Picture of Luisa de Bivar BlackL’enseignement de l’histoire est un domaine marqué par des débats récurrents à l’occasion desquels différents acteurs expriment différentes idées sur ce qu’il conviendrait d’enseigner, pourquoi et comment. À l’heure actuelle, de nouvelles questions sont soulevées, notamment sur les objectifs de l’enseignement de l’histoire, dès lors que les faits historiques sont accessibles sur Internet, ainsi que sur l’omission dans les programmes d’enseignement de l’histoire de sujets douloureux, controversés et sensibles. Ces thèmes sont surestimés dans les médias, et repris de manière très préoccupante dans les réseaux sociaux, ce qui entrave tout débat fructueux.

Dans le document disponible ci-dessous, Luisa de Bivar Black s’efforce d’aborder succinctement ces deux questions et contribuer, par un certain nombre de réflexions, à alimenter un débat sérieux sans chercher à amplifier un discours présentiste.

Luisa de Bivar Black a enseigné l’histoire et la formation des enseignants à l’université et est actuellement experte et consultante en histoire et en éducation civique pour le Conseil de l’Europe, EUROCLIO, l’OSCE et l’UNESCO. Elle est également membre du groupe d’experts qui a rédigé le Cadre de Référence des Compétences pour une Culture de la Démocratie du Conseil de l’Europe.

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Extrait rédigé - Introduction

Avant même que débutent les mesures de confinement, les professeurs d’histoire se sont intéressés à l’enseignement et l’apprentissage de la pandémie de COVID-19 et à l’étude globale du phénomène des pandémies à travers l’histoire. Il existe de nombreuses sources d’information en ligne, y compris des ressources visuelles [1], dont beaucoup sont utilisées pour comprendre la pandémie de COVID-19 et ses causes. Les enseignants ont organisé des groupes sur les réseaux sociaux pour partager leurs ressources, leurs plans de cours et leurs préoccupations, notamment lorsqu’ils ont compris que l’enseignement présentiel serait remplacé par des cours en ligne pendant une longue durée.

Ce fut un grand défi pour tous les enseignants, car l’enseignement en ligne était une nouveauté pour la plupart d’entre eux. Cette rupture, que l’histoire considérera comme un tournant, pourrait également être l’occasion d’explorer de nouvelles questions avec les apprenants. Plutôt que de se concentrer sur le contenu des cours d’histoire, les enseignants pourraient mettre à profit cette période pour réfléchir à ce qu’est l’histoire, à ce qu’elle offre comme potentiel d’apprentissage et aux principaux défis de l’apprentissage de l’histoire.

Voici un exemple de la façon dont de telles réflexions pourraient être encouragées, en présentiel ou en ligne.

  1. Le professeur d’histoire demande aux élèves ce qui, selon eux, est le plus difficile dans l’étude de l’histoire ; les élèves notent deux ou trois défis.
  2. L’enseignant organise un débat en classe sur ces défis. La discussion aide les enseignants à aligner leur pratique sur les principales préoccupations des élèves et contribue à réduire le niveau d’anxiété des élèves. Chez les élèves, elle favorise le développement de l’efficacité personnelle (par exemple, écrire ce qu’ils ressentent comme des difficultés) et la tolérance de l’ambiguïté (par exemple, comprendre que les camarades ont des difficultés différentes).
  3. L’enseignant écoute avec attention les mots employés par les élèves afin de comprendre les émotions qui se cachent derrière la parole, de savoir si ces mots véhiculent des sentiments positifs ou négatifs envers l’apprentissage de l’histoire.
  4. L’enseignant utilise ces informations pour améliorer (réguler) son propre enseignement et développer ainsi ses compétences telles que l’empathie, l’esprit critique, l’ouverture et l’adaptabilité.
  5. L’analyse des sentiments positifs informe également l’enseignant sur les facteurs de motivation des élèves, ce qui revêt une importance décisive, en cette période, pour concevoir des devoirs bien structurés.
  6. Ce type de réflexion améliore le processus d’apprentissage.

 

L’enseignement de la COVID-19 couvre l’histoire, les pandémies passées et d’autres matières tels que la biologie et la philosophie. L’étude des effets des pandémies à travers l’histoire couvre un champ plus vaste que la discipline historique. Cependant, la spécificité de l’enseignement de l’histoire offre aux enseignants et aux apprenants la possibilité d’engager une réflexion sur l’importance des connaissances historiques en répondant à des questions propres à l’histoire - c’est l’objet du présent document.

 

[1] Infographies faciles à consulter : https://www.visualcapitalist.com/history-of-pandemics-deadliest/ (consulté le 22 juin 2020).