As delivered by Marija Pejčinović Burić, Secretary General of the Council of Europe
Monsieur le Président de l’Assemblée parlementaire,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
C’est avec plaisir que je vous retrouve en cette année qui promet d’être importante pour l’Europe.
Je crois pouvoir dire sans exagérer, que les problèmes rencontrés par notre continent depuis que je suis Secrétaire GénéraIe du Conseil de l’Europe, sont d’une ampleur inédite depuis sa création.
Notamment avec une pandémie qui a fait des millions de victimes et nous a imposé d’énormes changements dans nos modes de vie.
Le retour d’actes d’agression militaire d’une envergure que beaucoup pensaient impossible.
Avec les graves conséquences qu’ils entraînent –
À commencer par les souffrances terribles infligées au peuple ukrainien, qui continue de faire face à l’injustice avec force et courage.
Le Conseil de l’Europe – y compris son Assemblée parlementaire – a décidé d’une seule et même voix, l’an dernier, d’exclure la Fédération de Russie, en raison de cette agression brutale et illégale, qui se poursuit.
Ce fut une décision rapide et juste.
La Russie a rompu avec les valeurs qui fondent et unissent notre famille européenne.
Elle n’a pas sa place ici.
Notre priorité, aujourd’hui, est de soutenir l’Ukraine, notre État membre –
Nous le faisons par tous les moyens possibles :
En proposant notre expertise au Procureur général de l’Ukraine pour collecter les preuves des crimes de guerre commis par la Russie.
En aidant nos États membres à accueillir, aider et intégrer les réfugiés venus se mettre en sécurité sur leur territoire.
Et en élaborant le nouveau Plan d’action conjoint pour la résilience, la relance et la reconstruction, qui aidera à remettre l’Ukraine sur pied, autant que possible, dès à présent et lorsque les violences auront pris fin.
Des comptes devront être rendus – nous le devons à l’Ukraine – tout comme nous devons lui garantir les droits fondamentaux et un avenir européen.
Tous les acteurs du Conseil de l’Europe, que ce soit le Comité des Ministres, l’Assemblée parlementaire, la Cour, le Congrès, la Commissaire aux droits de l’homme, ou encore la Banque de Développement, sont fermement unis dans cette volonté.
Nous serons là pour l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra.
Le contexte est bien sûr plus large.
L’agression commise par la Fédération de Russie est l’exemple le plus extrême d’une tendance terrible.
Populisme et nationalisme fanatiques refont surface dans certaines parties de l’Europe.
Des minorités sont prises comme boucs émissaires.
Des mouvements anti-droits se développent.
Des voix belliqueuses cherchent à saper les institutions qui fondent nos sociétés démocratiques –
Notre civilisation démocratique.
Tout cela va à l’encontre des valeurs et des normes dont la défense est notre raison d’être.
Alors, plutôt que de considérer isolément les conséquences de l’agression russe, nous devrions plutôt y voir un exemple terrible du résultat de cet effondrement :
Ce sont des milliers de victimes de viols, de blessés et de tués en Ukraine, et des millions d’autres qui ont perdu leur toit, leurs moyens de subsistance et leurs proches.
En Fédération de Russie même, la population n’est plus protégée par la Convention européenne des droits de l’homme –
Soumise à un contrôle toujours plus strict, elle n’a plus aucun moyen de s’informer sur ce que fait réellement son gouvernement et sur les conséquences terribles de ces actions.
Sur tout notre continent, beaucoup de pays sont en proie à des difficultés croissantes et craignent pour leur propre sécurité –
Tandis que le prix des denrées alimentaires, des combustibles et d’autres biens s’envole.
Les services de base deviennent hors de prix et le niveau de vie de la population diminue.
Telle est la réalité de la situation géopolitique en Europe aujourd’hui.
Les droits fondamentaux, politiques et sociaux – en clair, les droits de l’homme – sont bafoués.
Tout le monde souffre. Il faut que cela cesse.
En définitive, c’est bien la mission qui a été assignée au Conseil de l’Europe à sa création –
C’est bien pour cela qu’il dispose d’un mandat et d’un espace juridique commun sans équivalent dans l’histoire de notre continent, et même du reste du monde.
Alors, quelle doit-être notre réponse ?
Je ne veux pas seulement parler de notre réponse à la violence qui secoue aujourd’hui notre continent, mais aussi à la tendance plus profonde que celle-ci représente.
Que devons-nous faire de plus, quelles actions nos États membres doivent-ils mener pour s’assurer que les droits de l’homme, la démocratie et l’ État de droit ne seront pas considérés comme une curiosité du vingtième siècle, un souvenir lointain –
Pour s’assurer qu’ils seront toujours considérés comme les fondations de notre dignité, de notre sécurité et de notre prospérité, pour ce siècle et les suivants ?
Ce sont des questions qui devront être posées au 4ème Sommet des chefs d’État et de gouvernement du Conseil de l’Europe.
J’appelle clairement de mes vœux ce sommet depuis quelques temps déjà –
Et je sais gré aux présidences italienne, irlandaise et islandaise du Comité des Ministres d’avoir fait en sorte qu’il puisse se tenir à Reykjavik en mai.
Il revient évidemment aux États membres d’en établir l’ordre du jour précis, mais je ne doute pas qu’ils tiendront compte des conclusions du rapport publié par le Groupe de réflexion de haut niveau l’automne dernier –
Et du rapport que vous adopterez cet après-midi.
Je suivrai vos débats avec un grand intérêt.
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Certainly, and as a starting point, Reykjavik will provide national leaders with the opportunity to respond to current events by recommitting to our European values and standards.
The European Convention must be implemented.
The judgments of the European Court of Human Rights must be executed always, swiftly and in full, by all our member states.
And our range of instruments must continue to do their good work in tackling everything from the rights of national and language minorities –
To preventing violence against women and domestic violence –
To ensuring the rights of children, Roma and Travellers, migrants, refugees and asylum-seekers, and LGBTI people.
But I am clear –
As I am sure that you are too –
That while this Summit must restate governments’ commitment to our values –
It cannot take a business-as-usual approach.
Given the realities around us, it must be more ambitious than that.
Ukraine must take centre stage at the Summit.
Accountability for the death and destruction caused by the Russian aggression is vital.
There can be no sustainable peace without justice.
And at the Council of Europe we are ready to play its part.
In addition, member states must now acknowledge, halt and reverse the democratic backsliding that has been a hallmark of recent years –
And which is the root cause of violence, discrimination and suffering for so many.
There is a range of ways in which they can do this.
They can strengthen and complete the human rights architecture that maintains our common standards –
By reinforcing institutions at the national level of course –
But also by taking steps at the international level –
Not least in completing the European Union’s accession to the European Convention on Human Rights –
On which so much good work has been done by both the EU and the Council of Europe working together.
Member states can also push forward with the application of our values to the new and evolving challenges facing our modern societies.
So that environmental standards are strengthened –
And Artificial Intelligence improves our lives without undermining our fundamental rights –
And of course, Reykjavik will also give member states a chance to say what they will do to restore the specific rights, freedoms and features of democratic life that are in decline across our continent.
Will they take proactive steps to guarantee freedom of expression at a time when the media often targeted, restricted and curtailed for political purposes?
Will they act to protect, nurture and expand the civic space that gives such meaning, legitimacy and colour to our democratic life, but which is often shrinking along as civil society organisations wither?
Will they further apply such thinking to the situation on our doorstep too?
Specifically, will they bring forward new thinking on how we can better engage with civil society from Belarus and the Russian Federation –
Where individuals and organisations who share our outlook are in danger of being more isolated than ever –
Co-operation between their governments and this Organisation has been rightly curtailed because of the aggression against Ukraine.
But member states have already stated their wish to see engagement with democratic forces and civil society without putting activists in danger.
And there have already been important developments on this front –
Most obviously the Council of Europe’s Contact Group on Belarus –
Whose second meeting will be held this week and will agree on concrete, practical support the Council of Europe can provide to the Belarusian democratic forces and civil society.
The Contact Group is a unique forum and I am proud that the Council of Europe is breaking new ground here –
Helping its membership to advance their thinking and ideas.
Their government disregards their wish for a better future.
We never will.
On this, and all subjects, progress will be made possible by the strength of political will.
In the lead up to the Summit, at the event itself, and in follow through to the decisions taken there.
At our recent meeting, the Icelandic Prime Minister, said something very important.
She said that she would like her country to host a Summit whose declaration deepens member states’ commitment to the Council of Europe’s values –
And does not simply reaffirm them.
That it should show an Organisation created in the aftermath of World War II –
But relevant to the challenges of today.
I fully agree.
Ongoing events on our continent show the need for governments to correct course and to reinvest their faith and their efforts in peace –
And in the Council of Europe which is fundamentally a « peace project ».
Peace underpinned by the values and standards into which so much time, work and faith have been invested since 1949.
We – all of us in this Organisation – are ready to play our part.
To deliver on the promise of a better and peaceful future for Europe.
That is the challenge to which we must rise.