« On croit souvent que les démocraties disparaissent à la suite d'actions violentes, comme les coups d'État militaires ou les agressions. Mais à notre époque, elles peuvent être compromises par d'autres moyens manifestes ou dépérir dans un mutisme contraint », a déclaré la Première ministre islandaise Katrín Jakobsdóttir, en évoquant les pratiques antidémocratiques comme la prise de contrôle du paysage médiatique, la réduction au silence des voix de l'opposition et la suppression des médias critiques, la diabolisation de groupes de la société civile accusés d’être des agents étrangers, ainsi que la modification de la législation électorale par le biais du redécoupage électoral ou de la restriction de l'accès au vote.
« Cette tendance dangereuse est un signal d'alarme que doivent entendre tous ceux d'entre nous qui sont attachés à une démocratie conçue comme le seul moyen de garantir l'égalité des droits politiques et le choix de nos propres représentants ».
« Il existe sans aucun doute des démocraties prospères aujourd'hui, dotées de solides institutions publiques qui fonctionnent conformément aux principes démocratiques et de partis politiques qui s'engagent à respecter le système démocratique et l'État de droit ».
« Mais par suite des multiples crises survenues ces dix dernières années – une crise financière, une pandémie et, plus récemment, une guerre brutale – la démocratie a été mise à rude épreuve ».
La Première ministre a souligné combien l'éducation à la démocratie était indispensable et combien les partis politiques étaient importants, en leur qualité de gardiens de la démocratie, pour atténuer la polarisation politique extrême et lutter contre l'exclusion sociale et la désinformation.
« Les démocraties doivent faire front commun pour protéger les droits et libertés politiques durement acquis », a-t-elle déclaré.
« Démocratie, droits de l'homme, égalité. Dans mon esprit, ces trois valeurs ne peuvent être dissociées les unes des autres. La démocratie consiste à reconnaître à chacun un droit égal à prendre des décisions pour la société. La justice sociale et l'égalité sont un facteur essentiel de la garantie de ces droits ».
« La paix n'est pas l'absence de guerre, et la guerre n'est pas l'absence de paix. Pour promouvoir la paix, nous avons besoin d'une société juste, dans laquelle les droits de l'homme et la démocratie sont respectés, les droits du plus grand nombre à influer sur la prise de décision et le progrès social et économique sont garantis et des conventions internationales relatives aux droits de l'homme, comme la Convention européenne des droits de l'homme, s’appliquent ».
« Les femmes sont depuis longtemps à l'avant-garde des mouvements de défense des droits civils et politiques dans le monde entier. Leur pleine participation à la politique, au niveau national ou local, est fondamentale pour la démocratie. Lorsque les femmes parviennent à l'égalité dans l'arène politique, la prise de décision est plus solide et la gouvernance plus représentative. »
Enfin, la Première ministre a évoqué la décision prise par le Comité des ministres, qui appelle les dirigeants des 46 États membres à « s'unir autour de nos valeurs » lors d'un sommet qui aura lieu l'année prochaine et sera le quatrième sommet seulement de l'histoire de l'organisation.