But : un projet de recherche a été entrepris par la municipalité de Bergen pour savoir comment la population issue de minorités ethniques se sentait traitée par les services municipaux et jugeait sa qualité de vie à Bergen. La municipalité souhaitait entendre les témoignages et les critiques des personnes concernées.
Point de départ : le premier moteur de ce projet était l’engagement politique. La municipalité, via son département Diversité et égalité, travaillait aussi avec la communauté musulmane sur son expérience de l’islamophobie, ce qui a constitué une incitation supplémentaire. L’existence même d’un département Diversité et égalité a joué un rôle important.
Processus : la mesure clé a consisté à faire appel à une équipe de recherche extérieure, expérimentée dans le domaine du racisme structurel. Ces connaissances préalables ont été importantes pour l’efficacité du projet. Sur la base des résultats de recherche, des actions ont été menées avec la participation de la société civile et des minorités ethniques.
Les recherches ont eu un volet qualitatif, sous forme d’entretiens individuels avec un petit nombre de personnes membres de minorités ethniques. Ces récits à la première personne sur la vie à Bergen et les relations avec les services municipaux ont compté parmi les éléments du rapport final qui ont pesé sur les politiques. Il s’est avéré que les services éducatifs étaient une source d’inquiétude particulière. Sur le plan quantitatif, les recherches comportaient aussi une enquête auprès de quelque 400 personnes appartenant à des minorités ethniques. Ici, ce sont l’emploi et le marché locatif qui sont ressortis comme particulièrement problématiques.
La méthode choisie n’est pas allée sans difficultés. La pandémie de covid-19 a obligé l’équipe à renoncer aux entretiens en groupe. Les considérations de protection des données ont empêché d’accéder aux données qui auraient rendu l’enquête vraiment représentative ; de ce fait, il s’est avéré que les personnes interrogées avaient un niveau d’études supérieur à la moyenne.
La distinction entre formes individuelles et systémiques de discrimination n’a pas été facile à établir. Cependant, l’expérience de l’équipe de recherche en matière de racisme structurel lui a permis d’identifier, en analysant les entretiens et les réponses à l’enquête, des types de racisme relevant davantage d’une forme systémique.
Le fait que la recherche soit explicitement consacrée au racisme structurel reflétait l’engagement politique à traiter ce problème et suscitait la confiance, ce qui a encouragé la participation des personnes de minorités ethniques.
Impact : le rapport de recherche a suscité un débat. Les élu·e·s du conseil municipal l’ont pris au sérieux, et plusieurs réunions publiques sur le rapport ont été organisées. Le rapport a aussi fait l’objet d’une bonne couverture médiatique.
Le rapport a permis de comprendre le racisme structurel et fait aujourd’hui figure de référence sur le sujet. Il comportait un chapitre théorique qui expliquait, en termes accessibles, le sens du concept de racisme structurel dans le contexte norvégien. Sur cette base, les responsables de la municipalité ont pu traduire le concept en plans et en actions.
Le rapport de recherche a suscité et continue de susciter des actions. Un plan d’action sur la discrimination et la haine rencontrées par les personnes musulmanes a été publié. Des financements ont été alloués au secteur éducatif pour qu’il lutte de manière plus globale contre le racisme, en sensibilisant les enseignant·e·s sur le sujet et en les équipant pour y répondre. Plusieurs ONG, représentant différents groupes minoritaires, se sont alliées et ont reçu des financements qui leur ont permis d’ouvrir un bureau où l’on peut facilement venir signaler des cas de discrimination.
Principaux documents de référence : Sindre Bangstad, Edvard Nergård Larsen et Lise B. Grung, Structural Racism in Bergen, rapport 2021/09, Vista Analysis et KIFO, 2021 (en norvégien).
