À Reggio Emilia, l’inclusion des immigrés est favorisée par des projets de coopération au développement menés en partenariat avec les pays d’origine. Créer des milliers d’emplois pour le développement agricole et contre l’insécurité alimentaire au Burkina Faso, voilà qui n’est plus un simple rêve grâce à l’engagement des Burkinabés résidant à Reggio et à leur capacité de réseautage.
En juillet, Abreer – l’Association des Burkinabés de Reggio Emilia et d’Emilia Romagna – a signé un accord avec le gouvernement du Burkina Faso – représenté par Raymond Balima, ambassadeur du Burkina Faso en Italie – et avec des entreprises d’Emilie.
Objectif du projet : transférer technologies et compétences vers le pays africain afin d’y installer des usines de production et d’assemblage de machines, ainsi que des structures et services pour la vente des produits.
L’idée est née au sein de l’association des Burkinabés vivant à Reggio. « Certains d’entre nous ont perdu leur emploi à cause de la crise… Alors nous avons décidé de consacrer notre temps à apprendre quelque chose pour l’avenir », explique le président de l’association, Seni Bandaogo. « Nous avons collecté de l’argent entre nous afin d’organiser une formation en agriculture organique pour les Burkinabés vivant à Reggio… Pour voir s’il était possible d’exploiter ces compétences ici, en Italie, et au Burkina Faso ».
Les cours sur les techniques agricoles (AgrAfrica) ont regroupé d’autres organisations locales (Cooperativa La Collina, associazione Il Gabbiano, Crpa et Dinamica, par exemple) qui ont contribué au programme de formation. Aujourd’hui, ce programme se mue progressivement en un projet de coopération au développement visant à créer dans les villages du Burkina Faso de petites entreprises autonomes dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la production énergétique, et ce avec un double objectif : assurer la sécurité alimentaire et énergétique, et assurer de meilleures conditions en matière de santé et d’éducation.
En septembre, le gouvernement du Burkina Faso communiquera les première régions et actions où démarrer la mise en œuvre du projet. Entre-temps, six entreprises de Reggio Emilia – fabricants de tracteurs et machines agricoles, d’appareils de transformation et préservation des produits agro-alimentaires, et d’équipements d’énergie renouvelable – ont déjà signé l’accord. Elles sont prêtes à exporter des pièces de machines et des équipements à assembler au Burkina Faso par des entreprises locales : Goldoni spa, Ceti Group, Parma Tech-Magreb, Boorea, Sei elettrotecnica, Amp.
Selon Raymond Balima, « comme en témoigne ce projet, la migration a une incidence positive sur la culture et la société ; les personnes d’origine burkinabé apprécient de vivre dans une ville qui, à commencer par l’institution, se préoccupe de leur bien-être : elles sont tout aussi soucieuses de l’avenir de leur ville que de leur pays d’origine ».