Cités interculturelles : Comment ça marche?
Pour être florissantes, les villes de demain devront être capables de mettre à profit le talent et l’énergie de leurs concitoyen-ne-s, tout en garantissant une égalité réelle, la non-discrimination et une interaction interculturelle significative.
Réaliser l'avantage de la diversité implique un engagement des autorités publiques à reconnaître et à préserver la diversité en tant que caractéristique intrinsèque des communautés humaines, et à rechercher "l'avantage de la diversité" qui découle de la présence de la diversité lorsqu'elle est associée à des politiques et stratégies spécifiques permettant à des contributions diverses de façonner le tissu culturel, économique et social de la ville, et de gérer les conflits susceptibles de menacer la cohésion communautaire.
Garantir une égalité réelle implique un engagement à la non-discrimination dans toutes les actions publiques, envers le personnel de la ville, dans leurs relations avec les partenaires et les fournisseurs, y compris les organisations de la société civile et les entreprises ; et à orienter les politiques et les ressources vers chacun-e, en fonction des besoins.
La promotion d'une interaction interculturelle significative implique la création de conditions propices à des rencontres positives et constructives au quotidien, au-delà des différences culturelles, de genre, d'identité sexuelle, d'âge, de statut socio-économique et autres, où l'engagement actif au-delà des différences, plutôt que l'indifférence bénigne, est l'élément constitutif nécessaire d'une société prospère.
Les villes peuvent minimiser les menaces et maximiser le potentiel de la diversité en développant, négociant et en mettant en œuvre une stratégie globale pour réaliser les avantages de sa diversité.
Le programme des cités interculturelles aide les villes et les régions à concevoir de telles stratégies en passant outre les obstacles institutionnels et en mobilisant les dirigeant-e-s, le personnel les officiers de police, les professionnels des entreprises, la société civile, derrière un nouveau modèle d’intégration basé sur la mixité et l’interaction entre les personnes de diverses origines ethniques, religieuses et linguistiques.
Le programme aide les villes à :
- Créer un sentiment d’identité plurielle englobant le pluralisme culturel et la complexité des identités à travers un discours de leadership et des actions symboliques basée sur la fierté et l’appréciation la diversité de la ville
- Mettre en place un modèle de gouvernance qui permette à tous les membres de la communauté, quels que soient leur origine ou leur statut, de développer leur potentiel, de réaliser leurs talents et de contribuer à la prospérité locale.
- Promouvoir la participation et le partage du pouvoir, en associant les personnes d'origines diverses à la prise de décisions dans les institutions urbaines, qu'elles soient politiques, éducatives, sociales, économiques ou culturelles.
- Ouvrir des espaces et des opportunités d'interaction et de co-création profondes entre des personnes d'origines et de milieux culturels différents, pour construire la confiance, la cohésion et la solidarité, et ainsi réaliser le potentiel créatif de la diversité.
- Favoriser la compétence interculturelle et soutenir les innovateurs et innovatrices interculturel-le-s dans les organisations publiques, privées et la société civile.
- Gérer les conflits, briser les stéréotypes et engager un débat sur l'impact et le potentiel de la diversité pour le développement local.
Le réseau des cités interculturelles fournit des conseils d’expert-e-s et de pairs aux villes qui souhaitent apprendre à mieux gérer la diversité et profiter des avantages de la diversité. Il offre une méthodologie testée et validée internationalement et un éventail d’outils analytiques et éducatifs, et aide à redessiner les politiques et les services de la ville afin de les rendre plus efficaces dans un contexte de diversité.
Ci-dessous quelques exemples de services et d’activités dont peuvent bénéficier les villes. Il faut noter cependant que le programme fonctionne d’une manière très ouverte et flexible, en s’adaptant aux besoins et aux attentes de chaque ville.
Analyse initiale du niveau de développement interculturel grâce à l’index des cités interculturelles
L'Index des cités interculturelles est un outil d’évaluation qui comporte environ 83 indicateurs permettant d’évaluer le niveau d’une ville dans les domaines de politique et de gouvernance et de mesurer ses progrès au fil du temps ; il permet d’identifier les domaines dans lesquels les efforts devront se concentrer à l’avenir et d’identifier les villes qui pourraient être la source de bonnes pratiques dans ces domaines spécifiques. ; de communiquer de façon visuelle, graphique les résultats et les progrès de chaque ville par rapport à d’autres ou au réseau en général.
L’outil comprend une combinaison de faits : des données démographiques en particulier (essentiellement quantitatives) ; des ressources : politiques, structures (essentiellement qualitatives) ; des effets : opinions et comportements (essentiellement qualitatifs)
Les données sont collectées au moyen d’un questionnaire complété par des responsables municipaux. Des informations complémentaires quant aux structures, politiques et actions devront être fournies au travers d’une grille d’évaluation des politiques (plusieurs services devront être impliqués). Une équipe d’experts analysera ensuite les données, et les résultats seront publiés dans un rapport sous la forme d’une analyse et d’une série de recommandations.
Instruments d'analyse
Les graphiques ICC permettent d'afficher graphiquement les résultats de l’Index de tous les membres du programme ICC, y compris le niveau de réalisation de chaque ville, la progression dans le temps et la comparaison avec d'autres villes grâce à un filtrage par taille, diversité démographique, population, pays et domaines politiques. En outre, les Chartes ICC comparent également les résultats obtenus par une ville dans l' "index ICC étendu" qui comprend l'évaluation de l'index original (de base) ainsi que les nouvelles questions ajoutées en 2019. De plus, les Faits et chiffres ICC fournissent une vue d’ensemble, rapide et simplifiée, de la mise en œuvre du modèle de politique d’intégration interculturelle.
Visite préalable d’experts
Suite au diagnostic réalisé grâce à l’index des cités interculturelles, un groupe d’experts et de gestionnaires de programme visitent les nouvelles villes partenaires pour y rencontrer divers acteurs (hommes politiques, fonctionnaires, dirigeants de la société civile et des syndicats, des professionnels des médias et des entreprises, des dirigeants religieux, etc.) pour évaluer leur compréhension de l’approche interculturelle et leur disponibilité à s’engager dans le développement d’une stratégie locale interculturelle. La visite se conclut par une première évaluation de la gouvernance et des politiques d’un point de vue interculturel et par une série de recommandations.
Réunions internationales des coordinateurs des cités interculturelles
Les réunions internationales sont une opportunité d’échanges entre les villes et les experts sur le concept et la méthode des cités interculturelles, sur des questions d’intérêts communs et la possibilité de construire des relations bilatérales et multilatérales, d’imaginer des initiatives communes et de discuter de questions stratégiques telles que l’évaluation de l’impact et durabilité des stratégies locales interculturelles.
Académies de l'intégration interculturelle
Les Académies de l'intégration interculturelle sont des sessions de renforcement des capacités, personnalisées en fonction des besoins du groupe cible sélectionné, combinant exercices pratiques et théorie sur les composantes de base de l'approche interculturelle. Le bénéfice le plus important est obtenu lorsque les personnes participantes ont la possibilité de se préparer à l'avance et que la formation peut intégrer des exemples réels de la vie des villes concernées.
Visite d’études dans d’autres villes
Les visites d’études représentent l’un des piliers de l’apprentissage du programme. Une visite d’études se fera dans une ville « mentor » qui a déjà finalisé son « curriculum » et aura réalisé des avancées significatives. Une autre visite se fera dans une ville « partenaire » qui bénéficie d’une expérience ou d’un avantage positif dans un domaine que la ville membre souhaite développer ou mieux connaître.
Aide au développement de stratégie interculturelle
Un conseil d’expert est fourni (à distance ou sur place) sur demande de la ville dans le processus de développement de sa stratégie interculturelle. Dans certains cas, les « experts » peuvent être des agents municipaux en charge de l’intégration auprès des coordinateurs interculturels des villes partenaires qui ont acquis une expérience significative et une compréhension de la question (mentorat par les pairs). En particulier, une assistance sera fournie pour développer des indicateurs de suivi de la stratégie, et pour identifier les résultats spécifiques qui augmenteront le bien-être général de la communauté, et les moyens de mesurer le succès.
Favoriser la compétence interculturelle
Les fonctionnaires d'une cité interculturelle idéale devraient être capables de détecter et de répondre de manière globale aux défis posés par les différences culturelles, et de moduler leur approche en conséquence, plutôt que d'essayer d'imposer un modèle de comportement unique à toutes les actions. Le programme ICC fournit aux fonctionnaires municipaux une série d'outils, de formations et d'orientations politiques pour développer la compétence interculturelle dans tous les services de la ville.
Gérer les perceptions de la diversité par le grand public et casser les mythes négatifs
La réussite d’une stratégie interculturelle suppose un changement de mentalité, d’attitude et de comportement, à la fois chez les migrants et dans la société d’accueil. Pour renforcer la cohésion, il est indispensable de faire grandir la confiance et un sentiment d’appartenance à une société pluraliste, qui partage des principes fondamentaux. Le problème est que, vu la difficulté d’obtenir des informations fiables et de connaître l’impact réel (négatif et positif) des migrations sur la collectivité, les gens ont tendance à se forger une opinion sur la base de « mythes » ou de stéréotypes.
La « méthodologie anti-rumeurs » vise précisément à contrer les rumeurs et les préjugés liés à la diversité qui entravent les échanges positifs et favorisent les attitudes discriminatoires et racistes. La méthodologie anti-rumeurs proposée par le programme des Cités interculturelles, qui est conçue comme une politique publique, comprend plusieurs volets : identifier les principales rumeurs qui courent dans une ville ; collecter des données objectives, mais aussi des arguments affectifs, pour démanteler les fausses rumeurs ; créer un réseau anti-rumeurs composé d’acteurs de la société civile locale ; nommer et former des « agents anti-rumeurs » ; et concevoir et mener des campagnes de sensibilisation pour lutter contre les rumeurs.
Favoriser la gouvernance multi-niveaux de l'intégration
L'un des défis cruciaux que les villes et les États doivent relever dans les années à venir est le développement d'un cadre efficace de dialogue et de coopération entre les autorités locales, régionales, nationales et européennes afin de garantir que les politiques d'inclusion des migrants à tous les niveaux se renforcent mutuellement. Pour aider les villes et les États, le Conseil de l’Europe a mis en place un groupe de travail basé sur la gouvernance multi-niveau. plus d'information >>