Module 4 – Éléments d’une stratégie interculturelle
La quasi-totalité des domaines de la politique de la ville pourrait être réexaminée sous un angle interculturel, c’est-à-dire au regard de leur incidence sur l’identité des personnes, des perceptions mutuelles entre les communautés ethniques et de la nature de leurs relations. Trop souvent, les villes définissent leurs politiques en matière de diversité en réaction à des problèmes graves, qui peuvent même ne pas être les plus urgents. Elles risquent alors de perdre de vue les tâches quotidiennes qui constituent la plus grande part de leurs activités. Au cœur du concept de ville interculturelle se trouve l’idée que les fonctions municipales les plus importantes, qui sont aussi bien souvent les plus prosaïques, devraient être revues et reconfigurées dans un esprit interculturel.
Bien qu’une stratégie municipale puisse être structurée de multiples façons, l’expérience acquise dans le cadre du programme des Cités interculturelles montre qu’il existe 16 éléments (détaillés ci-dessous) qui, s’ils sont tous traités, sont à même d’influencer les perceptions de la population et les politiques publiques.
4.1 Interaction
Les interactions entre des personnes issues de tous horizons constituent la pierre angulaire de l’approche interculturelle, et c’est ce qui lui confère sa valeur unique. Plus des personnes ayant des origines et des modes de vie différents sont en contact les unes avec les autres, moins elles sont susceptibles de penser et de se comporter d’une manière préjudiciable pour autrui. Toutefois, les conditions de ces interactions sont importantes. Les participant-e-s doivent être traités de façon égale, et chacun-e doit reconnaître les origines culturelles et identitaires des autres.
Les villes interculturelles doivent lutter contre les préjugés et la ségrégation en élaborant diverses politiques dans tous les domaines cités dans le guide et, en coopération avec de nombreux partenaires, encourager le renforcement de la mixité et des interactions entre les différentes personnes et groupes de personnes, dans tous leurs secteurs d’activité. Il est nécessaire de veiller délibérément à créer un climat de respect et de compréhension mutuels et de coopération, dans lequel les personnes appartenant à des minorités nationales sont reconnues comme formant partie intégrante de la société et jouissant effectivement de l’égalité d’accès aux droits et aux ressources, tout en ayant la possibilité d’entretenir des relations sociales et de s’intégrer par-delà leurs différences.
Ensuite, prenez le temps de vous familiariser avec les pages 28 à 30 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- La ville a-t-elle adopté un processus de consultation et/ou d’élaboration commune des politiques auquel participent des personnes de toutes origines ethniques ou culturelles ?
- La ville propose-t-elle des formations et des outils pour renforcer les compétences interculturelles de son personnel et de ses habitant-e-s ?
- La ville recherche-t-elle soutien et inspiration auprès d’une grande diversité d’organisations et de personnes ?
- La ville recherche-t-elle des exemples auprès d’autres parties prenantes, et s’appuie-t-elle sur leur expérience ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- Concevoir ou soutenir des initiatives qui réunissent les gens autour de sujets d’intérêt commun.
- Ouvrir des centres interculturels ou des musées célébrant tous les types de diversité, pour que les habitant-e-s d’origines diverses développent un sentiment d’appartenance concernant des espaces publics qui soient attractifs pour tous et toutes.
- Aller à la rencontre de la population, là où elle se trouve (lieu de travail, magasins, écoles, lieux de culte, marchés publics, équipements sportifs, etc.), pour l’informer des perspectives offertes par d’autres espaces publics de la ville.
- Soutenir des projets, notamment en faveur des jeunes, qui visent à promouvoir une utilisation culturellement mixte de l’espace public.
- Mettre en place des équipements qui permettent à des personnes de toutes origines, de tous âges et de tous genres de se rencontrer et d’interagir.
- Concevoir des mécanismes de retour d’information et des indicateurs pour suivre les évolutions et repérer les lacunes.
4.2 Participation
La participation peut prendre diverses formes et présenter un caractère formel ou informel. L’intégration interculturelle suppose qu’une répartition plus équitable des compétences et des responsabilités entre les différentes entités politiques est nécessaire à l’ère de la diversité. Par conséquent, les villes interculturelles s’efforcent de faire participer tous leurs habitant-e-s aux divers processus décisionnels au niveau municipal, renforçant ainsi le soutien aux politiques locales et, partant, la durabilité de ces dernières, tout en réduisant les coûts économiques de l’exclusion et de l’instabilité sociales.
Ensuite, lisez les pages 30 à 34 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- Si votre ville est dotée d’un plan d’action interculturelle, celui-ci a-t-il fait l’objet d’un processus de consultation auquel ont participé des personnes issues de l’immigration ou appartenant à une minorité ?
- Votre ville a-t-elle instauré des mécanismes participatifs (autres que le droit de vote ou d’éventuels organes consultatifs) pour permettre à tous ses habitant-e-s, indépendamment de leur appartenance à un groupe issu de l’immigration ou à une minorité, de participer au processus décisionnel sur un pied d’égalité avec les autres habitant-e-s ?
- Votre ville assure-t-elle le suivi de la participation au processus décisionnel des habitant-e-s issu-e-s de l’immigration ou appartenant à une minorité ?
- Votre ville prend-elle des mesures pour garantir que les habitant-e-s issu-e-s de l’immigration ou appartenant à une minorité soient représenté-e-s équitablement dans les institutions et organisations, au sein des conseils d’administration ou des instances dirigeantes des syndicats ou des écoles publiques, au sein des comités d’entreprise, etc. ?
- Votre ville a-t-elle pris des mesures pour garantir que l’égalité entre les femmes et les hommes soit respectée au sein des organisations qui participent à la prise de décisions sur les questions liées à l’inclusion des habitant-e-s issu-e-s de l’immigration ou appartenant à des minorités ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- Encourager la participation inclusive en mettant en place des formations et des outils à l’intention des pouvoirs publics, notamment sur la compétence interculturelle.
- Concevoir des actions ciblées pour toucher les groupes vulnérables.
- Créer des espaces et des dispositifs pour permettre aux citoyen-ne-s, aux responsables politiques et aux professionnel-le-s de travailler ensemble.
- Autonomiser les citoyen-ne-s grâce à des activités ciblées de renforcement des capacités.
- Informer régulièrement les communautés des possibilités de participation ainsi que des résultats de ces processus.
- Envisager de mettre en œuvre également des activités artistiques et culturelles en tant qu’outils pour susciter l’intérêt, l’engagement et la participation.
4.3 Lutte contre la discrimination
Il y a discrimination lorsque des personnes sont traitées moins favorablement que d’autres dans une situation comparable uniquement parce qu’elles appartiennent (ou sont perçues comme appartenant) à un groupe ou à une catégorie de personnes, ou lorsque des personnes se trouvant dans des situations différentes sont soumises à des normes qui ne tiennent pas compte de la spécificité de leur situation. La discrimination peut être fondée sur l’âge, le handicap, l’appartenance ethnique, les origines, les convictions politiques, la race, la religion, le sexe, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, la langue, la culture et bien d’autres motifs.
Les villes interculturelles mettent tout en œuvre pour garantir l’absence de discrimination. Elles travaillent en partenariat avec des institutions et des organisations, s’intéressent aux interactions dans le cadre desquelles des schémas sous-jacents d’inégalité peuvent exister, recueillent des données pertinentes et assurent le suivi des retombées des politiques mises en œuvre.
Ensuite, lisez les pages 34 à 36 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- Votre ville procède-t-elle à un examen systématique de toute la réglementation municipale en vue d’identifier les mécanismes susceptibles d’être discriminatoires à l’égard des habitant-e-s issu-e-s de l’immigration ou appartenant à une minorité ?
- Votre ville a-t-elle adopté une charte ou un autre document juridiquement contraignant pour interdire la discrimination fondée sur la race, la couleur de la peau, la langue, la religion, la nationalité, les origines nationales ou ethniques, le sexe, l’identité de genre ou l’orientation sexuelle à l’égard de personnes ou de groupes de personnes au sein de l’administration et des services municipaux ?
- Votre ville est-elle dotée d’un service spécialisé de conseil et de soutien aux victimes de discrimination ?
- Votre ville assure-t-elle un suivi régulier de la situation en matière de discrimination ou mène-t-elle régulièrement des recherches pour mesurer l’ampleur du phénomène et en déterminer la nature ?
- Votre ville mène-t-elle des campagnes de lutte contre la discrimination ou d’autres actions de sensibilisation dans ce domaine ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- Mettre en place des structures de lutte contre la discrimination qui soient à même de comprendre et de traiter la discrimination, d’aider les victimes et de détecter les cas de discrimination systémique.
- Encourager l’acquisition, par les agent-e-s publics et les élu-e-s, de compétences en matière de diversité.
- Transmettre une pédagogie urbaine des droits humains, du dialogue interculturel et des identités multiples ainsi que de la prévention des discriminations multiples par l’intermédiaire du discours public officiel, de l’éducation, de partenariats, des réseaux sociaux et de stratégies anti-rumeurs.
- Concevoir des activités intersectorielles associant des organisations concernées, afin de sensibiliser aux formes multiples et complexes de ce problème, et élaborer des stratégies efficaces.
4.4 Accueil des personnes nouvellement arrivées
Une personne qui arrive dans une ville pour un séjour prolongé (quelle que soit sa situation) risque fort de se sentir perdue et d’avoir besoin de soutien, sous de multiples formes. La capacité à coordonner les différentes mesures d’appui et à les mettre en œuvre de façon efficace a une incidence majeure sur l’adaptation et l’intégration des personnes nouvellement arrivées. Nous oublions souvent de nous demander si la population hôte est un tant soit peu préparée et disposée à accueillir les personnes nouvellement arrivées en tant que citoyen-ne-s, or cet élément a une incidence considérable sur les relations interculturelles. Là encore, c’est le message véhiculé par les autorités en ce qui concerne la diversité, dans leur communication ou au moyen d’actions concrètes, qui détermine dans une certaine mesure l’attitude adoptée envers les personnes nouvellement arrivées.
Ensuite, lisez la page 37 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- Votre ville est-elle dotée d’un bureau, d’un service, d’un-e agent-e ou d’une procédure destinée à accueillir les personnes nouvellement arrivées ?
- Existe-t-il, à l’intention des personnes nouvellement arrivées, un dispositif complet d’information et d’accompagnement qui soit spécifique à votre ville ?
- Les différents services et agences de la ville proposent-ils une aide à certains groupes de personnes en particulier à leur arrivée ?
- Votre ville a-t-elle mis en place des formations spécifiques à l’intention des personnes migrantes pour les accueillir et favoriser leur intégration ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- Créez une cérémonie d'accueil où les personnes nouvellement arrivées ont l'occasion de se rencontrer.
- Veillez à ce que le matériel soit disponible en plusieurs langues.
- Veillez à ce que les informations sur les services importants soient faciles d'accès.
- Diffusez des informations sur les associations et autres activités de loisirs qui peuvent être utiles aux personnes nouvellement arrivées dans votre ville.
4.5 Education
Les écoles sont capables de renforcer les préjugés ou de les remettre en question en fonction de l’environnement physique, pédagogique et social qu’elles créent, ainsi que des valeurs et des connaissances qu’elles transmettent. Dans l’idéal, les initiatives visant à renforcer l’impact interculturel du système scolaire ne se limitent pas à des projets isolés mais traitent de l’ensemble des éléments et facteurs – de la diversité des élèves et du corps enseignant à l’apparence extérieure et intérieure des établissements, en passant par les contenus pédagogiques et les liens entre l’école et la collectivité.
Ensuite, lisez les pages 37 à 39 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- Votre ville a-t-elle adopté une politique visant à renforcer le brassage ethnique et culturel dans les établissements scolaires ?
- Les écoles mènent-elles des projets interculturels ?
- Les écoles s’efforcent-elles de faire participer les parents issus de l’immigration ou appartenant à des minorités (au-delà des simples réunions parents-professeurs) ?
- Les origines ethniques/culturelles des enseignant-e-s reflètent-elles la composition de la population de la ville ?
- Les « compétences interculturelles » sont-elles intégrées dans le programme scolaire, ou font-elles l’objet de projets extracurriculaires ?
- Les enseignant-e-s sont-ils et elles formé-e-s en matière de compétences interculturelles ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- Chercher à assurer un brassage des élèves et à proposer un enseignement de leur langue maternelle (ou à reconnaître la maîtrise de leur langue maternelle).
- Instaurer un partenariat avec les parents et les inciter à participer aux politiques et à la vie de l’école ; mettre en œuvre des mesures pour entrer en contact avec les parents migrants et les inviter à s’associer aux activités ; mettre en place des façons informelles de contacter les parents.
- Établir des liens avec des établissements d’autres confessions (pour les écoles confessionnelles).
- Chercher à assurer une diversité au sein du corps enseignant.
- Interagir avec la communauté locale et conduire des projets interculturels.
- Représenter la diversité dans l’aménagement ou la décoration de l’école.
- Enseignement et programmes : dispenser des cours sur différentes religions, aborder toutes les disciplines sous un angle interculturel et axer l’enseignement de l’histoire sur des points de vue multiples.
- Encourager les élèves issu-e-s de l’immigration à participer activement aux processus démocratiques au sein de l’école.
- Assurer la formation interculturelle des enseignant-e-s.
- Organiser un système de mentorat des élèves par leurs pairs.
4.6 Quartiers
Le phénomène de concentration d’habitant-e-s d’une même origine culturelle ou ethnique dans certains quartiers est d’une intensité variable selon les villes. Par ailleurs, les avis divergent lorsqu’il s’agit de savoir si l’État devrait intervenir à cet égard ou s’il convient de laisser faire le marché et de respecter les choix personnels. Il n’est pas nécessaire d’atteindre une mixité « parfaite » sur le plan statistique pour être une véritable cité interculturelle : les villes du réseau reconnaissent la valeur des enclaves ethniques, dès lors qu’elles ne constituent pas des obstacles à la libre circulation des personnes, des idées et des opportunités.
Le degré de cohésion d’un quartier est un important indicateur de l’intégration, ainsi que des attitudes positives envers la diversité. Des travaux de recherche mettent en évidence une corrélation positive entre les degrés perçus de cohésion sociale dans le quartier et la perception de l’atout que représente la diversité. Les personnes qui perçoivent un faible niveau de cohésion sociale dans leur quartier ont un regard plus négatif sur la plupart des aspects de l’immigration. Avec le temps, les perceptions évoluent, en particulier après une période d’interaction accrue entre les personnes migrantes et les sociétés d’accueil.
Ensuite, lisez les pages 39 à 41 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- Combien votre ville compte-t-elle d’arrondissements/de quartiers multiculturels/multiethniques ?
- Votre ville a-t-elle adopté une politique pour renforcer la diversité des habitant-e-s dans les quartiers ou pour éviter une concentration ethnique ?
- Le système d’attribution des logements publics ou le marché immobilier privé contribuent-ils à la concentration ethnique ?
- Votre ville encourage-t-elle les initiatives consistant à faire se rencontrer et dialoguer des personnes qui habitent des quartiers différents et qui sont issues de minorités ou de groupes de migrants différents ?
- Votre ville a-t-elle adopté une politique visant à encourager, au sein d’un quartier donné, les habitant-e-s issu-e-s de l’immigration ou de minorités à rencontrer les autres résident-e-s de leur quartier et à dialoguer avec eux ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- Votre ville a-t-elle envisager de concentrer ses activités sur le développement local et la cohésion des quartiers ? Tout comme les structures et processus participatifs, les projets de quartier qui permettent aux habitant-e-s de travailler ensemble dans un même objectif sont des outils essentiels. On peut par exemple citer les maisons de quartier animées par un personnel ou des bénévoles issus de diverses origines ; les manifestations éducatives, civiques et festives ; les activités de médiation et les espaces dans lesquels des personnes de différentes origines et de tous âges se sentent bienvenues et à l’aise.
- Votre ville a-t-elle envisagé d’adopter une approche interculturelle du patrimoine urbain ? Dans le cadre d’une approche interculturelle du secteur du patrimoine, par exemple, une ville peut ouvrir son identité à toutes les communautés, renforçant ainsi la confiance, la reconnaissance mutuelle et la cohésion des quartiers en proposant une identité inclusive pour toutes et tous.
4.7 Services publics
Dans l’idéal, le personnel municipal d’une ville interculturelle devrait refléter fidèlement la composition ethnique ou culturelle de la population et les diverses origines qui y sont représentées. Les villes devraient mettre en place des formations pour sensibiliser aux aspects interculturels les responsables politiques et les principaux et principales agent-e-s chargé-e-s des politiques et des contacts avec le public dans les organismes publics, et encourager le secteur privé à s’associer à cette initiative. Les conflits qui peuvent être provoqués par le relativisme culturel, la peur ou la suspicion à l’égard de « l’autre » ainsi que la discrimination, le racisme et les actes motivés par la haine sont autant de défis – lorsqu’ils existent – auxquels sont confrontées les forces de police et les autorités publiques.
Ensuite, lisez les pages 41 à 43 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- La ville prend-elle des mesures pour garantir que les origines ethniques et culturelles de son personnel reflètent celles de l’ensemble des habitant-e-s ?
- La ville a-t-elle revu ou modifié la structure, l’éthique ou la méthodologie de son offre de services publics pour tenir compte de la diversité ethnique et culturelle de sa population et de son personnel ?
- La ville prend-elle des mesures pour encourager le brassage interculturel sur le marché de l’emploi privé ?
- Quel rôle joue la police s’agissant de la diversité culturelle ? Favorise-t-elle l’acceptation positive de la diversité ou contribue-t-elle à renforcer les préjugés ? S’efforce-t-elle de maintenir le calme entre les différents groupes de population, de faire appliquer les lois relatives à l’immigration sous l’angle des droits humains ou de préserver le statu quo ?
- Dans quelle mesure la police a-t-elle la volonté et la capacité d’intervenir plus en amont et de jouer un rôle de médiateur entre les groupes ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- Organiser des ateliers ou des discussions avec des agent-e-s publics dans des groupes hétérogènes, constitués sans tenir compte des cloisonnements administratifs et des spécialisations, avec la participation d’« innovateurs et innovatrices interculturels » exerçant des professions diverses, ou provenant de l’enseignement ou de milieux artistiques.
- Organiser des ateliers ou d’autres réunions hors des locaux administratifs, dans des espaces consacrés à l’art ou dans tout autre cadre inhabituel, ce qui invitera à une réflexion créative. Encourager l’administration à avoir confiance en ses capacités.
- Encourager les agent-e-s municipaux-ales à participer à des projets de terrain reposant sur l’interaction avec les citoyen-ne-s.
- Veiller à ce que la police adopte une approche interculturelle dans ses services de proximité.
- Inviter les autorités publiques à étendre la proposition de formations de sensibilisation aux aspects interculturels à des intervenant-e-s extérieurs à leur propre personnel.
4.8 Entreprises et travail
Les villes sont de plus en plus conscientes des avantages que la diversité de la main-d’œuvre peut présenter : elle renforce la compétitivité, l’attractivité et l’esprit d’entreprise, tout en réduisant les pénuries de main-d’œuvre ou en favorisant l’inclusion et en prévenant la pauvreté. Dans la mesure où la plupart des nouveaux emplois urbains sont créés par des très petites, petites et moyennes entreprises, de nombreuses villes ont fait de la croissance et de la durabilité de ces dernières une priorité. Bon nombre de ces entreprises appartiennent à des personnes issues de l’immigration et d’autres groupes sous-représentés. En outre, les personnes migrantes et réfugiées se lancent souvent dans des activités économiques transnationales, ce qui crée de nouvelles opportunités pour les villes. La ville doit encourager les organisations professionnelles à aller au-delà du système officiel de reconnaissance des qualifications et à définir un éventail plus large de critères pour faire en sorte que les compétences des migrant-e-s soient reconnues et utilisées de façon optimale, comme ressort de l’innovation, de la croissance et de l’entrepreneuriat.
Ensuite, lisez les pages 43 à 45 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- Existe-t-il une organisation représentant les entreprises qui soit chargée de la promotion de la diversité et de la non-discrimination dans le domaine de l’emploi ?
- La ville possède-t-elle une charte ou tout autre document contraignant visant à interdire la discrimination sur le lieu de travail et/ou a-t-elle fixé des objectifs en matière de diversité des effectifs aux entreprises qui travaillent avec elle ?
- La ville prend-elle des mesures pour encourager le brassage interculturel sur le marché de l’emploi privé ?
- La ville prend-elle des mesures pour encourager les entreprises créées par des personnes issues de minorités ethniques ou culturelles à sortir du marché local ou ethnique, c’est-à-dire à intégrer l’économie générale ?
- La ville a-t-elle pris des mesures pour encourager la création de « quartiers d’affaires », qui faciliteraient le mélange des cultures ?
- Lors de la passation de marchés pour des biens et services qui lui sont destinés, le conseil municipal donne-t-il la priorité aux entreprises ayant adopté une stratégie pour la diversité ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- Établir des partenariats avec les entreprises, les organisations, les chambres de commerce et les syndicats.
- Nouer des relations avec les universités et les instituts de recherche aux fins de la collecte de données et de la conception d’approches novatrices.
- Communiquer au sujet des contributions des personnes migrantes ou réfugiées à la vie économique.
- Veiller à la diversité du personnel administratif de la ville.
- Promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes sur le marché du travail.
- Créer des dispositifs pour les échanges et le développement de pratiques et d’idées.
- Développer l’expertise de la ville.
4.9 Vie culturelle et sociale
Les activités de loisirs sont souvent une bonne occasion de rencontrer des personnes de culture différente et de dialoguer avec elles dans un cadre neutre. Cependant, si ces activités sont structurées selon des critères ethniques, les groupes de population risquent au contraire de s’éloigner encore davantage les uns des autres. La ville peut avoir une influence dans ce domaine grâce aux activités qu’elle propose et aux financements qu’elle octroie à d’autres organisations. Pour que les activités culturelles jouent le rôle de vecteurs de communication et d’interaction interculturelles, elles doivent être conçues à l’intention d’un public diversifié. Les cultures doivent être présentées comme des phénomènes vivants et évolutifs, qui naissent de l’interaction avec d’autres cultures, et l’hybridation des expressions culturelles doit être stimulée.
Ensuite, lisez les pages 45 à 47 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- Le conseil municipal considère-t-il l’interculturalisme comme un critère pour l’octroi de subventions visant à soutenir certaines associations et initiatives ? Existe-t-il des mécanismes de financement ou de formation destinés à soutenir les talents issus de milieux divers ?
- Votre ville encourage-t-elle les organismes culturels à traiter de la diversité et des relations interculturelles dans leurs productions ?
- Votre ville organise-t-elle des activités artistiques, culturelles ou sportives visant à encourager les échanges entre des personnes ayant des origines ethniques ou culturelles différentes ?
- Votre ville organise-t-elle des campagnes ou des débats publics sur la diversité culturelle et le vivre-ensemble ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- Inviter des artistes contemporains renommés provenant des pays d’origine des principales communautés de migrant-e-s.
- Encourager des institutions culturelles classiques à programmer des artistes locaux et locales issu-e-s de l’immigration, en gardant à l’esprit que programmation internationale et programmation interculturelle sont deux choses bien distinctes.
- Le fait d’ouvrir ces institutions à des formes d’art contemporain favorise la participation d’artistes et de publics plus divers.
- Encourager des programmes artistiques favorisant la collaboration interculturelle d’artistes et mettre en avant le produit de cette collaboration.
- Allouer des ressources significatives à la participation d’artistes amateur-e-s et issu-e-s des quartiers.
- Parrainer le travail d’artistes sur des thèmes interculturels et utiliser des artistes comme médiateurs et médiatrices culturel-le-s dans le cadre de projets de renforcement de la cohésion de la collectivité.
- Faire en sorte que des manifestations culturelles se tiennent non pas dans de grandes institutions, en centre-ville ou dans des salles prestigieuses, mais en plein air, dans des quartiers pauvres ou marginalisés.
- Encourager la participation active des personnes issues d’autres communautés dans les manifestations culturelles.
4.10 Espace public
Les espaces et établissements publics sont des lieux que la plupart des citoyen-ne-s fréquentent au moins de temps en temps ; ils offrent donc des occasions de rencontre entre des personnes qui ne se connaissent pas et peuvent également renforcer la solidarité interculturelle. Des espaces animés et bien gérés peuvent devenir emblématiques des ambitions interculturelles d’une ville.
Ensuite, lisez les pages 47 à 49 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- L’interaction sociale est-elle considérée comme une priorité dans la planification de nouveaux espaces publics ?
- Les principaux espaces publics de la ville reflètent-ils sa diversité ?
- Dans la ville, les différents groupes cherchent-ils à avoir des interactions ou s’évitent-ils ?
- S’il existe dans votre ville des endroits dominés par un groupe particulier et où les autres groupes ne sont pas les bienvenus ou se sentent en danger, les autorités municipales ont-elles adopté des mesures politiques pour remédier à la situation ?
- Lorsque votre ville décide de reconstruire un espace, propose-t-elle plusieurs formes et lieux de consultation, de sorte à garantir une participation significative des personnes issues de différents milieux ?
- Les professionnel-le-s de l’urbanisme et de l’environnement urbain sont-ils et elles formé-e-s à l’interculturalité ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- La compétence la plus importante chez les professionnel-le-s de l’urbanisme et de l’aménagement est la capacité d’écoute, qui leur permet ensuite de collaborer avec les habitant-e-s concerné-e-s pour traduire les informations recueillies dans des projets professionnels.
- Les professionnel-le-s doivent toujours avoir conscience des biais inhérents à leurs propres éducation et formation ; ils doivent régulièrement chercher à prendre du recul et à les dépasser.
- Il faut savoir que les gens expriment leur rapport à l’environnement par des moyens divers, mais rarement en employant des termes professionnels.
- Les professionnel-le-s du domaine ne peuvent pas connaître toutes les langues et toutes les caractéristiques culturelles d’une communauté plurielle. Ils peuvent néanmoins apprendre à détecter les « moments interculturels » clés, c’est-à-dire les moments où la communication est recherchée et proposée, et à choisir les moyens d’expression appropriés.
- Les meilleurs espaces interculturels émergent souvent de façon spontanée, sans avoir été planifiés ; l’art de l’urbaniste consiste à savoir quand il est bon d’intervenir, ou non.
- Le dialogue avec les habitant-e-s n’est pas une démarche ponctuelle, mais un processus constant d’écoute, d’apprentissage, de conception, d’intervention, puis de nouveau d’écoute.
- Les équipes de professionnel-le-s de l’aménagement de l’espace devraient constamment chercher à renforcer la diversité de leurs membres par le biais de la formation, du recrutement et de la collaboration.
- Il ne faut pas avoir peur de se tromper ni de changer d’approche si nécessaire – la création de lieux de convivialité est fondée sur l’empathie et non sur l’infaillibilité.
4.11 Médiation et règlement des conflits
Une ville interculturelle ne cherche pas à éviter ni à ignorer les conflits. Tout en accueillant la diversité, elle identifie et traite ce type de problèmes. Ce processus est essentiel pour vivre ensemble au sein d’une communauté dynamique fondée sur la communication. À cet égard, les villes interculturelles « idéales » reconnaissent les possibilités d’innovation et de développement qui découlent du processus même de médiation et de règlement des conflits. L’intelligence collective, la compréhension des questions en jeu, le recours à des personnes-ressource clés au sein des communautés, la promotion des interactions et un engagement constant vis-à-vis de tous les groupes concernés sont quelques-uns des outils dont se servent les villes interculturelles pour concilier les intérêts des parties et régler les conflits.
Ensuite, lisez les pages 49 à 51 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- La politique municipale est-elle influencée par la nécessité d’éviter d’éventuels conflits ethniques ?
- Les agent-e-s municipaux sont-ils et elles formé-e-s à la médiation et au règlement des conflits ?
- Quel type d’organisation propose des services professionnels de médiation dans la communication et/ou les conflits interculturels ?
- Existe-t-il, dans votre ville, une instance spécifiquement consacrée aux relations interreligieuses ?
- Dans votre ville, quels sont les contextes dans lesquels une médiation interculturelle est assurée ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- Reconnaître l’éventail des contextes et situations où la tension et les conflits sont sous-tendus par un malentendu interculturel, une absence de sensibilisation ou une hostilité.
- Reconnaître toutes les possibilités de médiation interculturelle entre des personnes, des groupes, des communautés et des institutions.
- Identifier des « points chauds » de la ville, où une médiation interculturelle pourrait être nécessaire pour pouvoir progresser plus avant dans le programme interculturel.
- Identifier des professionnel-le-s et des ONG qui pratiquent la médiation dans le cadre de leurs activités. Déterminer si leur expertise pourrait être appliquée plus largement ou dans d’autres contextes.
- Examiner les besoins en matière d’appui et de formation des agent-e-s de la force publique.
- Envisager la possibilité de créer un « réservoir » de médiateurs et médiatrices interculturel-le-s à l’échelle de la ville.
4.12 Langue
Il est essentiel, pour leur intégration, que toutes les personnes nouvellement arrivées apprennent la langue du pays d’accueil. Cependant, une approche linguistique interculturelle repose également sur d’autres considérations, ce qui implique de voir la langue comme une ressource pour les relations économiques, culturelles et scientifiques, ainsi que pour les évolutions à venir dans un monde interconnecté. L’approche interculturelle vise à faire en sorte que toutes les langues parlées dans une ville soient respectées de manière égale et à encourager l’apprentissage mutuel par-delà le fossé linguistique. Dans les villes où de récents flux migratoires ou commerciaux ont introduit des langues entièrement nouvelles parlées par une importante minorité de la population, l’interculturalisme se mesure en voyant à quel point la majorité est prête à adopter ces langues dans la vie quotidienne.
Ensuite, lisez les pages 51 à 53 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- La traduction des informations publiques dans les langues minoritaires dans le cadre des diverses initiatives d’information du public et dans les services sociaux favorise-t-elle ou empêche-t-elle l’acquisition de la langue majoritaire ?
- Les services proposés pour faciliter l’apprentissage de la langue du pays d’accueil sont-ils assortis d’incitations psychologiques à s’investir dans cette démarche ?
- Existe-t-il des mesures ou des initiatives éducatives ou culturelles visant à promouvoir la reconnaissance des langues des minorités/migrant-e-s parlées au sein de la collectivité ?
- Existe-t-il dans la ville des journaux, des revues ou des émissions de radio ou de télévision locaux produits dans des langues autres que celle du groupe ethnique majoritaire ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- Le multilinguisme est-il encouragé dans les établissements scolaires et le système éducatif ? Les écoles peuvent favoriser la sensibilisation aux langues en puisant des exemples dans celles qui sont parlées par les élèves.
- Une promotion des langues familiales et des variétés de langue présentes dans les salles de classe est-elle organisée ? La diversité linguistique peut contribuer à une meilleure compréhension entre les enfants en classe et à l’école.
- La question du multilinguisme est-elle évoquée avec les parents ? En effet, la sensibilisation aux langues peut constituer un instrument important pour accroître la participation des parents.
4.13 Médias et communication
Les médias traditionnels et sociaux exercent une forte influence sur les attitudes vis-à-vis de la diversité culturelle et des autres types de diversité. Le travail en direction des médias est une dimension spécifique de l’action des villes interculturelles. Les médias locaux devraient participer activement au projet interculturel et ne pas se contenter de relayer les informations. Dans l’idéal, ils devraient être représentés au sein de la task force, ou, du moins, au sein du réseau d’appui. Parallèlement, les villes doivent s’attaquer à certaines des causes profondes du traitement inéquitable de la diversité par les médias.
Ensuite, lisez les pages 53 à 56 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- Votre ville a-t-elle adopté une stratégie de communication pour améliorer la visibilité et l’image des personnes issues de l’immigration ou appartenant à des minorités dans les médias locaux ?
- A-t-il été demandé au service chargé de la communication de votre ville de valoriser la diversité dans différents types de messages ?
- Votre ville propose-t-elle aux journalistes issu-e-s de l’immigration/de groupes minoritaires un soutien sous forme de services de conseil, de formations aux médias, de tutorat ou de mise en place de start-ups de médias en ligne ?
- Votre ville surveille-t-elle la façon dont les médias traditionnels locaux et/ou nationaux présentent les personnes issues de l’immigration ou appartenant à des minorités ?
- Votre ville surveille-t-elle la façon dont les personnes issues de l’immigration ou appartenant à des minorités sont représentées sur les réseaux sociaux ?
- Lorsque les médias locaux véhiculent des stéréotypes négatifs à l’égard des personnes issues de l’immigration ou appartenant à des minorités, votre ville cherche-t-elle à établir un dialogue avec eux ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- Définir et diffuser les messages essentiels de l’initiative interculturelle à l’échelon local.
- Améliorer la compréhension, les compétences et les aptitudes interculturelles des professionnel-le-s des médias, tout particulièrement celles des rédacteurs et rédactrices et des journalistes.
- Faire en sorte que les ambassadeurs et ambassadrices interculturel-le-s et des personnalités de la ville puissent jouer le rôle de représentant-e-s auprès des médias concernant les questions interculturelles.
- Organiser, lors des temps forts du programme, des événements « catalyseurs » afin d’attirer l’attention des médias et de susciter des débats publics autour des sujets interculturels, ainsi que des « débats critiques », qui seront autant d’occasions d’aborder des questions complexes et sensibles avec des expert-e-s et d’autres parties prenantes, pour sensibiliser les médias à l’interculturalisme et mettre à mal les stéréotypes.
- Définir une stratégie commune avec les médias locaux et, le cas échéant, avec les écoles de journalisme, pour faire en sorte que les informations soient recueillies et présentées de façon responsable et interculturelle, pour garantir une couverture médiatique équitable des personnes migrantes et appartenant à des minorités et pour renforcer les médias de proximité.
4.14 Présence internationale
Bien que les villes ne soient pas (ou pratiquement pas) compétentes en matière de politique étrangère, elles peuvent chercher activement à établir des liens avec d’autres pays pour développer des relations commerciales, échanger des connaissances et des savoir-faire, favoriser le tourisme ou simplement reconnaître les liens que la ville peut avoir avec d’autres régions. Une ville interculturelle cherche activement à établir des liens avec d’autres régions afin de favoriser les échanges commerciaux, le partage de connaissances ou le tourisme, par exemple, et est considérée par les non-autochtones (hommes ou femmes d’affaires, touristes ou personnes nouvellement arrivées) comme un lieu agréable, accueillant et accessible, qui offre des possibilités d’intégrer des réseaux commerciaux, professionnels et sociaux.
Ensuite, lisez la page 56 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- Quelle image d’elle-même la ville renvoie-t-elle ?
- Mène-t-elle une politique explicite et durable visant à encourager la coopération internationale dans les domaines économique, scientifique, culturel ou dans d’autres domaines ?
- Mène-t-elle des initiatives en faveur des étudiant-e-s étrangers ou d’autres groupes de jeunes participant à des programmes d’échange ?
- Cherche-t-elle à développer les relations commerciales avec les pays/villes d’origine de ses groupes diasporiques ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- Montrer que la ville est à la fois ouverte aux idées et aux influences extérieures et désireuse de faire connaître sa propre identité.
- Viser à nouer des liens politiques et commerciaux indépendants avec les pays d’origine de sa population minoritaire, et concevoir de nouveaux modèles de citoyenneté locale/mondiale et en assurer le suivi.
4.15 Veille et compétences interculturelles
Comme toutes les autres politiques, les politiques d’intégration interculturelle devraient être fondées sur des données factuelles. Dans les villes interculturelles, les responsables municipaux ont une sensibilité interculturelle qui leur permet de détecter les différences culturelles et de moduler leurs réponses en fonction des besoins. La veille et les compétences interculturelles exigent un savoir-faire spécifique pour pouvoir faire face à des situations peu familières – et non une connaissance approfondie et souvent illusoire de toutes les cultures. Les personnes dotées d’une telle sensibilité et d’une telle confiance en elles sont plutôt rares. Ces compétences techniques peuvent s’acquérir par la formation et par la pratique. Dans une ville interculturelle, les autorités considèrent que ces compétences sont aussi importantes et essentielles au bon fonctionnement de la ville que les autres compétences professionnelles et techniques habituellement attendues des agent-e-s publics.
Ensuite, lisez les pages 56 à 58 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- Le conseil local/municipal s’appuie-t-il sur des données statistiques et qualitatives relatives à la diversité et aux relations interculturelles pour éclairer le processus d’élaboration des politiques ?
- L’administration locale utilise-t-elle ces informations pour améliorer, directement ou indirectement, les services destinés aux membres des groupes ethniques minoritaires ?
- Votre ville encourage-t-elle les responsables et agent-e-s municipaux-ales (tant dans les administrations que dans les services publics) à développer leurs compétences interculturelles ?
- Votre ville mène-t-elle (directement ou par l’intermédiaire d’organismes extérieurs) des sondages sur la façon dont les personnes migrantes ou appartenant à des minorités sont perçues par la population ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- Rechercher des exemples de bonnes pratiques, dans la ville et ailleurs.
- Recueillir et analyser des données et informations locales.
- Mener des recherches sur le niveau d’interaction entre les cultures dans la ville.
- Définir des indicateurs interculturels et en suivre l’évolution.
- Apporter des conseils et des compétences aux organismes locaux et promouvoir les réseaux d’apprentissage au niveau local.
4.16 Leadership et citoyenneté
La mesure la plus déterminante et la plus ambitieuse qu’une ville puisse adopter pour renforcer son caractère interculturel est d’ouvrir la représentation démocratique et le processus décisionnel à tous ses habitant-e-s, indépendamment de leur origine, de leur nationalité ou de leur situation au regard du droit de séjour. De plus, la notion de citoyenneté influe considérablement sur le sentiment d’appartenance à une ville – tant sur le plan affectif que sur le plan politique et social. La reconnaissance officielle de la diversité et du droit à la participation par les responsables politiques et l’administration de la ville est fondamentale à cette fin.
Ensuite, lisez les pages 58 à 60 du guide La cité interculturelle pas à pas. Vous pouvez aussi sauvegarder le document si vous voulez le consulter par la suite.
Pistes de réflexion
- Les ressortissant-e-s étranger-ère-s sont-ils-elles tou-te-s autorisé-e-s à voter et à se porter candidat-e-s aux élections locales ?
- Y a-t-il, au sein du conseil municipal de votre ville, des élu-e-s né-e-s à l’étranger ou possédant une double nationalité ?
- Votre ville est-elle dotée d’un organe consultatif indépendant par le biais duquel les personnes issues de l’immigration ou appartenant à des minorités peuvent faire connaître leurs préoccupations et donner au conseil municipal leur avis ? Si oui, les membres de cet organe sont-ils sélectionnés en fonction de critères purement ethniques, ou sur la base de leur expérience, de leur réseau et de leur volonté de participer à des interactions interculturelles ?
- Votre ville mène-t-elle des initiatives pour encourager les personnes issues de l’immigration ou appartenant à des minorités à s’engager dans la vie politique et faire en sorte qu’elles soient représentées au sein des instances statutaires supervisant le fonctionnement des organismes publics ?
- La ville encourage-t-elle les leaders interculturels qui ne sont pas issu-e-s du vivier politique et communautaire habituel ?
- Votre ville fait-elle en sorte que chaque personne puisse exprimer son point de vue, quelles que soient ses origines culturelles ou sa situation ?
- Votre ville promeut-elle des mécanismes de démocratie participative ? Si oui, des mesures sont-elles prises pour y faire participer des personnes issues de différents milieux ?
- Votre ville a-t-elle envisagé de mettre en place des mécanismes de citoyenneté urbaine dans le cadre duquel la résidence serait utilisée comme base pour la reconnaissance et les droits, ainsi que pour l’accès aux services gérés par la ville ?
- Votre ville recherche-t-elle des occasions de réduire les écarts dans les services nationaux ?
Conseils pour votre stratégie interculturelle
- Votre ville a-t-elle pris en compte la capacité des citoyen-ne-s à transformer l’espace urbain en mettant à profit les idées, les compétences et les aptitudes de toutes les personnes, indépendamment de leur origine ?
- Votre ville a-t-elle mis en place des pratiques novatrices ou testé de nouvelles pratiques, en matière de démocratie participative, par exemple, pour permettre aux habitant-e-s étrangers de participer au débat politique et même à la prise de décisions politiques.
- Votre ville a-t-elle envisagé de mettre en place un mécanisme de citoyenneté urbaine ?
- Un accès universel aux services publics municipaux (en particulier aux soins de santé) est-il garanti et l’accès aux autres services est-il assuré en fonction des divers besoins de la population ?
- Recommendation: Recommandation CM/Rec(2018)4 du Comité des Ministres aux États members sur la participation des citoyens à la vie publique au niveau local
- Rapport : Document d'information sur la citoyenneté urbaine (seulement en anglais)
- Rapport : Community empowerment and mediation from an intercultural perspective (seulement en anglais)
- Rapport : Les droits de l’homme dans la cité interculturelle
- Ressource : La Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI)
- Page thématique : Personnes réfugiées
- Page thématique : Discrimination systémique
- Page thématique : Villes durables
- Documents thématiques : Logement, urbanisme et espace public
- Documents thématiques : Communication et sensibilisation du public
- Documents thématiques : Participation politique et publique
- Documents thématiques : Religion et dialogue interconfessionnel
- Manuel : La police de proximité
- Portail : Politiques linguistiques du Conseil de l'Europe
- Vidéo : Compétences pour une culture de la démocratie (seulement en anglais)