Roumanie
Rapport plus détaillé : Rapport de politique nationale [en]
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POLITIQUE DU PATRIMOINE
Le patrimoine culturel de la Roumanie est riche et varié, bien que lourdement endommagé par les guerres, les tremblements de terre, les décisions politiques et la négligence. La Roumanie compte actuellement environ 29 500 monuments historiques classés (http://www.monumenteromania.ro) dont environ 6 800 bâtiments, sites archéologiques et historiques d’importance nationale et universelle (grade A). Leurs propriétaires sont divers : publics, privés, ou les deux. Leur état de conservation varie d’un comté à un autre et d’un monument à un autre mais 60 % sont en mauvais état. Actuellement, 31 monuments historiques roumains sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, enregistrés entre 1993 et 2010 : huit églises peintes médiévales de Moldavie, sept villages saxons avec églises fortifiées en Transylvanie, six forteresses daces des monts d’Orastie, huit églises en bois de Maramures, le centre historique de Sighişoara, le monastère de Hurezu et la réserve naturelle du Delta du Danube. 14 autres figurent sur la liste des propositions.
Après 2008, la crise économique, la politique d’austérité draconienne et l’instabilité gouvernementale (neuf ministres de la culture ces trois dernières années !) ont eu un effet négatif sur la protection du patrimoine culturel : austérité budgétaire sur plusieurs années, contraction des effectifs, systèmes d’emplois gelés, réorganisation fréquente des institutions patrimoniales, changement des membres des commissions du patrimoine et des directeurs des directions provinciales, baisse des fonds alloués à la restauration des monuments historiques et autres mesures touchant l’infrastructure humaine et matérielle de la protection du patrimoine, déjà fragile. La législation en vigueur en matière de patrimoine n’est pas pleinement appliquée dans la réalité faute de ressources financières et humaines suffisantes. L’objectif de moderniser la législation en matière de patrimoine en élaborant un code du patrimoine culturel unitaire n’a pas encore été rempli. On relève d’énormes retards dans l’inventaire du patrimoine, son contrôle, sa restauration et sa conservation préventive. Le nombre et la qualité du personnel travaillant dans ce domaine ont considérablement baissé ces dernières années (d’un tiers à la moitié dans certaines organisations), après toute une génération de spécialistes chevronnés partis à la retraite ou ayant quitté le pays sans être remplacés. Les jeunes diplômés ne peuvent pas trouver d’emploi dans le domaine du patrimoine culturel depuis six ans et les possibilités de formation sont médiocres. On constate une stagnation, sinon une régression, dans la numérisation, l’informatisation, la gestion des sites web du patrimoine et la communication publique. La politique du patrimoine reste centralisée et lente à réagir. Une capacité administrative médiocre au niveau central et local, la corruption et de mauvaises conditions économiques pour suivre les politiques du patrimoine à moyen et long termes mettent notre patrimoine culturel en danger. De nombreux bâtiments appartenant à l’Etat ont été restitués à leurs anciens propriétaires privés ou à des acheteurs de droits de propriété, parfois sous la base de documents contestables, pour finir en ruine à cause d’intérêts fonciers. L’Etat n’apporte qu’un faible soutien aux propriétaires de patrimoine pour les aider à l’entretenir.
En revanche, on constate une augmentation de l’action civile pour la protection du patrimoine, un nombre croissant d’organisations non gouvernementales et de plateformes communes pour des causes en faveur du patrimoine, des campagnes publiques réussies contre des projets économiques qui détruisent le paysage et le patrimoine (la zone des mines d’or de Roșia Montana, par exemple), un intérêt communautaire plus vif pour le patrimoine local, des initiatives privées plus importantes pour sauver les monuments et ouvrir des musées locaux, et davantage de coopération internationale. Ces tendances sont encourageantes. La capacité de notre système judiciaire à lutter contre le trafic illégal de biens culturels et à recouvrer des biens roumains volés s’est améliorée : des bandes de trafiquants ont été démantelées et traduites en justice, des milliers de pièces et de vestiges précieux ont été ramenés dans nos collections (les exceptionnels bracelets daces en or, par exemple). Les Fonds structurels européens, les programmes de coopération transfrontalière et le Fonds de développement régional ont accordé des fonds pour des projets de restauration et de conservation d’églises, de théâtres, de musées et pour le développement de l’infrastructure touristique. Il faudrait faire davantage pour augmenter le taux d’absorption des fonds européens qui est très faible en Roumanie (inférieur à 57 %, le plus faible de l’Union européenne).
CADRE INSTITUTIONNEL
Le ministère roumain de la Culture est la principale instance gouvernementale chargée du patrimoine culturel. Il possède un réseau de 41 directions culturelles de comté et celle de Bucarest, la capitale. Il est aidé de trois organes consultatifs : la Commission nationale des monuments historiques, la Commission nationale archéologique et la Commission nationale des musées et des collections. La Commission nationale des monuments historiques est la seule à disposer d’un réseau de 12 commissions régionales. Le corps des instituts nationaux du patrimoine, créés en 2011, sous l’égide du ministère de la Culture, en fusionnant l’ancien Institut national des monuments historiques, le Bureau national des monuments historiques et l’Institut de la mémoire culturelle (CIMEC), est la principale instance centrale chargée de tenir et d’actualiser la liste des monuments historiques, la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, le registre national archéologique de Roumanie, l’inventaire du patrimoine national culturel mobilier ; il est aussi chargé de l’administration du plan de restauration national, financé par le ministère de la Culture pour les monuments de grade A (valeur nationale). Les musées nationaux, régionaux et provinciaux jouent un rôle important dans la recherche, la protection et la valorisation du patrimoine culturel dans leurs aires géographiques respectives.
CADRE JURIDIQUE
Les trois principales lois patrimoniales en vigueur sont :
- En ce qui concerne l'archéologie : Ordonnance 43/2000
- En ce qui concerne le patrimoine mobilier: Loi 182/2000
- En ce qui concerne les monuments historiques : Loi 422/2001
Législation sur le patrimoine culturel (en roumain)
CONVENTIONS INTERNATIONALES RATIFIEES
La Roumanie a ratifié les trois Conventions européennes du patrimoine (pas encore la Convention de Faro) et les a transposées dans la législation sur le patrimoine en 2000-2001.