Le Centre européen pour la solidarité et l’interdépendance mondiales (Centre Nord Sud), travaille sur les questions d'égalité de genre et de droits des femmes depuis deux décennies. La pleine participation des femmes à la vie politique et aux processus démocratiques ne pouvant s’accomplir sans l’abolition de toutes les formes de violence à l'égard des femmes, le Centre Nord Sud a intégré la lutte contre les violences faites aux femmes comme pierre angulaire de son Programme de renforcement du rôle des femmes.

Avec la Convention d'Istanbul comme outil de référence, le Centre Nord Sud promeut et soutient la coordination d’acteurs complémentaires au niveau institutionnel et la coopération interrégionale, comprenant la participation active de son principal groupe cible : les Organisations de la société civile.

Reconnaissant la nécessité d’impliquer tout d’abord les femmes elles-mêmes dans la définition et la mise en place des projets, et prenant en compte la nature structurelle des violences, le Centre Nord Sud mise sur deux mécanismes complémentaires : le renforcement des organisations de la société civile et du dialogue entre acteurs clés.

Dans la région euro-méditerranéenne, le renforcement des organisations de la société civile se concrétise au travers du travail en réseau d’un processus de perfectionnement de leurs capacités.   

Un groupe d’expertes est mobilisé depuis 2015 au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Les expertes contribuent aux travaux du Centre Nord Sud, tant sur la compréhension des problèmes liés aux manifestations de la violence et ses effets sur les femmes et les communautés, que sur l’identification des besoins des pays pour déterminer des priorités communes. Sur demande des organisations de la société civile ou acteurs institutionnels, les expertes partagent des connaissances, outils, normes et méthodologies du Conseil de l'Europe.  
Compilant les recherches des expertes et leurs expériences, un guide “La violence de genre à l’égard des femmes” sur la protection des femmes victimes de violence basée sur le genre dans la région sera publié cette année.  

Le travail des expertes a été développé parallèlement à une série de 6 cours de formation et d'ateliers destinés aux organisations de la société civile afin de renforcer leurs capacités à lutter contre la violence à l’égard des femmes.  

Enfin, conscient du besoin de financement pour les organisations de la société civile impliquées sur la protection des victimes/survivantes de la violence fondée sur le genre dans la région, et grâce au financement du Programme Sud IV, le Centre Nord Sud a subventionné des actions de terrain pour lutter contre la violence à l'égard des femmes.  
Ainsi, 28 activités ont été mises en œuvre entre 2021-2022 touchant environ 3 300 bénéficiaires directs (dont 1 190 femmes en situation de vulnérabilité).  

Afin de faciliter le dialogue entre les représentants des gouvernements, des parlements, des autorités locales et régionales et de la société civile de la région : des représentant.e.s de différents niveaux de représentation et d'organisations internationales de la région euro-méditerranéenne ont été mobilisé.e.s.  

Des ateliers, des conférences et des tables rondes ont permis d’analyser les défis actuels tels que l'augmentation de la violence fondée sur le genre dans les zones de conflit et de post-conflit, la mise en œuvre effective des lois, la protection des femmes et des filles réfugiées et migrantes et la violence domestique, permettant le  développement d'une collecte et d'un partage des données globales sensibles au genre, la promotion des droits humains et des approches centrées sur les victimes, le partage et la mise en œuvre des bonnes pratiques.  

Deux conférences thématiques ont mobilisé plus de 300 professionnel.le.s du secteur : « La Conférence sur les femmes et les filles migrantes, réfugiées et demandeuses d'asile dans la région Euromed » en 2018, et « Renforcer la coopération euro-méditerranéenne pour protéger les filles de la violence fondée sur le genre » en 2022. 

Le Centre Nord Sud tend à inscrire ses projets au sein d’une approche intersectionnelle. Cette approche permet de tenir compte des formes de marginalisation, d'exclusion et de discrimination au niveau sociétal comme catalyseurs des violences à l’égard des femmes. L’approche intersectionnelle prend aussi en compte les violences pouvant résulter de discriminations multiples, comme le cas des femmes migrantes, ou le cas des femmes subissant racisme et sexisme. Une campagne a été lancée le 8 mars dernier afin de sensibiliser sur le concept d’intersectionnalité, et de fournir des pistes de réflexions et des outils aux professionnels et aux activistes pour la mise en pratique de l'inclusion intersectionnelle dans leurs activités.