Objectif:
Genève présente une combinaison fascinante de défis et d’opportunités en termes de diversité et d’interculturalité. Si nous prenons en compte la démographie particulière de la ville (60,8%- suisses et 39.2%- personnes étrangères) nous pouvons comprendre le nombre de défis qui se présentent aux autorités municipales. C’est pourquoi Genève peut servir d’exemple pour d’autres villes du réseau des Cités Interculturelles. En 2011, un rapport avait été établi suite à la visite d’experts du programme des Cités Interculturelles du Conseil de l’Europe. Il décrit le profil interculturel de la ville de Genève et définit, en conclusion, huit recommandations pour les pouvoirs municipaux genevois. Le bilan actuel prend en compte ces recommandations. Le bilan de la politique municipale en matière de diversité pour la période 2016-2020 de la ville de Genève qui vient d’être publié offre un suivi d’une feuille de route créé en 2016 à l’aide d’une approche spécifique et non-stigmatisante de la diversité, fondée sur le principe d’inclusion sociale.
Stimulus/Raison d'être: Cette auto-évaluation est un exemple d’engagement politique fort de la part des gestionnaires de la ville de Genève, non seulement parce qu’elle rend compte de ce qui est fait ou pas, mais aussi parce qu’elle est accompagnée d’un énoncé politique explicite de la part de la maire de la ville en 2019, Mme Sandrine Salerno, qui souligne l’objectif principal des politiques de gestion de la diversité: « Pour le bien-être de l’ensemble de ses habitant-e-s ; et pour faire de Genève une ville véritablement accueillante, accessible, non discriminante et responsable. ».
Processus:
Le bilan de la feuille de route 2016-2020 présente les principales actions réalisées par rapport aux 4 axes stratégiques suivants:
- L’accueil des résident-e-s
- L’accessibilité des prestations publiques
- La lutte contre la discrimination de toute forme
- La mise en place d’une politique du personnel qui reflète la diversité genevoise
Dans le cadre du premier axe, plusieurs actions ont été élaborées et menées à bien, visant cinq objectifs en lien avec l’intégration sociale et l’accueil des résident-e-s, notamment :
- La redéfinition du concept de la cérémonie d’accueil des nouveaux et nouvelles habitant-e-s et des candidats-e-s à la naturalisation (plus précisément : la participation des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) et l’Office cantonal de l’emploi (OCE) à la cérémonie ; mise en œuvre du projet de sensibilisation « Genève, sa gueule » ; création d’un réseau de l’accueil interservices et interdépartemental pour coordonner les activités, échanger des informations et mener une réflexion concertée; la dénomination de la manifestation de la cérémonie d’accueil des candidat-e-s à la naturalisation a été modifiée en « Cérémonie de bienvenue des nouvelles naturalisées et nouveaux naturalisés »).
- L’acquisition d’une bonne connaissance des dynamiques migratoires, des spécificités et des besoins selon les différents publics et le renforcement et la systématisation d’un accueil des nouveaux et des nouvelles habitant-e-s (concrètement : création d’une plateforme intercommunale coordonnée par le Bureau de l’intégration des personnes étrangères ; la mise en place d’un un dispositif d’accueil coordonné qui permet une meilleure information sur les prestations municipales).
Le 2ème axe concerne les services publics, plus précisément, l’accessibilité des prestations publiques municipales de la ville de Genève, et comporte cinq objectifs dont quatre étaient atteints :
- L’adaptation et la traduction en six langues de plusieurs supports de communication.
- Formation de médiateurs et médiatrices pour les publics allophones.
- Mise en place d’une procédure d’identification des publics avec des besoins spécifiques.
- Adoption d’un règlement municipal pour pérenniser les mesures entreprises en matière d’accessibilité.
Les actions qui ont aidés la réalisation des objectifs sont les suivantes : Sensibilisation des services municipaux à la thématique du langage accessible et interculturel, ainsi qu’aux besoins des publics allophones ; traduction de soixante documents contenant de l’information de base relative aux prestations municipales; mise en place d’une méthodologie qui permet d’inclure services et usagères et usagers dans une démarche commune de qualification des besoins et de priorisation des mesures destinées à favoriser l’égalité des chances face au service public ; création d’une commission interdépartementale chargée de définir une politique d’accessibilité universelle.
Le 3ème axe s’avère très important puisqu’il pose six objectifs concernant la lutte contre la discrimination de toute forme. Le bilan met en avance la réalisation de tous les objectifs dans ce domaine, notamment :
- La sensibilisation en matière de non-discrimination destinée à la population et le renforcement et la clarification de l’implication de la ville de Genève dans la lutte contre le racisme. Les actions concrètes entreprises sont : la réalisation de plus de 2000 portraits au sein du projet « Genève, sa gueule » ; l’organisation de plusieurs expositions en 2015, 2016 et 2017 ; l’organisation de la « Semaine contre le racisme » qui contribue à porter un discours public contre la discrimination raciale grâce à des outils d’information et de sensibilisation par le biais d’ateliers, conférences, tables rondes, rencontres, expositions, projections, etc..
- Le soutien financier et logistique aux associations et autres entités de la société civile menant des activités de lutte contre les discriminations, et l’organisation d’événements ponctuels de sensibilisation en partenariat avec ces associations ou entités (chaque année, environ 30 subventions ponctuelles, 10 subventions nominatives et diverses gratuités sont accordées par la Ville).
- L’accueil de la visite d’études sur l’interculturalisme et l’intersectionalité, organisée dans le cadre du Programme Cités interculturelles du Conseil de l’Europe afin de poursuivre et renforcer la participation de la Ville de Genève à ce réseau en vue d’échanger des bonnes pratiques en matière de lutte contre les discriminations et de valoriser à l’échelle européenne les actions menées dans cette perspective par la Ville de Genève (en 2018, le séminaire « Les droits humains au niveau local : prévenir les discriminations à travers une perspective intersectionnelle » qui a réuni des représentant-e-s de villes membres du Programme Cités interculturelles et des associations locales, a été organisé).
- La sensibilisation d’organismes public et privés pour pouvoir dépasser les stéréotypes sur le marché de l’emploi, dans la formation, le logement ou encore l’espace public et la reconnaissance publique, politique et symbolique de la contribution de la migration au développement de Genève. Ces objectifs étaient accomplis grâce à l’organisation d’une conférence intitulée « Histoires et traces de discriminations : des saisonniers et saisonnières aux réfugié-e-s (1931-2017) », et d’une exposition durant 1 mois intitulée « Nous, saisonniers, saisonnières… Genève 1931-2019 » qui combine des approches historiques, mémorielles et artistiques. De nombreux événements (conférences, projections de films, débats, échanges d’expériences de migrations) ont été organisés à cette occasion, en partenariat avec le milieu associatif et ont accueilli près de 6 400 visiteurs et visiteuses.
Le 4ème axe est tourné vers la formation du personnel municipal et collaboratif. L’objectif principal est : La mise en place d’une politique du personnel qui reflète la diversité genevoise. Les actions concrètes qui ont permis l’accomplissement de cet objectif sont liées à la mise en place de trois formations et à la création d’indicateurs de suivi : un atelier centré sur la recherche de solutions, visant les collaborateurs et collaboratrices en contact avec les usagères et les usagers et usagères; une formation destinée aux cadres et aux responsables hiérarchiques qui aborde les enjeux au sein des équipes et dans l’accompagnement de situations de terrain ; la formation « Migrations, diversité culturelle et service public », dispensée fin 2019 et reconduite en 2020. Plusieurs services sont par ailleurs en train de préparer des formations sur-mesure ; le développement d’indicateurs de suivi et leur intégration au Bilan social des ressources humaines depuis l’édition 2017.
Impact: Le bilan de la feuille de route 2016-2020 présente les principales actions réalisées en lien avec les axes et les objectifs posés au début. En plus, ce rapport montre que les actions liées à la mise en œuvre des objectifs d’une feuille de route ont livré des résultats en matière de diversité qui ne figuraient pas parmi les buts ciblés au début et qui concernent des domaines importantes comme l’intégration, les services publiques et l’égalité dans les sociétés diverses, notamment :
- Formations spécifiques dispensées aux agent-e-s de la police municipale (notamment sur les enjeux liés à la situation des personnes Roms).
- Mesures développées pour rendre les prestations sportives et culturelles accessibles aux personnes migrantes, en particulier du domaine de l’asile.
- Cours de français dans les parcs.
- Sensibilisation aux droits politiques pour les personnes de nationalité étrangère ayant le droit de vote au niveau communal.
- Actions de proximité et communautaires dans les quartiers (troc social, groupes solidaires).
L’autoévaluation des objectifs et des actions entreprises par la ville de Genève conclut que le déploiement de la politique municipale en matière de diversité pour la période 2016-2020 a contribué à porter un message politique fort qui donne une image positive de la diversité et que l’ensemble des habitant-e-s, quelle que soit leur origine, religion, nationalité ou durée de résidence, font partie intégrante de Genève. Selon les mots de Mme Salerno « Aujourd’hui, à l’heure d’un premier bilan, nous pouvons être fier-ère-s du travail déjà accompli. En cinq ans, beaucoup de choses ont été entreprises. De bons projets ont été développés dans les domaines de la culture, du sport, de la petite enfance, de l’action sociale, du logement, de la sécurité ou encore des ressources humaines. La plupart des objectifs fixés dans la feuille de route ont été atteints, un réseau diversité solide s’est mis en place et des réflexions importantes ont été menées. ». Quant aux perspectives, l’engagement est clair et encourageant : « … il reste encore beaucoup à faire pour donner une image positive de la diversité et la débarrasser de certains stéréotypes qui lui collent à la peau. Il s’agira donc, dans les années à venir, de poursuivre l’important travail initié, de redoubler d’efforts. »
Documents de référence :