L.I.N.K.E.D. - Lignes directrices pour une approche intégrée de la gestion de la culture, de la nature et du paysage
Ces dernières décennies, nous avons de mieux en mieux compris que culture et nature sont indissolublement liées et que ces liens ont une importance capitale pour le développement durable et, en définitive, pour le bien-être des êtres humains.
Il est urgent de concevoir des approches nouvelles et mieux coordonnées, englobant la culture et la nature, dans leurs dimensions matérielles et immatérielles. Il est également nécessaire d’opérer un profond changement culturel pour déclencher la transition vers des modes de vie plus durables. Inspirées de l’approche participative et fondée sur les droits humains appliquée par le Conseil de l'Europe, de ses diverses conventions, ainsi que de ses visions, stratégies, réflexions et recommandations, les Lignes directrices pour une approche intégrée de la gestion de la culture, de la nature et du paysage – « L.I.N.K.E.D. » visent à proposer aux États membres des orientations pour les aider à entrer dans une démarche globale, qui couvre l’élaboration des politiques, la gestion, la recherche et la pratique, et qui intègre aussi la sensibilisation à l’environnement et la justice environnementale.
Liens entre culture et nature reconnus et synergies identifiées
- Traditionnellement, les politiques relatives à la culture sont bien distinctes des politiques relatives à la nature, ce qui peut entraîner une fragmentation préjudiciable et faire perdre des occasions de synergie.
- Il est nécessaire de dépasser cette opposition ancienne entre culture et nature pour adopter une conception plus globale de la relation entre les phénomènes culturels et l’environnement naturel, afin d’inventer de nouvelles manières de combiner des mesures destinées à mieux protéger et à accroître la diversité culturelle, naturelle et paysagère, tellement vitale pour le développement durable et le bien-être.
QUELQUES CONSEILS SUR LA FAÇON DE PROCÉDER :
- Mettre l’accent sur les liens entre les ressources culturelles, naturelles et paysagères pour justifier une approche interdisciplinaire des décisions conciliant les objectifs culturels, sociétaux et environnementaux à l’échelle du paysage.
- Avant toute prise de décision dans un domaine, considérer l’importance de ses retombées potentielles (positives ou négatives) sur les autres domaines qui influenceront les écosystèmes qui en résulteront pour la société.
- Identifier et prendre en compte la diversité naturelle, le patrimoine culturel et la qualité du paysage lors de l’aménagement du territoire pour une zone donnée.
Intégration des objectifs, des stratégies, de la législation et de la gestion
- En général, les objectifs, les stratégies et les lois concernant la culture, les ressources culturelles et naturelles et le paysage sont établis séparément.
- Un modèle de gestion intégrée de la culture, de la nature et du paysage bénéficiera d’une meilleure coordination et d’effets synergiques, ce qui présentera des avantages pour tous les citoyens et améliorera leur qualité de vie.
QUELQUES CONSEILS SUR LA FAÇON DE PROCÉDER :
- Établir des buts et des objectifs intégrés pour la culture, la nature et le paysage dans les stratégies et les documents de politique et élaborer des plans de gestion intégrée par le biais d’un mécanisme de coordination.
- Amender la législation existante pour le patrimoine culturel et naturel et le paysage afin d’établir des mesures qui favorisent une approche intégrée ou même établir une nouvelle législation intégrée.
- Mettre l’accent sur le rôle des interconnections entre la culture, la nature et le paysage dans les perspectives de croissance verte et d’économie circulaire en les incluant dans les plans d’adaptation et d’action au changement climatique.
Nouvelles approches de la cartographie et du suivi
- Il est d’usage de cartographier et d’observer séparément les ressources culturelles et naturelles. Les données sont aussi conservées dans des inventaires séparés.
- Les progrès technologiques ouvrent la voie à de nouvelles méthodes, plus efficaces, de cartographie et de surveillance dans le cadre d’une approche globale, et à la coordination des différents inventaires et jeux de données.
QUELQUES CONSEILS SUR LA FAÇON DE PROCÉDER:
- Cartographier et évaluer la couverture terrestre et l’utilisation des terres dans une perspective intégrée à long terme, en accordant une attention particulière aux patrimoines culturel et naturel et au paysage.
- Inclure à la fois le patrimoine culturel et naturel et le paysage dans la conception des programmes de surveillance des terres.
- Mettre en place des systèmes ou des infrastructures de données qui rendent facilement accessibles de manière intégrée les données et les connaissances pertinentes sur le patrimoine culturel et naturel et le paysage provenant d’inventaires distincts.
Know-how et connaissances : recherche et innovation intégrées
- La recherche et l'innovation sont traditionnellement organisées dans les différents domaines, en fonction des besoins spécifiques de chaque domaine.
- La recherche et l’innovation interdisciplinaires et transversales sont essentielles pour ouvrir de nouvelles perspectives, recenser les défis et les goulets d’étranglement et proposer des solutions intégrées nouvelles et novatrices.
QUELQUES CONSEILS SUR LA FAÇON DE PROCÉDER:
- Encourager la recherche qui génère des nouvelles connaissances et des données sur les interdépendances et les interactions entre les personnes, la culture, la nature et le paysage, ainsi que de nouvelles stratégies de gestion.
- Promouvoir l’utilisation novatrice des technologies émergentes pour une approche intégrée (p. ex. IA, sciences de l’environnement, ICC, utilisation de la surveillance par satellite (Copernicus), analyse des réseaux, analyse des médias sociaux).
- Soutenir les initiatives de science citoyenne, l’apprentissage tout au long de la vie et encourager une approche holistique.
Encourager la sensibilisation
- Les défis mondiaux appellent de nouvelles solutions durables pour une transition juste et pour un changement de mentalité et de manière d’agir, qui tiennent pleinement compte des liens et des interdépendances entre les personnes, la culture et la nature.
- Par son pouvoir de transformation, la culture incite à un changement réfléchi dans tous les domaines.
QUELQUES CONSEILS SUR LA FAÇON DE PROCÉDER:
- Encourager les initiatives visant à sensibiliser au rôle de tous les éléments de l’environnement, et à leurs interdépendances, pour un développement durable.
- Promouvoir et inclure l’utilisation des connaissances traditionnelles et autochtones pour explorer et exploiter le potentiel d’une approche holistique et intégrée.
- Encourager toutes les parties prenantes impliquées (décideurs, experts, grand public, etc.) à penser au-delà de la conservation des espèces, des objets, des lieux et des pratiques individuels, en accordant plus d’attention aux valeurs qui découlent des liens et des interdépendances entre eux afin d’améliorer la perception, la conservation et les pratiques de gestion.
Démocratie participative et large ouverture aux parties prenantes
- La participation citoyenne est une composante du processus démocratique et permet à chaque personne de jouir de la culture, du patrimoine culturel et naturel et du paysage, tout en étant consciente d’avoir une responsabilité individuelle et de partager une responsabilité collective à leur égardtizen participation is part of the democratic process and enables people to enjoy culture, cultural and natural heritage and landscape while acknowledging their individual and collective responsibility for them.
- Le dialogue transversal, la coopération et les processus participatifs donnent aux citoyens la possibilité de participer à la prise de décisions et d’être des vecteurs de changement.
QUELQUES CONSEILS SUR LA FAÇON DE PROCÉDER:
- Créer un espace de coopération et de dialogue entre toutes les autorités publiques et les autres parties prenantes impliquées dans la gestion de l’environnement et développer des approches intégrées pour la participation démocratique.
- Mettre au point des mesures d’incitation à engager un dialogue intersectoriel et à établir des partenariats entre le secteur public et les ONG concernées, une coopération intersectorielle entre les ONG et élargissant la participation citoyenne.
- Établir une coopération autour de travaux pratiques (tels que la restauration, le défrichement des espèces envahissantes, la fenaison des prairies riches en espèces et autres tâches), où les propriétaires fonciers, les autorités publiques des secteurs concernés, les ONG et les initiatives privées peuvent se rejoindre et s’engager concrètement.
UNE PERSPECTIVE ACADEMIQUE , Rodney Harrison (Professeur d'études sur le patrimoine, University College London)