Bien avant qu’Oslo ne devienne une ville multiethnique, il existait déjà une division nette entre les quartiers est et ouest basée sur les classes sociales et les revenus. D’où l’inquiétude des professionnels de l’éducation, craignant que cette fracture ne se trouve accentuée par les taux d’immigration élevés depuis quelques années.
Ils avaient remarqué que, alors que dans les jardins d’enfants régnait une forte mixité ethnique, les écoles primaires et secondaires tendaient au contraire à progressivement se polariser sur le plan ethnique, de plus en plus de parents aisés boycottant certaines écoles au profit d’autres. Cette réaction est aujourd’hui freinée par la limite imposée au droit du choix parental, mais essentiellement dans les écoles les plus menacées par cette « fuite des Blancs ». En veillant à ce que, même dans les quartiers les plus pauvres, les écoles puissent offrir une qualité d’enseignement et des moyens pédagogiques aussi élevés que dans les quartiers les plus aisés, Oslo entend résoudre un problème face auquel beaucoup d’autres villes ont échoué.
Un exemple : la Gamlebyen Skole. Dans ce type classique d’école primaire situé en centre-ville, l’éventail des langues pratiquées est vaste et les problèmes sociaux et culturels sont multiples. L’école, qui bénéficie d’un financement lui permettant d’être compétitive pour recruter ses enseignants, est dirigée par un proviseur dynamique et hautement compétent. Tout, dans l’environnement physique de l’école, rappelle les cultures d’origine des enfants immigrés – par exemple, mur d’escalade composé des lettres de tous les alphabets du monde, pilier en bois sculpté venant d’une mosquée détruite au Pakistan, kilims et autres objets –, ce qui crée une ambiance chaleureuse et accueillante. Le programme scolaire comporte un apprentissage culturel et interculturel. Un outil de référence permet aux enseignants de s’assurer qu’ils abordent bien des questions liées à la diversité ; par exemple, faire participer des parents de différentes origines. L’école a rédigé un livre dans le cadre d’un projet conjoint avec Ankara, et a lancé un projet cinématographique avec des écoles du Danemark et de la Turquie.
L’université d’Oslo gère elle aussi des programmes sur la diversité. L’un d’eux concerne des matières optionnelles sur la diversité en Norvège et sur l’enseignement supérieur dans cinq écoles secondaires, des étudiants de master faisant office de tuteurs. En quatre ans, cette démarche a permis d’augmenter (de 30 %) dans ces écoles les admissions universitaires, alors que la moyenne scolaire à Oslo se limitait à une hausse de 7 %. Un système de tutorat destiné aux étudiants avancés issus de minorités ethniques contribue à réduire les abandons. À l’heure actuelle, il y a environ 11 % d’étudiants issus de minorités ethniques, l’objectif étant d’atteindre 15 % dans les deux prochaines années. D’autres universités mènent aussi avec succès des projets semblables. Il est encourageant de voir que, à partir de ce projet, l’université d’Oslo a ouvert un bureau permanent sur la diversité.