Kyiv en Ukraine, Cascais au Portugal et Héraklion en Grèce : ces trois villes ont créé récemment des structures destinées à promouvoir la participation de leurs habitants à la vie politique locale, tout en s’ouvrant aux groupes souvent mal représentés dans les assemblées élues. Organisé le 7 novembre avec le soutien du Congrès, un « Lab » du Forum Mondial de la Démocratie, modéré par Véronique Bertholle (France, SOC/V/DP), maire adjointe de Strasbourg, a présenté ces initiatives tout en plaidant pour leur développement à travers l’Europe.
Le « Vcentri Hub » ou Hub de la décentralisation de Kyiv est ouvert à toutes les ONG de la capitale ukrainienne, qui peuvent non seulement s’y retrouver et s’y exprimer, mais aussi apprendre à travailler entre elles et à élaborer et faire connaître des projets concrets. A Cascais, le « Système participatif local » s’adresse à tous les citoyens, amenés à participer tant en présentiel qu’en ligne à l’élaboration des politiques locales. Largement inclusif, il met toutefois l’accent sur les jeunes, les migrants, les personnes âgées ou les personnes handicapées, et permet aux citoyens de s’exprimer sur des sujets très concrets, y compris l’embellissement des jardins ou des abords des écoles. Pour la municipalité, cette structure est d’autant plus nécessaire que les citoyens s’éloignent de plus en plus de la vie politique : « après la Révolution de 1974, on comptait 8,5% d’abstention aux élections locales, et maintenant, c’est 62%, car les gens ne se sentent pas concernés, et il faut donc stimuler leur intérêt et leur permettre de s’exprimer », soulignent José Dalmeida et Isabel Xavier Canning, à la tête de cet organisme.
L’ « accélérateur de la démocratie numérique locale» d’Héraklion a déjà présenté 235 propositions concrètes élaborées par les citoyens, et aide aussi les groupes non représentés dans les assemblées, car privés du droit de vote à s’y faire entendre, en particulier les résidents étrangers et les migrants. Les dossiers préparés dans ce cadre sont ensuite transmis aux élus et aux décideurs.
Les structures participatives complètent la représentation politique locale
Pour Bryony Rudkin (Royaume-Uni, SOC/V/DP) conseillère municipale d’Ipswich, ces structures innovantes « ré-imaginent l’espace municipal » et doivent servir d’exemple. La déléguée jeune lituanienne du Congrès Sandra Slusnyté trouve « formidable » que Kyiv, malgré la situation actuelle du pays, ait su se doter d’un espace ouvert aux attentes des jeunes, et se félicite, comme Mme Rudkin, de la mise en place de structures de démocratie « bottom- up » et circulaires et non plus seulement verticales. Ulysse Pavard, jeune délégué français du Forum, considère que ce type d’initiatives « peut attirer les citoyens peu intéressés ou peu concernés par la vie politique locale ». Il voit aussi dans ces réalisations « un premier pas vers la vie politique pour de nombreux citoyens se sentant trop éloignés d’elle ». Comme le résumait Isabel Xavier Canning, la démocratie représentative, issue des élections, ne suffit plus, seule, à refléter toute la diversité de la société : il faut, à côté d’elle, développer aussi la démocratie participative et la démocratie collaborative.
LAB 4 : Comment promouvoir la diversité au niveau local ? - world-forum-democracy