Située au nord du comté (județ) de Braşov, la région de Rupea-Cohalm présente un caractère rural marqué avec ses exploitations agricoles familiales et son peu d’activités économiques non agricoles.

De vastes forêts de chênes et de grandes étendues de pâturages et de terres cultivées agricoles recouvrent ses reliefs vallonnés composant un paysage spectaculaire. Les nombreux villages qui entourent la ville de Rupea se caractérisent tous par une forte densité d’ouvrages architecturaux vernaculaires et sont tous connus pour leurs ensembles d’églises évangéliques fortifiées et leurs églises orthodoxes qui témoignent de la diversité ethnique et religieuse du territoire. Les Roumains orthodoxes, les Hongrois catholiques romains et les Saxons évangélistes vivent ensemble, aux côtés de Roms et de populations d’autres origines ethniques et religieuses. Ces groupes perpétuent le folklore, les coutumes et l’artisanat et continuent d’organiser des cérémonies traditionnelles et des manifestations héritées du passé. La plupart des biotopes sont protégés en tant que « sites Natura 2000 » et les monuments naturels, les sites archéologiques et les maisons commémoratives jouissent d’un statut spécifique. De multiples ONG, associations et opérateurs privés lancent des initiatives et mènent des projets pour protéger et préserver la richesse et la diversité de ce patrimoine naturel et culturel, pour améliorer les infrastructures, pour intégrer les familles roms dans le tissu social, etc.

Cela étant, faute d’établissement précis des droits de propriété, il est souvent mis fin à des initiatives et programmes. En raison d’un manque de coordination entre les différentes activités et de synergies entre les projets, il ne s’observe pas d’impact appréciable sur la région, marquée par des infrastructures médiocres, des routes en piètre état, et l’absence, dans beaucoup de localités, d’eau potable, de tout-à-l’égout, d’électricité, de traitement des déchets ou de transports publics entraînant à son tour une absence de mobilité de la main-d’œuvre. Le taux de chômage élevé, en particulier chez les Roms, source de stigmatisation, équivaut quasiment au taux d’emploi. L’équipement agricole est obsolète. Les produits locaux ne trouvent pas de débouchés suffisants. L’absence de programmes de reconversion se traduit par le départ de nombreux jeunes qui laissent derrière eux une population vieillissante. Les constructions illégales, l’absence de régulation de l’exploitation forestière et les décharges sauvages mettent en péril le patrimoine naturel en tant que richesse locale. Les monuments historiques sont dans un état de dégradation avancée, et tombent souvent en ruines. Les interventions et transformations illégales sur les habitations traditionnelles indiquent la volonté des habitants de les moderniser coûte que coûte, mais l’architecture traditionnelle des villages en pâtit. L’artisanat risque fort de disparaître, car les jeunes ne sont pas suffisamment disposés à en perpétuer les pratiques. Autre grand risque, celui d’un conflit entre la société traditionnelle et les modes d’expression d’une modernité relativement agressive.

Le Projet Pilote de Développement Local (LDPP) a été mis en œuvre en Roumanie à la demande du ministère de la Culture. Il a été assuré d’un certain nombre d’appuis politiques (dans le cadre du Programme régional pour le patrimoine culturel et naturel du Sud-est de l’Europe du Conseil de l’Europe). Le ministère de la Culture s’est chargé d’établir des contacts et des collaborations avec les autres instances nationales afin de créer la Commission interministérielle. La participation directe des grands ministères (économie, environnement, aménagement du territoire, etc.) a été considérée comme un facteur déterminant pour la réussite du projet, en raison de son approche intégrée du développement local et régional fondée sur les ressources du patrimoine culturel et naturel du territoire.

Malheureusement, le ministère de la Culture a éprouvé des difficultés à mobiliser d’autres ministères pour œuvrer aux objectifs généraux du projet, concernant en particulier leurs contributions financières. Des activités ont par conséquent été reportées, freinant ainsi la production de résultats concrets qui auraient pu servir à stimuler l’intérêt politique des ministères. Les calendriers électoraux (au niveau local et national) ont exigé une constante re-mobilisation des nouveaux élus. Le fréquent changement de coordinateur du projet au sein du ministère, d’une part, et l’incapacité de l’Agence de développement de Braşov à gérer efficacement l’unité technique (PIU), d’autre part, ont considérablement ralenti l’avancement du projet. L’instabilité politique en 2011 et 2012 a compromis la revitalisation du LDPP après l’échec de la phase de Diagnostic.

Le LDPP a cependant aidé à mettre en évidence les problèmes de gestion, concernant en particulier les approches interministérielles et la décentralisation (gouvernance locale) ou encore la participation de la société civile. Ces enjeux demeurent importants en Roumanie, ce qui confirme l’intérêt et souligne le potentiel d’une approche novatrice comme le LDPP. Les échanges et débats avec les différents partenaires ont directement encouragé une certaine prise de conscience et des initiatives individuelles au sein des institutions, comme le donnent à penser des affirmations selon lesquelles l’approche et les méthodes de travail du LDPP auraient aidé les instances concernées à satisfaire aux exigences européennes (comme l’établissement d’un plan d’activités).

Quelques chiffres
  • Région pilote : Rupea-Cohalm
  • Superficie : 1011 km2
  • Population : 26804 (2009)