Selon la législation italienne, les associations religieuses ne peuvent se réunir pour pratiquer que dans des édifices prévus à cet effet, reconnus par le système d’urbanisme municipal comme adaptés à des fonctions religieuses. Même à l’heure actuelle en Italie, les sites religieux officiellement reconnus par l’État sont presque exclusivement des églises catholiques (ou propriété de l’Église catholique). Bien souvent, les autres communautés religieuses apparues au cours des 20 dernières années ont dû s’installer dans des locaux inadaptés (par exemple, dans des entrepôts loués à la périphérie de la ville).
La municipalité de Reggio Emilia s’est lancée dans une longue campagne juridique et éducative afin d’obtenir les mêmes droits pour tous les cultes religieux. Le projet, mené par le service municipal d’urbanisme et d’architecture, vise en premier lieu à identifier et à cartographier la présence des différentes communautés religieuses. Au-delà de la traditionnelle définition des entités à des fins d’urbanisme, l’action vise à analyser l’implantation des fonctions religieuses sur tout le territoire. Il s’agit aussi, et surtout, de parfaitement connaître les fonctions sociales dont s’acquittent les communautés religieuses, ainsi que d’appréhender l’ampleur et l’importance de ces fonctions dans l’éventail général des services sociaux fournis à Reggio Emilia.
Sur un territoire occupé par 176 000 habitants et 30 000 résidents d’origine étrangère, le projet a permis d’identifier plus de 30 sites religieux comprenant environ dix cultes religieux différents. Le projet vise à :
- identifier les appartenances religieuses existantes ;
- apporter aux associations religieuses des connaissances en droit et en urbanisme pour leur permettre de comprendre la législation locale et d’adopter le statut juridique le plus approprié ;
- activer un processus d’écoute au niveau local afin de pouvoir introduire des règles municipales et une législation locale qui faciliteront l’installation légale de différents groupes religieux dans la communauté ;
- coordonner leurs activités sociales avec celles de la municipalité pour permettre à chaque groupe religieux d’assumer la responsabilité de services sociaux et d’engager une collaboration avec les services sociaux municipaux ;
- cartographier et traiter les besoins des habitants, définir les problèmes et concevoir de possibles solutions innovantes en concertation avec le réseau confessionnel ;
- sensibiliser les citoyens aux efforts positifs déployés par les différents groupes religieux présents dans la ville ; légitimer la pluralité des confessions et déclarer son importance ;
- mettre en place des groupes de travail interconfessionnels, en favorisant les échanges mutuels de connaissance.
Après la phase de cartographie, le projet a aujourd’hui atteint la phase de formation et d’assistance. Le processus devra suivre le parcours juridique exigé par l’État italien, mais le but est d’influencer et de finalement changer la loi, afin de permettre à tous les groupes confessionnels d’obtenir une égalité de statut.