Retour Face aux crises, les Etats devraient renforcer les capacités financières des région

Face aux crises, les Etats devraient renforcer les capacités financières des région

Durement touchées par la crise du Covid-19 puis par les conséquences économiques de la guerre en Ukraine, les régions européennes ont-elles les capacités financières pour préparer leur « redécollage » lorsque l’horizon s’éclaircira, alors que d’autres menaces, prévisibles ou non, se profilent pour l’avenir ? Oui, si elles disposent des compétences leur permettant de mener les politiques les mieux adaptées à leurs besoins, ont estimé les participants à un débat sur « les finances régionales en réponse aux crises » organisé le 26 octobre 2022 à la Chambre des Régions du Congrès, avec la participation de l’OCDE.

Chargée par ses 38 pays membres d’étudier la manière dont les régions ont fait face aux conséquences financières des confinements imposés par la pandémie de Covid-19, l’OCDE a constaté que les régions les mieux armées face aux crises économiques sont celles qui disposent de capacités budgétaires propres, mais aussi de responsabilités bien définies. « Nous recommandons aux gouvernements de donner plus de capacités financières aux régions, notamment pour leur permettre de mieux gérer les services placés sous leur autorité » a souligné Sean M. Dougherty, Conseiller Principal et Chef du secrétariat du Réseau de l’OCDE sur les relations fiscales. Les partages de responsabilité entre les Etats et les régions doivent être mieux définis, et il faut éviter les approches trop verticales, car ce sont les collectivités territoriales qui sont en première ligne pour le fonctionnement des services, a-t-il poursuivi. Il préconise des réponses « fluides » face aux crises, mais aussi la mise en place de politiques fiscales stables, permettant de mieux lutter contre l’évasion fiscale. Il a insisté, enfin, sur les défis financiers qu’entraînera le vieillissement accru de la population, un problème qui ne doit pas seulement être géré de manière centralisée, mais aussi au niveau régional.

De Madrid à Helsinki, les régions relancent leur croissance économique

Sur le terrain, plusieurs grandes régions dotées de fortes compétences ont lancé des stratégies de sortie de crise qui commencent désormais à porter leurs fruits, à l’image des 30 mesures économiques mises en place dès 2021 par la région de Madrid (Espagne). « Nous avons pris des mesures pour garantir le financement des soins de santé, mais aussi décidé un moratoire sur les taxes et impôts régionaux, tout en encourageant la coopération entre les secteurs publics et privés et en facilitant les créations d’entreprises » a expliqué José Francisco Herrera Antonaya, Directeur Général de la Coopération avec l’Etat et l’Union européenne de la région de Madrid. Les institutions culturelles et touristiques ont été soutenues et ont pu rouvrir très vite, tandis que les magasins ont été autorisés à ouvrir 24 heures sur 24. En outre, la région a augmenté son budget de l’éducation de 16%, mais a aussi augmenté ses aides à l’emploi des indépendants… et aux jeunes mères pour encourager la natalité. Résultat, Madrid a désormais retrouvé 99% de son PIB d’avant le Covid et le chômage a baissé de 25% en 6 mois.

De même, la région d’Uusimaa, « poumon économique » de la Finlande, a su transformer les aides que lui a apportées le gouvernement central pendant la crise en investissements d’avenir : « Elles ont aussi servi à promouvoir la recherche, notamment en matière de durabilité, de recyclage et de réutilisation des matériaux, dont le bois, et à stimuler l’immigration, vitale pour nos activités économiques », a expliqué Atte Kaleva, membre de l’Assemblée Régionale d’Helsinki-Uusimaa.

Environnement, éducation, vieillissement : les financements régionaux doivent anticiper l’avenir

Beaucoup de régions réorientent leurs budgets vers des activités qu’elles jugent prioritaires. Günther Bergmann (Allemagne, PPE/CCE) a présenté les récentes décisions budgétaires du parlement régional de Rhénanie du Nord-Westphalie, qui a décidé de mieux rémunérer les enseignants, de développer la lutte contre la cybercriminalité et de renforcer la protection contre les catastrophes naturelles et les inondations. Pour Aïda Jalilzade (Azerbaïdjan, CRE), les difficultés des régions ne s’expliquent pas seulement par des raisons économiques ou politiques, mais par des raisons institutionnelles. « La décentralisation budgétaire est essentielle pour les régions et l’on peut se demander si la faible décentralisation n’est pas en elle-même un obstacle à la reprise », a-t-elle conclu.

Président du Parlement régional de Carinthie, Reinhart Rohr (Autriche, SOC/V/DP) a rappelé que sa région avait dépensé plus de 200 millions d’euros supplémentaires dans le cadre de la lutte contre le Covid, et venait de débloquer 125 millions d’euros pour aider les citoyens à affronter l’inflation et la crise énergétique : « Nous augmentons les allocations pour les familles avec de jeunes enfants, et nous réduisons les cotisations sociales ». Toutefois, a-t-il souligné, les impôts sont, en Autriche, largement collectés par l’Etat et redistribués dans le cadre d’une péréquation au niveau national, régional et communal : une liberté fiscale accrue des régions peut entrainer un risque de concurrence entre elles, ce qui n’est pas souhaitable selon lui.

Enfin, Kevin Bentley (Royaume-Uni, CRE) invite les élus locaux et régionaux à réfléchir dès maintenant aux conséquences du vieillissement sur leur économie : en 2050, 50% de la population britannique sera âgée ou retraitée, rappelle-t-il, ce qui constituera un lourd défi financier.

 Vidéo du débat

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43e Session

Ordre du jour - Dossier web Multimédia (Retransmission en direct, interviews, vidéos et photos)

Chambre des Régions Strasbourg, France 27 octobre 2022
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