Dans les collectivités urbaines des jeunes démocraties et des démocraties en développement, la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle est souvent une question tabou, mais pourtant bien réelle. Pour la première fois, cette question a été portée à l’attention d’un vaste public par l’un des membres ukrainiens du programme ICC, la ville de Loutsk, dans le cadre du Festival international de théâtre « Mandrivnyi Vishak » (« le cintre itinérant »), qui s’est tenu du 15 au 17 septembre 2017. À cette occasion, la ville a invité un artiste LGBT à exécuter une performance intitulée « La carte identitaire : les mots qui blessent ». Dans cette performance caractérisée par son ouverture d’esprit (par son côté provocant diront certains), le jeune artiste faisait la démonstration de quelques expériences de stigmatisation que lui-même ou d’autres personnes avaient vécues, pour des raisons d’identité de genre, sexuelle, raciale ou sociale. Pour que le public prenne conscience des effets du langage discriminatoire et qu’il en vive véritablement l’expérience, l’artiste proposait aux spectateurs de tracer sur son corps découvert les mots ou les expressions, positives ou négatives, qu’ils avaient déjà entendus ou utilisés concernant les personnes LGBT ou les personnes d’une autre race ou d’un autre statut social. L’artiste quittait la scène en emportant avec lui les messages cryptés de tolérance et de mécompréhension.
Dans les jours qui ont suivi, cette performance a suscité de multiples débats dans le public et parmi les habitants de Loutsk. Selon les administrateurs de la ville, ils ont réalisé l’importance de ce genre de prestation, qui permet d’« aller à la rencontre de l’invisible » et de développer et d’encourager l’esprit de compréhension et d’inclusion dans la collectivité. Décision a été prise d’inclure régulièrement le thème LGBT dans les manifestations locales et dans les « ICC gutirkas » (forme de rencontre ICC organisée par ICC-UA) et d’élargir cette approche à d’autres villes membres d’ICC-UA.
