Contexte
Mustafa Kurić était cordonnier. Il était né en Bosnie-Herzégovine en 1935, mais il a déménagé en Slovénie quand il avait 20 ans. Bien qu’il y ait vécu pendant plus de trente-cinq ans, son permis de séjour lui a été automatiquement retiré le 26 février 1992, de même qu’à 25 671 personnes.
Après que la Slovénie a déclaré son indépendance en 1991, les ressortissants des autres ex-républiques yougoslaves qui y habitaient ont reçu un délai pour acquérir la nationalité slovène. M. Kurić était, selon ses dires, hospitalisé à l’époque et il n’a pas pu déposer de demande. Ceux qui n’ont pas obtenu la nationalité ont perdu automatiquement leur statut de résidents permanents, sans que cela le leur soit notifié.
Subitement, les « radiés » sont devenus des ressortissants étrangers ou des apatrides vivant illégalement en Slovénie. Beaucoup ont vu leurs papiers confisqués, ils ont été expulsés de chez eux, ils ne pouvaient plus ni travailler ni voyager. Ils ont perdu leurs biens personnels ou ont dû vivre dans la misère.
A la différence de beaucoup d’autres, Mustafa Kurić a eu de la chance, car la police du lieu lui a permis de rester dans le pays, bien qu’il devait rester dans la localité où il vivait, mais on lui a refusé toute pension de retraite.