Retour Concert « What A Life », revue de Hans Gál composée dans le camp de l’île de Man, Ensemble du Royal College of Music (Londres)

Strasbourg , 

Mesdames, Messieurs,

Longtemps, musique a rimé pour moi avec Vivaldi, Mozart, Albeniz, ou encore Ravel.

Mais lorsque je suis allée pour la première fois à Terezin, dans le cadre d'une Conférence des ministres européens de l'éducation du Conseil de l'Europe consacrée à la mémoire de l'Holocauste, le mot « musique » a pris une résonance différente.

En dépit des effroyables conditions de vie et de la menace constante de la déportation dans ce camp, une activité musicale intense a été mise en œuvre. Des pièces de musique remarquables y ont été écrites, par exemple l'opéra pour enfants « Brundibar » composé par Hans Krasa. 

Quelle leçon de courage, de vie.

J'ai souhaité que le Conseil de l'Europe s'associe au projet des « voix étouffées ». Quelle merveilleuse revanche sur l'histoire que d'entendre retentir, ici, dans la maison des droits de l'homme, les voix de celles et ceux que le régime nazi voulait faire taire à tout jamais.

C'est avec beaucoup d'émotion que je salue la présence d'anciens déportés et résistants, et tout particulièrement notre hôte d'honneur, Monsieur Jaap van Mesdag. C'est un rare privilège que nous savons tous apprécier.

Je suis profondément convaincue que ce sont la mémoire et le contact direct avec les témoins du plus grand crime contre l'humanité du
20ème siècle qui nous aident à comprendre la valeur des droits de l'homme.

Votre témoignage est précieux, en particulier pour les jeunes, afin de donner un sens à leur engagement pour la paix, le respect de l'autre et la lutte contre toutes formes de discrimination. La jeune génération « doit savoir qui vous étiez », afin de reprendre le flambeau et devenir témoin à son tour.

C'est la mémoire qui nous offre les leçons nécessaires pour construire la paix et assurer les droits de l'homme pour tous. C'est la transmission de la mémoire qui peut nous donner l'espoir d'un monde avec moins de discriminations, avec plus de tolérance. C'est le lien entre passé et présent qui éveille le sens de la citoyenneté europénne, qui nous mettra en garde contre toute tentative de repéter de tels actes.

Le Conseil de l'Europe est né sur les ruines de la Seconde guerre mondiale. Il a défini ses objectifs fondamentaux en réaction aux idéologies totalitaires de la première moitié du XXème siècle, avec leurs corollaires d'intolérance, de division, d'exclusion, de haine et de discrimination.

Les valeurs défendues par le Conseil de l'Europe et nos 47 Etats membres sont la démocratie, les droits de l'homme, et la primauté du droit. Et nous savons mesurer le rôle joué par la culture, l'éducation, le patrimoine, dans la transmission et le maintien de ces valeurs.
Cette transmission garantit la construction d'une société européenne soucieuse de vivre dans le respect de l'égale dignité de chacun. Elles forment aussi la base du programme que le Conseil de l'Europe met en œuvre depuis plus d'une décennie, et au sein duquel ce colloque « Musique et camps de concentration » a été préparé : transmettre la mémoire de l'Holocauste afin de prévenir d'autres crimes contre l'humanité.

Je me sens privilégiée de vous inviter, maintenant, à assister à ce concert exceptionnel.

Merci.