Les 19 et 20 juin, Bertil Cottier, Président de l’ECRI, a tenu des échanges de vues avec le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe, lors de la 1502e réunion des Délégués des Ministres, et avec le Comité directeur sur l’antidiscrimination, la diversité et l’inclusion (CDADI), l’organe intergouvernemental du Conseil de l'Europe pour la lutte contre la discrimination, à l’occasion de la 9e réunion plénière du CDADI. Il s’est aussi entretenu avec David Best, Représentant spécial de la Secrétaire Générale du Conseil de l’Europe sur les migrations et les réfugiés, et Alexandre Guessel, Représentant spécial de la Secrétaire Générale sur les crimes de haine antisémites et antimusulmans et toute forme d’intolérance religieuse. Il a également rencontré Nina Grmuša et Margo Vorykhava, la Présidente et la Vice-Présidente du Conseil consultatif du Conseil de l'Europe pour la jeunesse.
« Il y a trente ans, les États membres du Conseil de l'Europe ont mis en place ce que l’on appelle aujourd’hui l’ECRI, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance », a rappelé M. Cottier lors de la 1502e réunion des Délégués des Ministres. Le Président de l’ECRI a souligné que depuis lors, cette institution a mis en évidence diverses formes de racisme, de discrimination et d’intolérance telles que l’antisémitisme, la discrimination à l’encontre des Roms et des Gens du voyage, la xénophobie, le racisme à l’égard des personnes d’origine africaine, le racisme envers les personnes musulmanes et la LGBTI-phobie. « Par son travail de suivi, l’ECRI a grandement contribué à sensibiliser aux phénomènes du racisme et de l’intolérance en Europe. Elle a aidé les gouvernements à définir des solutions concrètes en publiant un large éventail de recommandations », a-t-il ajouté.
M. Cottier attire l’attention sur trois grands défis mis en exergue par l’ECRI dans son nouveau rapport annuel et fait observer que les trois sont liés – du moins dans une certaine mesure – à des violences et des conflits armés en Europe ou hors d’Europe : répondre à la situation de toutes les personnes déplacées par la guerre et d’autres situations d’urgence et lutter contre le développement d’une rhétorique hostile aux personnes immigrées qui présente les nouveaux arrivants comme une menace pour la sécurité nationale ou l’identité nationale; faire face à la montée de l’antisémitisme en Europe découlant du conflit actuel au Proche-Orient; agir contre le racisme et la discrimination envers les personnes musulmanes, notamment depuis l’agression terroriste menée le 7 octobre par le Hamas contre Israël.
Le Président de l’ECRI a terminé son propos en renvoyant à la célèbre formule attribuée à Léopold Sédar Senghor, qui figure par ailleurs parmi les premiers membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe lors de la naissance de l’Organisation il y a 75 ans : les racistes sont des gens qui se trompent de colère. En guise de conclusion, M. Cottier a donc lancé un appel : « faisons en sorte que les gens ne se trompent pas de colère. Faisons en sorte qu’ils se mettent en colère contre toutes les formes de racisme, de discrimination et d’intolérance. Ne tolérons plus l’intolérable. Si nous tolérons qu’une personne agresse son voisin ou qu’un agent de l’État, qui se doit d’être exemplaire, discrimine une autre personne en raison de sa prétendue race, de sa couleur de peau, de son origine nationale ou ethnique, de sa nationalité, de sa religion, de sa langue, de son orientation sexuelle, de son identité de genre ou de ses caractéristiques sexuelles, nous nous résignons à ce qu’un État agresse ou discrimine son ou ses voisins pour des raisons analogues. Il en va de la paix dans nos sociétés en Europe à l’avenir. Il en va de l’avenir de l’Europe ».