Alors que la guerre et les conflits interethniques faisaient rage à l’est (Donbass) et au sud (Crimée) de la ville, Melitopol, fidèle à ses principes interculturels, a accueilli des événements et publié des déclarations politiques.
Les 28-29 septembre 2015, la ville de Melitopol a accueilli le forum interculturel intitulé « Revisiter le concept des Cités interculturelles dans la réalité ukrainienne actuelle ». Ce forum proposait un autre modèle de l’Ukraine au-delà du clivage stéréotypé entre locuteurs de l’ukrainien et du russe, entre est et ouest ; il s’agissait de « faire tomber les barrières entre les personnes ».
L’événement a réuni plus de 150 participants, dont, en particulier, des représentants de communes de toute l’Ukraine, en vue de mettre en place un réseau national fonctionnel de cités interculturelles. La nouvelle stratégie interculturelle de la ville, qui avait engagé 120 personnes pour préparer cette mise en place, a été présentée aux participants, avec l’espoir qu’elle susciterait des émules.
L’un des enseignements tirés de l’expérience du réseau des Cités interculturelles est que le rôle des responsables politiques est essentiel au succès de l’approche interculturelle, et ce pour deux raisons : tout d’abord, de par sa nature intrinsèquement « transversale », cette approche peut aisément être appliquée par n’importe lequel des services municipaux, aucun n’en assumant la responsabilité, sauf si le maire indique clairement qu’elle est de la responsabilité de tous. Ensuite, l’inter-culturalisme peut sembler abstrait et éloigné des préoccupations de tous les jours, à moins qu’il ne soit clairement présenté à la population par les autorités élues. En l’espèce, il est donc important que le maire, Sergiy Minko, ait lancé la nouvelle stratégie interculturelle de Melitopol lors du forum.
Le « Plan d’intégration interculturel de Melitopol 2015-2020 » s’inscrit dans le cadre non seulement du réseau des Cités interculturelles, mais aussi de la Stratégie de développement de Melitopol, laquelle prend fin à la même date. Cette échéance commune est d’autant plus opportune que la municipalité pourra envisager toutes les actions dans une « perspective interculturelle » et, donc, toucher un plus large public.
Le réseau des Cités interculturelles s’est toujours efforcé de tirer parti de « l’atout de la diversité », et le plan d’intégration de Melitopol concrétise le thème de « l’innovation » privilégié par le maire, qui décrit ses principaux objectifs en termes d’exploitation des talents : « créer des conditions et de nouvelles opportunités propices à une société dynamique, inclusive et véritablement interculturelle avec la participation de tous les résidents, sans distinction d’origine ethnique, d’âge, de religion, de sexe ou de niveau d’éducation ».
Le plan s’articule autour de cinq thèmes stratégiques :
- sensibilisation transculturelle, éducation et communication interculturelle ;
- promotion d’activités sociales, soutien économique et conseils en faveur d’un développement interculturel ;
- planification interculturelle et aménagement créatif de l’espace urbain ;
- politique d’accueil de la ville et pratiques culturelles et spirituelles de la collectivité ;
- tourisme et études régionales, facteurs d’intégration dans la cité interculturelle.
Chacun de ces thèmes est associé à un certain nombre d’objectifs organisationnels spécifiques et aux tâches qui en découlent. À chaque tâche correspondent un acteur responsable précis, un calendrier et des résultats envisagés.
Le plan, à mettre en œuvre par un groupe de travail approuvé et présidé par le maire, prévoit la participation d’un vaste éventail d’acteurs locaux et extérieurs – la représentation de syndicats ou d’organisations du secteur tertiaire n’étant pas mentionnée. Il sera essentiel, comme ailleurs, que le plan jouisse du soutien d’ONG ainsi que de leur engagement pour la mise en œuvre sur le terrain.