Une cité interculturelle en herbe doit avoir une politique internationale qui cherche, du moins en partie, à promouvoir une relation dynamique avec les lieux d’origine des principaux groupes diasporiques. Ce type de relations peut aider la ville à comprendre le contexte géopolitique, culturel et économique dans lequel les nouveaux arrivants ont été socialisés, et à adapter ses politiques d’accueil et d’intégration en conséquence. Il peut aussi aider les immigrés à développer un sentiment d’appartenance à leur nouvelle communauté, en donnant à leur pays d’origine et à leur identité culturelle une reconnaissance formelle.
Dans toute l’Europe, les villes prennent conscience de la nécessité de développer ce type d’« affaires étrangères » et, à cette fin, elles ont généralement recours aux jumelages, aux échanges artistiques et à la coopération en matière de développement. Certaines tentent de favoriser les relations commerciales avec des pays d’origine (par des investissements ou des co-entreprises), mais rares sont celles qui ont un programme de politique (inter)culturelle internationale où les deux parties contribuent à égalité au soutien de l’intégration, de la cohésion sociale et du respect de la diversité.
Reggio Emilia, membre du réseau des cités interculturelles, a fait un pas important à cet égard. La ville vient de signer, par le biais du centre international Mondinsieme, un accord avec le ministère marocain chargé des relations avec la diaspora. Cet accord sous-tend la politique globale interculturelle de la ville et cherche à « promouvoir le brassage socioculturel et l’ouverture à l’autre ».
Les deux parties apportent un soutien financier substantiel aux activités comprises dans l’accord ; par exemple :
- à l’intérieur du Pauline Park, un mini-théâtre à ciel ouvert – un espace novateur conçu pour favoriser les contacts interculturels au moyen de tracés et de jeux éducatifs pour adultes et enfants, ainsi que les rencontres interculturelles ;
- tous les ans, des voyages culturels au Maroc pour de jeunes Italiens d’origines diverses ;
- tous les ans, participation d’étudiants de Reggio Emilia à l’Université d’été de la jeunesse mondiale organisée au Maroc ;
- promotion de la culture marocaine et enseignement de l’arabe aux jeunes de différentes origines vivant à Reggio ;
- participation de jeunes d’origine marocaine vivant à Reggio Emilia à des activités culturelles et sportives organisées par la ville.
Le centre Mondinsieme a déjà ouvert un cours d’arabe pour les personnes ne parlant pas cette langue – la demande a largement dépassé les attentes.
La municipalité de Reggio Emilia entretient un vaste réseau de contacts et de projets internationaux dans le but de partager ses bonnes pratiques et ses idées avec d’autres pays. Au fil des ans, la ville a signé une série d’accords de jumelage et d’amitié et, ainsi, instauré jusqu’à 15 relations institutionnelles internationales officielles se traduisant par l’échange régulier de visites d’étude, par des conférences sur des sujets présentant un intérêt commun, par des projets conjoints internationaux (projets de l’UE ou projets de coopération pour le développement, par exemple). Sont donc concernées des villes de 15 pays : Espagne, France, Pologne, Allemagne, Croatie, États-Unis, Moldova, Serbie, Afrique du Sud, Mozambique, Brésil, Chine, Territoires palestiniens, République sahraouie, Maroc. À côté de ces relations officielles, la ville participe à divers projets européens (dans le cadre des programmes INTERREG, URBACt, LIFE, etc.) et réseaux internationaux (SERN, ALDA, EUROTOWNS). En 2008, Reggio Emilia a reçu le titre de ville la plus interculturelle d’Italie. Elle dispose également d’une plateforme pour combattre le discours isolationniste ambiant. En 2000, la ville a créé un organisme chargé de faciliter la gestion et de favoriser l’amélioration de tous les contacts et projets internationaux de la ville : Reggio Nel Mondo. Ce dispositif transversal aide tous les services municipaux à développer des échanges et un dialogue permanents à l’échelle internationale.