Coopération, confidentialité et dialogue : les piliers du CPT
Pour Hugh Chetwynd, la coopération, la confidentialité et le dialogue sont essentiels à la réussite de la mission du CPT. « Notre objectif est de reconnaître qu'il n'existe pas de système parfait, mais d'aider les États à surmonter leurs défis », explique-t-il. En tant qu’organe non-judiciaire, le CPT travaille avec les États dans un esprit de coopération afin de protéger les personnes privées de liberté en conseillant plutôt qu’en condamnant les Etats.
Une augmentation prévisible du nombre ressortissants étrangers retenus
« Nous allons vraisemblablement assister à une augmentation du nombre de ressortissants étrangers retenus à nos frontières, en particulier celles de l'Union européenne. »
Les tendances actuelles en matière de privation de liberté sont le reflet de changements politiques et sociaux importants. La montée de l'autoritarisme entraîne des détentions arbitraires ainsi que des mauvais traitements, qui sont des phénomènes étroitement surveillés par le CPT. Un rapport complet à d’ailleurs été consacré à cette question en 2023 : « La Prévention des mauvais traitements infligés aux ressortissants étrangers privés de liberté dans le contexte des éloignements forcés aux frontières »
L’inquiétude persistante de la surpopulation carcérale
« Malgré la baisse de la criminalité en Europe, la population carcérale augmente, ce qui entraîne la détérioration des conditions de détention en prison », constate Hugh Chetwynd. Depuis plus de 20 ans, la surpopulation carcérale reste une priorité pour le CPT. Le dernier rapport SPACE (2023) met en évidence cette problématique, signalant une forte augmentation de la population carcérale. Depuis 2022, le problème s’est aggravé dans de nombreux pays d’Europe.
« Une nouvelle approche sociétale semble nécessaire »
Hugh Chetwynd souligne que la responsabilité ne repose pas uniquement sur les établissements de privation de liberté, mais sur l’ensemble de la société. Pour véritablement améliorer les conditions de détention et garantir le respect des droits humains, une mobilisation collective est nécessaire, impliquant les gouvernements, les organisations non gouvernementales, les professionnels de la santé et du droit, la collectivité en général : « Nous tendons un miroir à ce qui se passe. Nous n'avons pas toutes les solutions, mais en travaillant étroitement avec les pays, nous reconnaissons qu'il est possible d'améliorer la manière dont les personnes placées en détention sont traitées » explique-t-il.