Bălșan c. Roumanie  | 2017

Justice pour une victime de violences domestiques en Roumanie

…Son mari est rentré chez lui vers midi et a commencé à lui donner des coups de poing au visage et à la tête, et à la menacer de la tuer…

Arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme, Mai 2017

Contexte

Angelica Bălșan, qui avait quatre enfants, a été agressée à huit reprises par son mari. Elle a subi des lésions qui ont entraîné plusieurs jours de soins médicaux – notamment des ecchymoses au visage, aux bras, dans le dos, sur les cuisses et une blessure ouverte au visage. Son mari l’a agressée, ses enfants et elle, pendant toute la durée de leur mariage avec une violence qui s’est aggravée au cours de la procédure de divorce.

Entre 2007 et 2008, Angelica Bălșan a fait plusieurs appels d’urgence, elle a porté plainte à plusieurs reprises et a demandé au chef de la police de lui donner une protection. Cependant, bien qu’elle ait dit aux autorités qu’elle craignait pour sa vie, aucune mesure digne de ce nom n’a été prise pour la protéger. A chaque fois, soit son mari a été acquitté, soit les autorités ont décidé de ne pas donner suite à ses accusations.

Désespérée, Angelica Bălșan a porté son affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme.

Arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme

La Cour a établi que les autorités roumaines étaient bien informées des mauvais traitements étant donné les appels à l’aide répétés d’Angelica Bălșan. Cependant, elles ne sont pas intervenues pour la protéger, ce qui constitue une violation de ses droits fondamentaux.

La Cour s’est dite préoccupée de constater que les autorités roumaines considéraient qu’Angelica Bălșan avait provoqué les violences domestiques et que celles-ci n’étaient pas graves au point de constituer une infraction pénale. Cela était contraire aux normes internationales sur la protection des femmes contre la violence. La Cour a également établi qu’Angelica Bălșan était victime de discrimination étant donné que la violence était due à ce qu’elle était une femme.

Cette affaire et d’autres ont montré que, en dépit d’une législation appropriée en Roumanie pour combattre la violence domestique, les autorités roumaines ne manifestaient pas de volonté réelle de combattre ce problème dans la pratique.

… L’absence globale de réaction du système judiciaire et l’impunité dont ont bénéficié les agresseurs… indiquent que les autorités n’ont pas manifesté de volonté réelle de prendre des mesures appropriées afin de combattre la violence domestique.

Arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme, Mai 2017

Suites

Depuis que les événements ont eu lieu, le Gouvernement roumain a pris un large éventail de mesures pour combattre la violence domestique. Des améliorations ont été constatées dans le signalement des infractions et le nombre d’ordonnances de protection accordées aux victimes a augmenté.

En 2016, la Roumanie a ratifié la « Convention d’Istanbul » du Conseil de l’Europe relative à la violence envers les femmes. En 2018, le gouvernement a soumis au parlement un projet de loi comprenant une série de réformes pour renforcer la lutte contre ce problème.

Le Conseil de l’Europe continue de suivre ces réformes législatives ainsi que la stratégie nationale de lutte contre les violences domestiques et les mesures prises en pratique. Il a préconisé d’autres mesures pour renforcer les capacités du système de justice pénale et lui permettre de réagir comme il convient aux violences domestiques.

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