont très souvent les représentants des pouvoirs locaux qui sont tenus responsables par la population des politiques décidées au niveau du gouvernement central.” La réponse ? Ecouter, mettre en confiance les citoyens de tout bord pour essayer d’identifier, puis réparer les fissures.
Le témoignage du maire de Haarlem au Pays-Bas Joe Wienen a confirmé l’escalade des pressions subies par les maires, même dans un pays comme le sien “où les maires avaient l’habitude de se déplacer en vélo”. Depuis 7 mois Joe Wienen ne peut continuer à exercer ses fonctions qu’à condition d’être en permanence entouré de ses gardes du corps. Dans une maison hautement sécurisée, il vit à l’écart de sa famille qui a déménagé pour se protéger des menaces de mort. L’augmentation des prérogatives des maires dans la lutte contre les hooligans ces 15 dernières années serait, d’après Joe Wienen, une des causes principales de cette situation. Fermeture de bars fréquentés par les Hells Angels, imposition du couvre-feu dans certains quartiers chauds, mais aussi la recherche de logements pour les réfugiés – voilà quelques-unes des raisons qui ont nourri la haine contre lui. Pourtant, le maire de Haarlem continue à s’appuyer sur les messages de soutien de nombreux citoyens et ne perd pas sa foi dans la force des procédures démocratiques.
Lors du débat qui a suivi les témoignages, les délégués ont insisté sur la nécessité de continuer à inscrire ce thème dans l’ordre du jour du Congrès et de la Chambre des pouvoirs locaux. Le soutien politique et collégial, mais aussi l’expertise, qui y sont réunis, sont essentiels pour encourager les maires dans leur exercice de la démocratie, malgré les pressions subies. La discussion a été conclue avec la proposition de créer un groupe de travail spécialisé et de rédiger un rapport thématique comparant les situations des maires sous pression dans les 47 pays membres du Conseil de l’Europe.
- Discours de:
- Jos WIENEN, Maire de Haarlem, Pays-Bas
- Andreas HOLLSTEIN, Maire d’Altena, Allemagne - Message fde Aleksandra Dulkiewicz, Maire de la ville de Gdansk
- Interview Mediabox
*** 36e Session du Congrès ***
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