L'éthique professionnelle dans le domaine de la médecine
Une approche influente qui définit des fins idéales (et par voie de conséquence des normes et des biens internes) pour la médecine, et fondée sur l’éthique des vertus d’Alasdair MacIntyre, a été proposée par Pellegrino et Thomasma. En vertu de cette approche, la médecine peut être considérée comme une « pratique morale », avec des vertus décrivant les qualités requises des médecins, en plus des « connaissances scientifiques et médicales, des aptitudes pratiques et de l’expérience qui garantit que le médecin fait ce qu’il faut en adoptant la bonne attitude pour atteindre les objectifs de la médecine ». Selon la définition de MacIntyre, la médecine est une pratique morale, car en tant que profession autonome, elle définit et respecte des normes internes de qualité pour la prise en charge médicale ainsi que des processus de certification visant à maintenir ces normes.
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La finalité d’une pratique peut être appréhendée à travers un examen critique de ses éléments internes ou de ses normes d’évaluation ; pour la médecine, il s’agit de celles qui régissent les relations médecin-patient. Comme le montrent ces relations, « les finalités de la médecine sont… le rétablissement ou l’amélioration de la santé et, plus immédiatement, la guérison, c’est-à-dire l’élimination de la maladie ou, lorsque celle-ci n’est pas possible, la prise en charge et l’assistance au patient pour qu’il vive avec la douleur, l’inconfort ou l’invalidité chronique ». La relation médecin‑patient, entendue comme un type de « relation thérapeutique », est le principal mécanisme permettant d’atteindre ces fins.
Considérer la médecine comme une pratique morale régie par des normes de bonnes pratiques qui sont mises en œuvre dans le cadre d’une relation thérapeutique, ce n’est pas adopter une vision archaïque de la médecine comme d’une relation paternaliste patient-prestataire. Au contraire, la relation thérapeutique implique aussi bien des interventions cliniques que la fourniture d’informations ou de services aux patients visant à leur apporter des connaissances, à les autonomiser ou à les aider à prendre soin d’eux-mêmes. Même dans les rencontres cliniques modernes dans lesquelles les patients sont « autonomisés » grâce à un accès démocratisé aux données médicales, des valeurs personnelles et une expérience vécue de la maladie, le « rôle » idéal du médecin, qui requiert certaines compétences techniques et une formation professionnelle, est incontestable – la question est plutôt de savoir s’il faut se fier à ces compétences sans se poser de question.